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Parcours de huit mille kilomètres à travers vingt États. Voici le succulent périple de l'auteur dont le titre est dédié à une chanson de Bob Dylan. 1987 : Peter, un Kerouac des temps modernes, fuit New York après avoir claqué le fric qu'il doit à son dealer. N'est-il pas temps, pour lui, de quitter le vent idiot qui le poursuit ? C'est sous une tempête de neige qu'il commence sa route en bus, continue en faisant beaucoup de stop puis apprendra à sauter dans les trains en marche. Des rencontres disparates aux personnages attachants qui vont l'aider ou le ramener sur son passé. Débrouille, tuyaux pour manger ou dormir ou obtenir trois sous, solidarité entre marginaux. L'amour de la littérature y sera toujours présente depuis ses études universitaires. Il lit et prend des notes.
Merci à Masse critique et à l'éditeur Delcourt pour cette belle biographie qui montre que dans la vie rien n'est jamais perdu et que, parfois, il faut descendre au fond du trou pour prendre l'élan afin de mieux rebondir. Sincère et plein d'espoir.
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À New-York, tout roulait bien pour Peter jusqu'à ce qu'il mette le nez dans l'alcool puis la blanche, au point d'en devenir dealer. Une fuite en avant destructrice qui n'aura de fin qu'en touchant le fond, le jour où il la fait à l'envers à Bobby la Batte, son grossiste. Peter n'a plus qu'une seule issue : la fuite, loin de ce « vent idiot », celui qui le pousse à foncer inéluctablement dans les murs qu'il voit pourtant arriver et à renouveler les mêmes erreurs sans jamais en apprendre.

Un saut dans un Greyhound, et il s'échappe de nuit du blizzard de Manhattan en direction de Frisco via la Virginie, la Floride, la Louisiane, le Nevada, l'Oregon… Un road-trip le plus souvent en stop, entrecoupé de portions clandestines en wagons de marchandises, qui le conduira sur plus de 8000 km à traverser 20 états. Pas vraiment le chemin le plus court pour traverser les USA mais certainement celui nécessaire pour se reconstruire, en marchant dans les pas de Kerouac avec les vêtements et les souffrances de tous les SDF d'Amérique, accompagné des écrits d'Orwell, d'Exley, de Bukowsky et de tant d'autres.

« Prendre un nouveau départ sur la côte Ouest me sauverait peut-être la vie, mais je savais pertinemment que cela n'allègerait jamais le poids de la culpabilité pesant sur ma conscience ». Bien plus que les États traversés, ce sont les rencontres de Peter qui vont l'aider à digérer ses regrets : Charlène la serveuse de Richmond, Randall le figurant « mort » des reconstitutions sécessionnistes, mais aussi Kalvin, Sean, Arne et enfin John Detoutefaçon, précieux poisson-pilote de Portland… Autant de portraits de compagnons de fortune ou de galères, autant d'illustrations d'une société US toujours sur la route.

Démarrant comme un roman au rythme soutenu, Idiot Wind de Peter Kaldheim – traduit par Séverine Weiss – évolue rapidement vers le road-trip autobiographique qu'il est, revenant au fil des étapes sur les occasions manquées par Peter durant son passé flamboyant, porté par ce vent idiot dont il n'a jamais su s'abriter. Si j'ai pu regretter par moments une force inégale dans le style de Kaldheim générant un déficit d'empathie pour son témoignage, je me suis finalement laissé à mon tour porté par ce voyage dans le vent, humain, dépaysant et souvent tristement mélodieux.
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Un livre dont le titre est une (excellente) chanson de Bob Dylan accrochera forcément les fans du vieux barde prix Nobel de littérature... Largement autobiographique, le roman de Peter Kaldheim nous narre sa traversée sans le sou et au petit bonheur la chance des Etats-Unis. 8 000 km et vingt États sont ainsi parcourus par le narrateur, qui a pris la tangente et quitté New York pour rejoindre la côte ouest dans une forme de remake assumé et un peu bringuebalant du chef d'oeuvre de Kerouac, Sur la route. Notre anti-héros pourtant diplômé d'une prestigieuse université a peu à peu sombré, perdu son boulot, son domicile, sa copine, dans cet ordre ou dans un autre, pour finir dealer de coke New-yorkais complètement accro à sa propre marchandise. En pleine tempête de l'hiver 1987, Peter n'a d'autre choix que de prendre la route après avoir dilapidé les recettes du stock de cocaïne acheté à crédit auprès d'un vrai dur, une forme d'acte manqué qui le conduit à une rupture aussi radicale que salvatrice.

