Ce passage me rend triste, car les insultes du camelot, je les ai déjà entendues souvent, envers moi, ou envers d'autres. Chez l'épicier, ou chez le fleuriste qui disait, un jour qu'il faudrait nettoyer les rues au lance-flammes pour exterminer la vermine et la racaille. Il parle des étrangers et pense qu'on ne peut pas comprendre parce qu'on est jeunes. Au contraire ces mots font un bruit incroyable. ( p 69)
Les mots que j'invente, les poèmes que j'écris dans mon cahier me donnent de l'assurance, m'épargnent, je crois, les mauvaises rencontres. Je sais que chez Amok et les autres les mots d'échange n'existent pas, ou si peu. Les gestes tendres encore moins. Les paroles de leurs parents, à ce qu'ils disent, sont des cris qui gercent la peau et les cœurs.
Tous les enfants de la cité ne volent pas, mais les lumières de la ville les attirent. Toutes ces choses, ces objets promis à d'autres, ils viennent tourner autour comme des papillons, s'étourdir à leurs pollens, frôler la lumière, avant de s'y brûler.
Je me demande, sur les lignes que je trace, pourquoi il faut hurler ou démolir, au lieu de dire qu'on a juste besoin de tendresse.
Tous les enfants de la cité ne volent pas, mais les lumières de la ville les attirent. Toutes ces choses, ces objets promis à d'autres, ils viennent tourner autour comme des papillons, s'étourdir à leurs pollens, frôler la lumière, avant de s'y brûler.
C'est quand je suis sans lecture que le bruit du verre vient me hanter. Je sais que ça commence par cet émiettement. Les vitres, c'est un jeu d'enfant, mais devenus grands, les gars d'ici aiment se donner des noms de guerre, entonner des cris de rage.