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3,68

sur 74 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Helen ne se souvient pas vraiment de cet ancien étudiant qui lui demande de l'aide. En faisant des travaux dans une vieille maison de famille, il a trouvé des documents anciens en hébreu. Avec l'aide d'Aaron qui ressemble à son amour de jeunesse, ce qui l'énerve, elle accepte d'étudier ces documents.

L'enquête commence pour Helen et Aaron. Ils ont des vies personnelles compliquées, des rapports distants qui s'expliquent par la différence d'âge, Helen est une femme vieillissante proche de la retraite, Aaron un jeune homme qui n'arrive pas à écrire son mémoire et qui vit une relation épistolaire depuis que son amie est partie.

En 1660, la vie d'Ester est bien plus passionnante. Elle écrit pour le rabbin aveugle et elle a obtenu ce statut parce que son frère a refusé de le faire, puis il est mort dans une rixe. Il ne supportait plus la culpabilité de la mort de ses parents. Ces derniers ont élevé leurs enfants en prônant une certaine tolérance vis à vis de la religion, surtout leur mère, et en permettant à leur fille d'étudier. Et puis il y a eu cet incendie et ce départ pour Londres pour fuir l'inquisition.

Le récit alterne les époques et la vie de ces deux femmes qui sont bien plus proches qu'on peut le penser. L'histoire est passionnante mais il faut rester concentré. Il y a beaucoup de descriptions qui ont leur importance.

Je ne suis pas une spécialiste en histoire mais j'ai apprécié ce roman dense et surtout le destin d'Ester. Cette jeune femme était exceptionnelle.

La place des femmes dans notre société quelque soit l'époque sera toujours une source d'inspiration pour les écrivains et j'adore ça.


Merci à Masse critique de Babelio et les Éditions Cherche-Midi pour cette belle découverte.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Année 2000. À Londres, Helen Watt et Aaron Levy ont l'opportunité de travailler ensemble sur des textes du XVII eme siècle trouvés dans une maison dun de ces anciens élèves à Richmond. le travail sur ces textes n'est pas évident avec leurs caractères opposés. Année 1665, toujours à Londres, Ester Velazquez est devenue le scribe du rabbin aveugle, HaCoen Mendes, elle est amenée à s'interroger sur la vie, la religion, l'amour.

De sang et d'encre est un gran roman foisonnant. Presque quatre siècles d'écart, mais une résonance entre les deux époques. Après l'étude des textes par Helen et Aaron, leurs découvertes par leur lecteur d'un peuple juif persécuté, on suit le XVII eme siècle avec Ester et sa condition de femme qui n'était pas considéré comment un être pensant à l'époque. le début n'a pas été évident pour moi, pénétrer ce milieu universitaire spécifique était difficile mais petit à petit, je me suis imprégnée de l'histoire juive, de l'époque et j'ai apprécié ces deux histoires se répondant. le style de l'auteur est parfois trop descriptif mais il permet de s'immerger dans la culture de l'époque. Jai aimé aussi l'humour qu'elle met dans les personnages d'Aaron et surtout des deux Patricia. Je ne connaissais pas l'Inquisition espagnole du peuple juif mais j'ai surtout appris sur la condition des femmes (juives) à l'époque. Elles n'étaient que peu de chose et Ester détonne de ses semblables avec son envie de savoir et connaître ces choses sur Dieu, sur la vie, ces choses qui sont condamnées. On côtoie Spinoza, Shakespeare et d'autres philosophes de l'époque. J'ai beaucoup apprécié de me plonger dans cette époque. Petite remarque : le titre anglais, The weight oh ink, est plus judicieux car il met en avant la façon d'écrire de l'époque mais aussi l'importance de la découverte de ces feuilles trouvées dans une cachette.
(Pourquoi le résumé de quatrième de couverture dit « 2017, Londres » j'ai loupé quelque chose ? Ce n'est pas en 2000/2001 ?)
Un grand merci à Babelio et aux éditions Cherche-Midi pour cette très belle lecture.
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Qu'il est bon de s'enfermer deux jours entiers, ne voir personne et lire ... lire .... Pas n'importe quel livre bien sur, il faut vraiment une perle pour tenir en solitude !