Débute alors une longue errance en stop et parfois en train de marchandise, transport très prisé par Kerouac et ses compagnons dans les années cinquante ; Peter va à la fois toucher le fond de la misère et trouver une forme de rédemption, à l'instar des clochards célestes dont il suit la trace avec trois décennies de retard. le narrateur découvre les bas fonds de l'Amérique, une vie d'errance aux lendemains incertains, où la survie dépend des repas, habits et couchages offerts par diverses associations d'assistance aux plus démunis. Errant dans un univers de va-nus pieds aussi paumés qu'attachants, il lutte contre les intempéries, la faim, les ampoules aux pieds, les flics en maraude, la perte de ses papiers d'identité, le manque de tout sans jamais se départir d'une étonnante confiance dans son avenir, dans cette idée qu'il existe une lumière au fond du tunnel. C'est cette route chaotique qu'Idiot Wind nous invite à suivre, une route souvent aussi traître que le vent idiot qui souffle dans la chanson, une route peuplée des anges vagabonds qui hantent les ballades hallucinées de l'icône des sixties, de tous ceux qui ont lâché la rampe et continuent à survire, à sourire aussi... Cette route qui traverse les États Unis d'Est en Ouest est évidemment celle de Jack Kerouac dont l'ombre tutélaire plane comme un aigle des rocheuses sur les déambulations chaotiques de Peter.

Idiot Wind est un livre un peu bancal, s'y mêlent des longueurs, une impression de déjà-vu, des instants lumineux, des moments de poésie pure. La pauvreté extrême de Peter et de ses compagnons d'infortune dynamite l'hypocrisie de nos conventions sociales et révèle une humanité que l'on croyait disparue. Au delà de l'hommage rendu à ses héros voyageurs qu'ils soient écrivains beat ou poètes folk, le véritable fil rouge du roman est l'incroyable résilience du héros, sa capacité à ne jamais céder au découragement, à toujours faire face avec une dignité et un humour improbables aux innombrables embûches semées sur son chemin. Cette absence absolue de pathos fait l'originalité du livre et est au fond la plus belle manière de rendre hommage aux laissés pour compte d'une certaine Amérique.
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C'est l'histoire d'une rédemption. le récit d'une renaissance, sur la route. Sous le patronage de Kerouac et de quelques autres, dans la grande tradition américaine. On dit souvent qu'il faut toucher le fond avant de pouvoir donner un petit coup de talon pour commencer à remonter. Peter Kaldheim l'a touché, et ceci est son histoire, racontée trente ans après avoir eu le dernier éclair de lucidité qui l'a empêché de s'écraser totalement au sol. Une histoire faite de rencontres et de livres qui viennent nourrir le nécessaire et salutaire face à face avec lui-même. Une histoire de kilomètres et d'humilité.

Idiot wind, référence à la chanson de Dylan, c'est ainsi que Peter Kaldheim nomme cette force qui le pousse à tout foutre en l'air pendant une bonne dizaine d'années, alors que tout lui sourit. Jeune diplômé de Darmouth, l'une des meilleures universités des États-Unis, il décroche un premier job dans une maison d'édition, épouse sa petite amie du lycée, s'installe à New York avec elle et s'attelle à l'écriture. Des soirées, d'abord l'alcool mondain puis les nuits dans les bars, toujours plus d'alcool puis la drogue, la pente devient extrêmement glissante, jusqu'à la chute. Pourtant un soir d'hiver de la fin des années 80, alors qu'une tempête de neige s'abat sur la ville et compromet la circulation, il saute dans le dernier bus qui quitte New-York lesté de quelques dettes auprès d'un dealer pas vraiment réputé pour sa tendresse et surnommé Bobby la batte. A peine quelques dollars en poche, de quoi payer le bus jusqu'à Richmond et la vague promesse d'un boulot du côté de San Francisco. le reste du voyage se fera en stop, au gré des rencontres, autant dire que le trajet vers la côte ouest n'a rien d'une ligne droite. Ce que va découvrir Peter lors de ce long périple c'est l'Amérique de ceux qui n'ont rien, leur générosité, les ressources des organisations caritatives (il y a les bons plans et les moins bons, il faut les connaitre...), la solidarité entre ceux qui font la route. Ses refuges seront les bibliothèques des villes qu'il traverse, dans lesquelles il renoue avec ses plaisirs d'enfance et d'adolescence à passer des après-midis entiers parmi les livres. On n'est jamais totalement nu tant qu'on a des livres.

