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Citations sur Journal (158)

Dimanche 16 octobre 1921 - Le malheur d'un perpétuel commencement, le manque d'illusions sur le fait que tout n'est jamais que commencement et pas même commencement, la folie des autres qui ne savent pas cela et jouent au football, par exemple, pour enfin aller de "l'avant", votre propre folie enfouie en vous comme dans un cercueil, la folie des autres qui voient là un cercueil réel, c'est-à-dire un cercueil qu'on peut transporter, ouvrir, échanger contre un autre.

189 - [Le Livre de poche/biblio n° 3010, p. 517]
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29 septembre 1911 : Journal de Goethe. Une personne qui ne tient pas de journal est dans une position fausse à l'égard du journal d'un autre. S'il lit, dans le Journal de Goethe par exemple : « 11.1.1797. - Passé toute la journée chez moi à prendre diverses dispositions », il lui semble qu'il ne lui est encore jamais arrivé de faire aussi peu de choses dans une journée.

Réflexions de Goethe sur ses voyages, différents des nôtres parce qu'elles peuvent se développer plus simplement selon les lentes modifications du terrain et être plus aisément poursuivies, même par quelqu'un qui ne connaît pas la contrée. Cela donne naissance à un mode de pensée serein, positivement panoramique. De plus, comme le pays s'offre à l'occupant de la voiture avec son caractère primitif intact et qu'il est coupé de façon beaucoup plus naturelle par les routes que par les chemins de fer - qui sont entre eux dans un rapport analogue à celui des fleuves et des canaux, - il ne fait pas violence au spectateur qui peut, sans grand peine, voir les choses systématiquement. C'est pourquoi il y a peu d'observations instantanées dans ces notes, elles sont généralement limitées aux intérieurs où, aussitôt, des personnages déterminés entrent dans une effervescence infinie sous nos yeux, ce qui est le cas des officiers autrichiens à Heidelberg, par exemple ; en revanche, le passage qui décrit l'homme de Wiesenheim est plus proche du paysage : « Ils portent des habits bleus et des gilets blancs ornés de fleurs ouvrées » (cité de mémoire). Beaucoup de notes sur les chutes du Rhin à Schaffhouse, au beau milieu, en lettres plus grandes, « idées éveillées ».

94 – [Le Livre de poche/biblio n° 3001, p. 57]
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5 février 1912 : Hier, à l'usine. Les jeunes filles dans leurs vêtements défaits et sales d'une saleté en soit insupportable, avec leurs cheveux emmêlés comme si elles venaient de se réveiller, leur expression figée sur le visage par le bruit incessant des transmissions et celui, isolé, des machines qui marchent certes automatiquement, mais s'arrêtent quand on ne le prévoit pas, ces jeunes filles ne sont pas des êtres humains ; on ne les salue pas, on ne s'excuse pas quand on les bouscule, si on leur donne un petit travail à faire, elles l'exécutent, mais se hâtent de revenir à leur machine, on leur montre d'un signe de tête l'endroit où elles doivent engrener, elles sont là, en jupon, livrées à la plus dérisoire des puissances, et n'ont même pas assez de sens rassis pour reconnaître cette puissance et se la concilier par des regards et des courbettes. Mais qu'il soit six heures, qu'elles se le crient, qu'elles ôtent le mouchoir qui couvre leur cou et leur cheveux, qu'elles se débarrassent de la poussière avec une brosse qui fait le tour de la salle et est réclamée par les impatientes, qu'elles arrivent tant bien que mal à se nettoyer les mains, – et ce sont tout de même des femmes, elles peuvent rire en dépit de leur pâleur et de leurs mauvaises dents, elles secouent leur corps engourdi, on ne peut plus les bousculer, les dévisager ou ne plus les voir, on se presse contre les caisses graisseuses pour leur laisser le chemin libre, on garde le chapeau à la main quand elles vous disent bonsoir et si l'une d'elle vous aide à mettre votre pardessus, on ne sait pas comment il faut prendre son geste.

80 – [Le Livre de poche/biblio n° 3001, p. 219
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J'ai passé ma vie à me défendre de l'envie d'y mettre fin.
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Rien qu'un mot. Rien qu'une prière. Rien qu'un mouvement de l'air. Rien qu'une preuve que tu vis encore et attends. Non pas une prière, rien qu'un souffle, pas un souffle, rien que de la bonne volonté, pas de bonne volonté, rien qu'une pensée, pas une pensée, rien qu'un sommeil paisible.
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3 octobre 1911

Même nuit, sauf que j'ai encore eu plus de peine à m'endormir. Au moment de m'endormir, une douleur me traverse verticalement la tête en passant par la racine du nez, comme si elle venait d'un pli de mon front comprimé avec trop de violence. Afin d'être aussi lourd que possible, ce que je tiens pour favorable au sommeil, j'avais croisé les bras et posé les mains sur mes épaules, de sorte que j'étais étendu comme un soldat tout équipé. C'est encore la puissance de mes rêves qui m'a empêché de dormir, car ils brillent déjà dans l'état de veille qui précède le sommeil. Le soir et le matin, ma conscience de mes facultés de créatrices est immense. Je me sens labouré jusqu'au tréfonds de mon être et je puis tirer de moi ce que je veux. Cette manière d'arriver au-dehors des forces qu'on laisse ensuite improductives me rappelle mes relations avec B. Il y a, là aussi, des effusions qui ne sont pas libérées, mais contraintes de s'anéantir elles-mêmes dans le choc du recul, à cette différence près qu'il s'agit ici de forces plus mystérieuses et de mon but ultime.
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Le 2 août 1914 : “L’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi : piscine.”
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