De sang et d'encre de Rachle Kadish signé aux éditions le cherche midi.

Époustouflant !

En l'an 2000 à Londres l'historienne et chercheuse Helen Watt vient d'être invitée par un de ses anciens étudiants à venir voir la maison construite au XVIIè siècle, que sa femme vient d'hériter d'une tante âgée, des papiers datés de plus de trois siècles rédigés sensiblement en hébreu, sont entassés sous un escalier.

En parallèle, nous découvrons l'auteure de ces écrits, une jeune femme juive exceptionnelle ! Ester, une femme douée d'une intelligence percutante. C'est son maître, avec lequel elle est arrivée d'Amsterdam à Londres en 1657, pour qui elle est devenue le scribe, le rabbin Mosch HaCoen Mendes qui lui a ouvert les portes de la connaissance. Il lui confie un jour que dans sa vie il aura eu deux brillants élèves, les deux meilleurs : Ester qui selon lui, " est une femme qui ne pourra jamais exploiter les talents que sont les siens " et de Spinoza, " une intelligence aiguë et vibrante gâchée sur un apostolat que je n'ai pu sortir de ses erreurs ", " des dons les plus précieux tomber en poussière."

Un roman à vous couper le souffle, un roman historique sous toile de fond le XVIIè siècle, richement documenté.....

#Desangetdencre #NetGalleyFrance
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Helen Watt, spécialiste en études juives, est appelée à analyser d'un point de vue historique une série de documents anciens découverts dans un réduit sous un escalier d'une maison londonienne plusieurs fois centenaire. Assistée d'un doctorant juif américain, Aaron Levy, qu'on lui a recommandé et avec qui elle ne s'entend guère, Helen comprend sur-le-champ l'importance de cette découverte pour sa carrière dont elle devine la fin prochaine. À travers le décryptage des manuscrits conduit par les deux universitaires, on suit en parallèle l'histoire du rabbin Mohse HaCohn Mendes, juif séfarade parti d'Amsterdam en 1657 pour gagner Londres en vue d'y éduquer la communauté juive, ainsi que d'Ester Velasquez, une orpheline qu'il a accueillie chez lui avec son frère Isaac. le vieil homme est aveugle depuis des tortures subies sous l'Inquisition espagnole, l'obligeant ainsi à avoir recours aux services d'un scribe, ce que feront Isaac et bientôt sa soeur, défiant les lois judaïques interdisant aux femmes toute activité intellectuelle. « (…) niant son sexe de sa plume et de son encre (…) », Ester ira encore plus loin que la simple transcription des phrases et des idées du rabbin, se heurtant alors à la moralité rigide de sa religion et de son époque.
Rachel Kadish a accompli un travail de recherche impeccable dans ce roman conjuguant histoire et philosophie, sur fond d'épidémie de peste, de Shoah et de kibboutz en Israël.
Le style littéraire adapté au XVIIe siècle est aussi parfaitement réussi, même dans la traduction, ce qui ne m'a pas empêché d'éprouver certaines difficultés de compréhension à la lecture. « Même en latin, elle n'a aucune patience pour les phrases qui s'étirent comme un long cou prêt à se démancher et qui nécessitent un examen approfondi pour savoir où se niche l'écoeurante ambition, et où l'insulte cachée. » L'effort en valait la peine et c'est avec regret, quoique mêlé de soulagement, il faut bien le dire, que je quitte Ester et sa soif de connaissance. Un féminisme avant l'heure dans un siècle teinté d'obscurantisme, une fenêtre ouverte dans un très lointain passé, un hommage senti à la grande Histoire.