Je n'ai jamais lu Sur la route de Kerouac mais j'en ai suffisamment entendu parler pour comprendre les références présentes dans le récit de Peter Kaldheim. J'ai beaucoup aimé le vent de liberté qui souffle dans ces pages, comme si le dépouillement total permettait enfin de se trouver. Attention, pas d'angélisme, la souffrance est présente autant physique que morale. Mais pas de misérabilisme non plus, aucun apitoiement. Une aventure à hauteur d'hommes, qui raconte une certaine réalité, loin du rêve américain. Une leçon d'humilité de la part d'un homme qui ne se cherche aucune excuse et finit par retrouver un équilibre propice à sa reconstruction, au milieu de la nature. D'où jaillira ce récit. Qui touche et fait écho alors même que le lecteur peut se croire éloigné d'une telle situation. Qui captive par sa justesse et sa richesse.
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Il est des livres qui vous marquent ! Idiot wind - qui est une autobiographie - fait pour moi partie des livres émouvants. J'ai été touchée par le destin de cet homme qui avait tout pour réussir : excellentes études, sens pour l'écriture et les mots, amour, job dans l'édition, etc. Mais bousillé par la cocaïne et l'alcool (au point de finir en prison pour détention de drogue), il se sabote lui-même jusqu'à devenir un "pauvre mec" ;-( Un soir de janvier 1987, il quitte NY pour échapper à la vengeance de son dealer et part sur les routes froides et humides des US. Devenu clodo, Il voyagera sans ressources durant des mois en stop, à pied, en greyhound et par train de marchandise jusqu'à son nouveau destin, à Yellowstone où il se construira une autre vie. le livre est émouvant d'abord par le personnage, Peter Kaldheim qui ne s'attendrit jamais sur lui-même, qui a une faculté de parler avec tous ces clodos, les écouter et apprendre d'eux comme survivre dans la rue - avec un total respect et même une forme d'amour pour eux. le milieu des SDF qu'il décrit est étonnamment solidaire, ces hommes se soutiennent les uns, les autres, apprennent au nouvel arrivant comment utiliser au mieux les ressources à disposition pour les sans domicile : foyers, soupes populaires, se faire quelques sous auprès des suceurs de sang, etc. Les services sociaux sont aussi étonnamment efficaces pour aider ces SDF à remplir la paperasse qui leur permettra de glaner quelques dollars pour leur subsistance. Attention, on n'est pas dans l'angélisme... oui, ces hommes souffrent, ne mangent pas tous les jours pourtant à la fin des années 80', on est encore très loin d'une société déshumanisée où les clodos seraient juste abandonnés à leur propre déchéance. Dans un autre registre, le livre est parsemé de renvois à la littérature, entre autres de voyage comme Kerouac, mais aussi à la chanson américaine. Cette autobiographie est un livre fort qui entraîne le lecteur dans un monde parallèle au nôtre et dont reconnaissons-le nous ne voulons rien savoir.
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Peter Kaldheim a été éditeur dans une vie antérieure. Carrière qui tournera court quand il tombera dans la drogue, suivie d'un séjour en prison à Rikers Island. S'en suivra un long parcours cahotant de trimardeur à travers les Etats-Unis. Aujourd'hui il vit à Long Island où il organise des excursions de pêche au large de Montauk. Idiot Wind, qui vient de paraître, est son tout premier livre, un récit autobiographique nous entrainant dans les pas de l'auteur à travers les Etats-Unis durant les mois qui suivirent la tempête de neige qui s'abattit sur New York en janvier 1987.
Peter Kaldheim, surnommé le Chapeau, car toujours coiffé d'un Fédora à la Humphrey Bogart, a arnaqué d'une somme rondelette son dealer, le très dangereux (« c'était un sociopathe ») Bobby Bats. Sans espoir de pouvoir le rembourser, il doit quitter New York en catastrophe, sans un sou en poche et avant que la tempête ne paralyse la ville. N'importe où, mais vite. L'un des derniers bus Greyhound en partance file vers le sud et la Virginie. Banco ! Commence un très long périple, un road-trip, coast to coast, en bus au départ puis en stop, qui le conduira en Floride, Louisiane (Nouvelle-Orléans), Arizona (Tucson), Nevada (Las Vegas), Oregon (Portland), la frontière canadienne et enfin le Montana, dans le parc de Yellowstone.
Peter Kaldheim a fait des études et ne manque pas d'instruction, son bouquin en est la preuve. le récit est truffé de références culturelles diverses : cinéphiles (films et acteurs), musicales (rock), littéraires (écrivains et romans). C'est d'ailleurs Jack Kerouac, figure tutélaire, qui sert de modèle à l'auteur, les citations tirées de Sur la route, surgissent de-ci, de-là, entre les lignes de ce livre particulièrement bien troussé. L'écriture, c'est le point fort du bouquin, pas de longueurs ni ennui ; mon grand-père disait « ça glisse comme le Bon Dieu en culotte de velours » quand il mangeait un truc vraiment délicieux, on pourrait ressortir la métaphore pour ce récit qui se lit d'une traite tant le rythme est entrainant et les anecdotes sympathiques.
Au présent du récit s'ajoutent des flash-back sur le passé de l'écrivain, enfance, carrière professionnelle prometteuse, mariages foirés, l'alcool et la dope, séjour en prison. La longue échappée vers la côte Ouest - il a un job en vue à San Francisco - lui fait croiser des vagabonds dans son genre ou des âmes charitables parfois assez originales comme Sean, un illuminé, héritier fortuné, « guerrier ninja du Christ », Kalvin, un jeune orphelin pour lequel il a beaucoup de compassion, Gino, au passé chargé, avec qui il conduira une voiture de New Orleans à Tacoma, ou encore John, un clodo de Portland qui lui enseigne tous les bons plans offerts par les services sociaux de la ville. le boulot espéré à San Francisco étant tombé à l'eau, c'est un emploi au Yellowstone Parc où il restera cinq ans qui lui offrira, avec l'écriture, la rédemption et au-delà, une nouvelle vie.