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Voilà un grand roman historique. Sa densité et son érudition m'ont dans un premier temps fait un peu peur avant de me tenir en haleine.
Il y a tant de thèmes abordés dans ce livre-puzzle que mes mots ne vous donneront qu'un vague aperçu de ce qui s'y cache.
On y parle de théologie et de philosophie, et pourtant, on est bien face à un page-turner.

Le roman se structure autour de deux récits alternés.
Londres, fin du XVIIe siècle : Ester Velasquez jeune juive séfarade née au Portugal a fui l'inquisition avec sa famille pour vivre à Amsterdam. A la mort de ses parents elle arrive en Angleterre avec son frère Isaac sous la protection du vénérable rabbin HaCoen Mendes.
Londres, 2000-2001, Helen Watt est une éminente historienne, professeur d'université, spécialisée dans l'histoire juive. Proche de la retraite, malade, Helen a sa carrière derrière elle.
Ces deux femmes vont se retrouver liées quand Helen est appelée pour expertiser des documents découverts lors de la rénovation d'une maison.
Commence alors une grande enquête, haletante et érudite qui mènera à des découvertes surprenantes.

Si vous vous embarquez dans cette histoire, vous allez comme moi être poussé à chercher à en savoir plus sur les textes et les penseurs juifs, sur l'épidémie de peste qui frappa Londres, sur la communauté juive dans l'Angleterre du XVIIeme, etc… jusqu'à l'étourdissement.
« de sang et d'encre » est une fiction électrisante et ambitieuse, d'une portée radicale et d'un ton intime, qui réunit deux femmes séparées par des siècles, mais confrontées toutes deux à des choix et des sacrifices pour réconcilier la vie du coeur et de l'esprit.
Fortement conseillé aux adeptes du genre (et aux autres aussi).

Traduit par Claude et Jean Demanuelli

Rachel Kadish a remporté pour ce roman le National Jewish Book Award
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J'ai aimé Helen, sexagénaire à quelques mois de la retraite, malade mais prête à tout pour percer à jour le secret des documents trouvés. J'ai aimé son histoire d'amour avec Dror, le militaire israélien rencontré lors d'un séjour de travail en Israël.

Aaron Levy, son jeune apprenti, m'a fait sourire, qui met un peu d'humour dans ses pages, lui qui ne comprend pas les anglais.

J'ai aimé les deux Patricia, l'une archiviste que l'on voit peu, l'autre bibliothécaire que Aaron tente de faire rire, sans succès.

D'Ester Velasquez, j'ai aimé son côté jeune fille qui ne s'en laisse pas compter. Mais je n'ai pas été d'accord avec elle quand elle se joue du vieux rabbin pour poursuivre sa propre correspondance.

J'ai aimé le vieux rabbin aveugle qui n'a eu que des élèves médiocres, mis à part de Spinoza et Ester qui malheureusement se sont éloignés de D-ieu.

J'ai aimé Rivka, la vielle intendante qui accepte le travail supplémentaire sans un mot.

Le roman nous parle également de la peste à Londres, du confinement des pestiférés pendant 40 jours avec soldat devant la porte.

Un roman un brin philosophique qui nous parle de la puissance du désir et de l'instinct de vie.

Un roman passionnant que je n'ai pas pu lâcher, même si certaines situations m'ont paru improbables car beaucoup trop modernes.

L'image que je retiendrai :