J'ai été étonné par la tonalité générale du récit due au caractère foncièrement optimiste de l'écrivain. Jamais il ne s'attarde sur les souffrances ou misères de sa situation, des ampoules aux pieds, certes, la faim, oui, etc. mais il n'en fait guère étalage. Enfin, et ce n'est pas pour être négativement critique mais pour que vous le sachiez avant de vous lancer dans cette lecture, le récit ne propose pas de situations très originales – rien que de très banal pour ces histoires de hobos que tout amateur de littérature américaine connait assez bien -, ni même dramatiques ; il faut aussi préciser que le Chapeau a une chance assez extraordinaire, dès qu'il pourrait être dans une mouise terrible aussitôt la Providence ( ?) lui vient en aide… Tant mieux pour lui car l'homme est du genre sympathique (et ne perdons pas de vue que c'est lui qui parle de lui….) mais j'attendais des épisodes plus durs. Je dis ça, je ne dis rien, mais je le dis quand même. Pour conclure, un récit trop « gentil » pour moi mais extrêmement agréable à lire néanmoins, ce qui est essentiel.
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Fuyant un créancier très violent, Peter investit ses derniers dollars dans un billet de bus pour s'éloigner de New York puis traverser les Etats-Unis en stop. Quelle terrible descente aux enfers pour cet ancien séminariste, diplômé avec les honneurs mais toxicomane invétéré qui a tout perdu, dignité comprise. Clochard et dépendant des automobilistes de passage, Peter découvre la réalité de la pauvreté et de la solitude, mais fait également de belles rencontres qui lui laissent un peu d'espoir. Un récit autobiographique honnête et puissant, nourri de flashbacks instructifs et traversé de belles références littéraires.
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Avant de donner mon avis sur ce livre, je tiens avant tout à remercier Babélio et l'éditeur Delcourt pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération MasseCritique.
J'ai pris du plaisir à lire cette autobiographie, car pour ceux qui ne le savent pas, Idiot Wind est un roman d'aventure, un roman sur la vie. Mais c'est surtout et avant tout une autobiographie. Une autobiographie de Peter Kaldheim qui nous parle au fil des pages, comme si nous faisions le voyage avec lui en tant que compagnon de route. Et le voyage, on le fait, au gré de son écriture que j'ai trouvé fluide et je remercie le travail de la traductrice Séverine Weiss qui a fait un très bon boulot remarquable en retranscrivant je pense la simplicité et l'amour des mots de Peter Kaldheim.
Cette histoire vraie aurait très bien pu être une fiction tant les rebondissement sont nombreux mais je veux bien croire sur parole que tout ce qui se passe dans le livre est bien arrivé à Peter tant la sincérité transpire de son récit.
Parlons du titre tout d'abord : Wind Idiot ou le Vent Idiot pour ceux qui n'aiment pas l'anglais. le Vent Idiot c'est quoi ? C'est ce "vent" qui nous pousse à faire des choses stupides, des actes à l'encontre du bon sens. On sait que ce n'est pas bien mais on le fait quand même. Et Peter, lui va avoir ce Wind Idiot un long moment derrière lui qui va lui souffler derrière les oreilles... Heureusement il va se battre contre cet Idiot Wind.
Au début de l'histoire il se laisse porter par lui, par la facilité pourrait-on dire. Et au fil de son voyage qui va le voir jalonnait une vingtaine d'états, il va se construire, se reconstruire plutôt pour résister à ce vent pour finir par le laisser souffler loin de lui. Ce Vent Idiot se caractérise par plusieurs choses pour lui : la mort de sa seconde épouse Kate qui va l'amener à boire, se droguer et à tomber dans tous les travers. Il va perdre un job pour lequel il était fait (dans le monde de l'édition) pour passer sa vie à dealer. Dealer, ça dure un temps pour lui mais quand il se retrouve à fuir New York car il a des dettes auprès de Bobby la Batte, il se dit qu'il est peut-être temps d'arrêter les conneries et de commencer une nouvelle vie. Il part le jour d'une tempête qui s'abat sur New York en Janvier 1987. Il part sans un sou, en laissant tout derrière lui.
Une vie ça se construit. Une belle vie, ça se mérite. Ca demande de faire éventuellement des sacrifices mais surtout ça demande de se regarder dans un miroir et de se mettre face à ces erreurs, de les assumer pour pouvoir avancer. Ce magnifique voyage, truffé d'embûches, de rencontres (belles, stupéfiantes, renversantes), de remise en questions, d'entraide avec les autres vagabonds vont amener Peter sur le chemin de la rédemption. Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter. Cette phrase s'applique à Peter mais peut s'adresser à n'importe qui qui pense que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Il est vrai qu'il est plus facile de baisser les bras et de se laisser aller mais il est mieux de se prendre en main et de regarder devant.
Et pour montrer que comme Peter Kaldheim, je suis capable de faire de belles citations, je vais terminer cette critique en citant Albus Dumbledore dans Harru Potter et la Coupe de Feu "Bientôt nous aurons tous à choisir entre le Bien et la facilité"...
Peter avait choisi la seconde option quand il était au fond du trou. Grâce à son voyage rédempteur, il va comprendre que la première option est bien meilleure.
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Va où le vent te mène, va…

« Pour résumer, ma vie n'avait rien de reluisant et relevait plutôt de la survie, et de cela je ne pouvais blâmer que moi-même et mes acolytes : l'alcool, la cocaïne, et une propension bien ancrée à ce que mon vieux prof de philosophie grecque appellerait l'acrasie – cette faiblesse de caractère qui vous pousse à agir contre votre intérêt. Si le grec n'est pas votre truc, appelons ça Idiot Wind, le vent idiot comme Bob Dylan. C'est le nom que j'ai fini par lui donner, et pendant plus de dix ans son souffle a déchiqueté ma vie. Au fil du temps, je l'avais vu faire s'envoler à peu près tout ce qui aurait dû compter pour moi. Mon mariage. Ma carrière. le respect de mes parents et amis. Même un endroit où poser la tête la nuit. Autant en emporte le vent. le vent idiot. »

Vous avez dans cet extrait tout ce qui fait le charme de ce récit : tout d'abord le style d'un homme arrivé au bout de son calvaire et qui a l'expérience de la folie, de la descente aux enfers et de la rédemption pour mettre les mots justes sur son récit, et ensuite l'histoire d'un homme que tout aurait dû porter aux nues d'une vie personnelle, sociale et professionnelle new-yorkaise comblée mais qui a tout perdu, plusieurs fois.