Celle d'Ester lisant la nuit et gaspillant les précieuses chandelles.
Lien : https://alexmotamots.fr/de-s..
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Sur les recommandations de @eva_tuvastabimerlesyeux , @b.a.books et moi nous sommes lancées à l'assaut de ce beau bébé de quasiment 600 pages, et nous avons frôlé le coup de coeur. Frôlé, car quelques longueurs et tirades philosophiques ont pu parfois nous perdre. Mais alors qu'est-ce que j'ai aimé ce roman ! Dans une alternance passé-présent, nous découvrons un pan de l'histoire des juifs séfarades qui ont fui le Portugal et l'Inquisition, pour gagner Amsterdam puis Londres. Spinoza, le mouvement sabbatéen, Manassé Ben Israël… Les références sont riches et foisonnantes sans que cela ne soit trop (sauf pour le côté philo, mais c'est parce que ce n'est pas trop mon dada ^^). J'ai découvert énormément de faits, et j'ai été complètement plongée dans ce Londres de 1660, où le fantôme de Shakespeare est encore présent, et où la Grande Peste décimera près de 20 % de la population. Avec un tel titre, ne vous attendez pas à un polar ou une intrigue à vive allure. Il y a certes, des rebondissement et coups de théâtre, mais c'est un récit qui prend son temps. Les thèmes sont nombreux, et plus loin que le côté historique de la communauté juive, c'est la place de la femme dans cette communauté et cette époque. A la fin de l'ouvrage, Rachel Kadish explique que c'est suite à une question de Virginia Woolf dans Une chambre à soi que lui est venu l'idée du roman « Si William Shakespeare avait eu une soeur aussi douée que lui, quel aurait été son sort ? ». le personnage d'Ester Velasquez est né. Pour une fois dans un roman historique à double époque, j'ai autant aimé le présent que le passé. J'ai eu beaucoup d'empathie pour le personnage d'Helen. Quant à Esther, comment ne pas l'aimer. Sa soif de connaissance, son érudition, sa modernité, et sa résilience. Mais les personnages secondaires sont eux aussi très touchants et réalistes, je pense au rabbin bien évidemment mais également à Rivka, que je vous laisserai découvrir…

Londres.2000. Helen Watt, une professeure d'histoire bientôt à la retraite, et Aaron Levy, un doctorant qui peine à avancer sur ses travaux, sont envoyés par leur université pour expertiser des documents retrouvés dans une demeure du XVIIe. Latin, hébreu, portugais, en les traduisant, les deux historiens se rendent rapidement compte qu'ils détiennent entre leurs mains un véritable trésor historique.

Londres.1657. Après la mort de leurs parents, Ester et son frère Isaac sont recueilli par le rabbin Moshe HaCoen Mendes. Ce dernier étant aveugle, il est aidé par Isaac pour rédiger ses correspondances. Mais depuis son départ, c'est Ester qui fait office de scribe. Une place impensable pour une femme de l'époque, qui ne doit pas être instruite, mais devrait plutôt s'atteler à devenir une épouse modèle.

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Ce roman !
Exactement ce que j'avais envie de lire ces derniers temps !
Des personnages puissants, qui vous marquent, une intrigue à plusieurs dimensions, des histoires individuelles qui se répondent, il a tout pour me plaire.
C'est un roman que j'ai pris le temps de savourer, étalant sa lecture sur plusieurs jours, revenant en arrière et relisant certains passages pour être certaine de n'avoir raté aucune phrase.

Ester Velasquez vit à Londres au 17ème siècle. Orpheline, elle a été recueillie par un rabbin ayant fui l'Inquisition. Un concours de circonstances fera d'elle sa scribe, à une époque où les femmes ont peu ou pas accès à l'instruction.
Des siècles plus tard, c'est sa voix qui parvient à Helen Watt, professeur d'université, et Aaron Levy, l'étudiant qui l'assiste, alors qu'ils mettent au jour des documents anciens découverts dans une ancienne demeure en banlieue de Londres.

La construction du roman est habile, alternant récits du 17ème siècle et récits contemporains, lettres écrites par Ester et lettres découvertes par les universitaires.
La voix d'Ester résonne et pousse Helen et Aaron à remettre leurs propres choix de vie en perspective.

L'ombre de Shakespeare et Spinoza plane sur ce pavé de 572 pages, qui demande parfois un peu de concentration, lors des passages à teneur philosophique, mais rien d'insurmontable non plus.
C'est un roman qui se mérite et se savoure.
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Sacré roman que cet ouvrage de près de 600 pages, grand format. Aussi épais que dense. le synopsis est alléchant, qui ne serait pas séduit par la découverte de lettres du XVIIe siècle destinées à un rabbin exilé aux Pays-Bas, dissimulées dans les contremarches d'une vieille maison, avec, en parallèle, une course effrénée à la publication universitaire de professeurs aussi ambitieux qu'imbus d'eux-mêmes.