Ce récit est donc une mise à nu autobiographique sans concession de la part de Peter Kaldheim. Il n'occulte nullement, dans la première partie du livre, ni les événements qui ont provoqué sa fuite de la Grosse Pomme, ni ceux qui l'ont amené sur le chemin des enfers pavé de bonnes intentions.

Le point de départ de sa fuite de New York n'est pas bien complexe : à truander les truands, en accumulant les dettes sans source de revenus pour les rembourses, Peter Kaldheim a lui-même forgé les conditions de son départ. Il ne laisse au demeurant pas grand-chose derrière lui. Il en est en effet arrivé à un point où son mariage s'est effondré, où son travail s'est délité sous ses yeux et où seuls l'alcool et la drogue lui laissaient l'impression de pouvoir continuer à vivre… alors qu'il s'enfonçait petit à petit dans une déchéance dont on ne ressort que rarement.

Finalement, cette fuite subie de New York aura été sa planche de salut. Elle aura été salutaire parce qu'elle l'aura confronté à ses addictions et à lui-même. Jeté ainsi sur les routes, l'homme vide qu'il est devenu se retrouve seul face à sa propre vacuité et au néant humain qu'il sait être devenu. La course en avant vers sa déchéance était en fait rendue possible, si ce n'est probable et inévitable, parce qu'il pouvait garder à l'esprit l'espoir, certes vain, de pouvoir se fuir lui-même. Confronté à la solitude, seul sur la route, il est face à lui-même. Mais il se confronte aussi à celles et ceux qui jalonnent son parcours à travers les Etats-Unis et, en lui venant en aide, le forcent à se confronter à son passé.

Ce récit fourmille ainsi de portraits sans fard d'une Amérique itinérante ou laissée pour compte : représentant de commerce, routiers, types allant chercher le travail là où ils pensent en trouver, d'autres vagabonds comme lui, vétérans du Vietnam, serveuses droguées et paumées mais touchantes, pasteurs prosélytes, … c'est une Amérique un peu folle et cabossée qui se dessine à travers ses rencontres successives.

Jeté brusquement sur la route, sevré brutalement dès son départ de New York, Peter Kaldheim ne parle jamais ouvertement de manque. Par contre, les rencontres qu'il fait sont parfois plus hallucinées les unes que les autres. le passage évoquant les quelques heures passées en compagnie d'un jeune héritier totalement schizophrène en manque d'amitié n'est piquée des vers sans parler du chauffeur manchot et péquenot qui le prend en stop ou du pasteur moraliste coupé de la réalité…

Il y a de nombreuses choses qui restent de ce texte, même longtemps après l'avoir lu. le fait d'avoir l'impression d'avoir fait un bout de chemin avec un être humain, d'avoir partagé ses expériences, ses espoirs et ses déceptions, de ressentir un lien d'amitié avec une personne qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam mais dont on se sent finalement très proche, n'est pas étrangère à la trace laissée par ce récit. Peter Kaldheim a eu une vie chaotique, psychédélique, bordélique, tragique, alcoolique, psychtropique, erratique, mais il sa vie possède les accents de la sincérité, de la vérité et de la beauté que peu de récits peuvent atteindre. Merci.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Livre exceptionnel,du Kerouac,du dan fante, Bukowski,un road trip, sans speed ,juste du talent et quel talent, chapeau ( d ailleurs c est son surnom dans le livre) Monsieur Kaldheim...
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