Deux fils narratifs s'entremêlent: le premier repose sur la temporalité de ce début du XXIe siècle relatif à la découverte des fameux manuscrits, l'autre nous ramenant quatre siècles en arrière, lors des circonstances qui entourent la rédaction de ces documents si précieux. Histoire et Théologie font ainsi partie de ce roman, vous vous en doutez. Pour autant, il n'y a rien de trop érudit,c 'est un roman vraiment accessible, à tous les niveaux. Non seulement accessible, mais aussi passionnant qu'instructif: au fil des pages, il est devenu un joli coup de coeur!

Évidemment, et comme souvent lorsque la religion est l'un des piliers principaux de la narration, on y retrouve un ou plusieurs éléments subversifs. Il y en a deux principaux, ici: le mystérieux auteur, scripte des précieux manuscrits, Aleph, qui contre toute attente, et surtout contre tous les principes religieux, se révèle être une jeune femme, Ester Velasquez. de même, le célèbre philosophe Spinoza qui, apparaît peu à peu comme un élément principal du récit, a été excommunié par sa communauté juive aux Pays-Bas pour athéisme.

Parle-t-on si souvent, lorsqu'on évoque l'inquisition qui a exterminé cathares, vaudais, béguines, templiers, protestants, musulmans et donc juifs, de ces communautés juives, qui ont été massacrées, et poussées à l'exil dans des contrées ou l'Église catholique n'avait que peu d'influence. Pas vraiment. Et c'est sur ce sujet épineux que s'appuie Rachel Kadish, qui nous reconstitue fidèlement un contexte historique et religieux littéralement passionnant de façon très didactique, en ne tombant pas dans le piège de l'excès de détails. Et c'est avec passion que l'on suit les traces de ces communautés juives espagnoles et portugaises, les séfarades, qui trouvent refuge aux Pays-Bas et dont une poignée d'entre eux sont partis à Londres répandre la parole de la Torah

Et surtout, la lumineuse et brillante Ester Velasquez, la jeune fille orpheline au service du rabbin aveugle de la communauté, une jeune fille éduquée, à la destinée chaotique, éclaire les recherches d'Aaron et d'Helen, et cette lecture. C'est le personnage du roman, celle qui aspire à autre chose qu'un mariage et des enfants à élever. Celle qui ose aspirer à autre chose, vivre pour et par ses idées, nées de l'éducation qu'elle a eu le privilège de recevoir. C'est celle qui représente la subversion ultime, par définition, au sein d'une communauté, certes torturée et anéantie, mais qui reste encore fortement cadrée par le carcan de leurs traditions religieuses, domestiques, éminemment paternaliste. Une féministe avant l'heure, dissidente, résistante, qui se sert de l'écriture, la copie, pour s'émanciper. En tant que lectrice, femme, bloggeuse du XXIe siècle, catholique par héritage, j'ai été fascinée par cette femme, du début à la fin, non pas tant par notre attachement commun aux livres, mais par le courage qui est le sien de vivre dans une époque qui n'est pas la sienne.

Mais je m'emporte et ne vous parle que d'une partie du roman, à mon sens, la meilleure. Les chapitres alternent d'une époque à l'autre, laissant au lecteur vivre la découverte et la transcription des manuscrits de concert avec Helen et Aaron, notre improbable duo, qui vire parfois au comique de répétition, à la Laurel et Hardy, tellement ils appariassent dissemblables.

Beaucoup de pistes de réflexions sont abordées ici, qui m'ont interpellées, notamment sur la légitimité, ou non, des personnes non-juives, ou goy si je ne fais pas erreur, à traiter des matériaux précieux liés au judaïsme, et donc à s'en approprier le travail, la découverte et tout ce qui va autour, le mérite, la renommée, la satisfaction, la considération par ses pairs universitaires, et surtout, d'avoir son nom de fait lié aux documents. Rachel Kadish ne tranche pas dans le vif, même si on peut comprendre le point de vue d'Aaron, et celui de ceux en général qui partagent le même point de vue, qui ressentent un fort sentiment d'injustice d'être à nouveau dépossédés de leur culture. Elle opte pour un compromis entre un Aaron Levy avec qui elle partage la même religion (et tout comme elle, il est américain), et Helen, femme qui doit encore plus que les hommes faire ses preuves pour être reconnue.

réflexion sur l'érudition et le savoir, en rapport ou non avec la religion, judaïsme ou chrétienté. L'importance du savoir qui s'identifie avec la liberté individuelle. Sans oublier, évidemment, la présence du philosophe des modernes rationalistes, Baruch Spinoza, qui a élaboré le concept de Deus sine Natura, l'identification de Dieu à la nature, malgré l'herem dont il sera frappé, et qui le mettra au ban de sa communauté. C'est peut-être dans les passages teintés de philosophie spinozienne que mon attention a pu parfois faiblir.

Les éditeurs ont eu l'excellente idée de retranscrire une interview de l'auteure en fin de livre et je trouve que c'est une formidable idée, qui devrait être mise en application à chaque fois. Qui de mieux pour parler du livre que son propre concepteur? Grâce à l'interview, nous prenons conscience du cheminement de l'auteure, de la somme de travail, en particulier de recherches documentaires, qu'elle a dû abattre. C'est une ressource infiniment précieuse, et j'en félicite la maison d'édition. J'ai bien envie de découvrir d'autres romans dans la même veine car l'histoire du judaïsme est un sujet, décidément, que j'apprécie et que j'aimerais creuser davantage. Je remercie encore les éditions Cherche-Midi ainsi que Léa du PicaboBookRiverClub de m'avoir permis de découvrir ce beau roman et Ester Velasquez.







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Une fois n'est pas coutume, je suis en retard pour écrire mes impressions sur ce livre reçu lors de la dernière masse critique ... En retard parce que j'avoue avoir eu du mal à rentrer dans ce roman foisonnant et à l'écriture très serrée alors que cela ne me dérange pas habituellement. Je l'ai donc reposé au bénéfice d'autres livres, avant d'y revenir après avoir lu des critiques enthousiastes et l'envie de ne pas m'avouer vaincue parce que le sujet m'intéressait. Grand bien m'en a pris parce qu'arrivée à la page 182, je n'ai plus eu envie de le lâcher! le miracle de la lecture, celle qui vous happe et vous fait oublier tout se qui se passe autour!
Alors certes, il y a quelques longueurs qui font parfois perdre un peu le fil. le sujet est exigeant, ralentissant parfois le rythme pour tout comprendre et ne rater aucun détail. Mais quelle érudition et quelle richesse d'écriture! Ce livre est une plongée dans la communauté juive du XVIIème au coeur de l'Inquisition, entre Amsterdam, Londres et le Portugal qui interroge sur la condition des femmes. Mais c'est aussi une passionnante réflexion sur la pratique de la religion et les courants philosophiques qui s'affrontent.
J'ai toutefois préféré la partie historique, celle du Londres de 1660 et la vie passionnante d'Ester, incroyable personnage féminin!
L'auteure s'est attachée à adapter le langage à chaque changement d'époque et ses descriptions du XVIIème siècle nous immergent totalement dans le décor et l'ambiance d'alors. Ce livre se lit comme un thriller qui vous distille ses indices et ses secrets au compte gouttes jusqu'à la fin. En revanche, je ne comprends pas que le titre en français ne soit pas la traduction littérale du titre original "the Weight of Ink" ("Le poids de l'encre") qui est bien plus adéquat que celui retenu...
Un immense merci à Babelio et aux éditions @Cherchemidi pour cette lecture enrichissante et passionnante!

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