Les wittelsbach : quelle famille et combien de morts violentes. Entre Elisabeth d'Autriche, assassinée par un anarchiste, Louis II, le roi "fou", l'archiduc Rodolphe, fils d'Elisabeth, mort avec sa compagne, Marie Vetsera, à Mayerling, Sophie Charlotte, morte brûlée vive dans l'incendie du bazar de la Charité, on se sert cernés par différentes pathologies (peut être dues à la consanguinité qu'engendre les mariages entre membres de même famille) et l'époque qui change et que ne semble pas appréhender la royauté.
Si Sissi et
Louis II de Bavière ont laissé leurs empreintes et rapportent de confortables revenus économiques maintenant à l'Autriche et la Bavière grâce au mythe et aux châteaux fastueux, la réalité du temps était beaucoup moins glamour pour ceux qui ne vivaient pas dans l'univers d'entre-soi des familles royales. Car il faut bien l'avouer, ils sont complètement en dehors du monde réel ces rois, reines, empereurs : le peuple n'existe que pour servir de chair à canon lors des conquêtes et de valetaille, mais il n'existe pas.
Le roman de
Lorraine Kaltenbach est intéressant car il m'a permis de rencontrer une wittelsbach, que je ne connaissais pas : Marie Sophie Amélie, duchesse en Bavière (ne pas confondre "en bavière" et "de bavière", c'est important d'un point de vue strictement dynastique), qui d'après les quelques photos qui existent, ressemble beaucoup physiquement à sa grande soeur, Sissi. Marie Sophie va épouser François (encore un ...), duc de Calabre et fils de Ferdinand II des 2 Siciles. C'est le mariage de la carpe et du lapin : elle est jeune et tonique, lui est déjà vieux, ressemble à un moine et n'a pas l'envergure d'un dirigeant.
Nous sommes à l'époque où l'Italie telle que nous la connaissons n'existe pas : les différentes régions compose des petits royaumes avec chacun son roitelet et son petit pouvoir. Au milieu, Rome et le Pape au Vatican. La composition de l'unité italienne va se faire dans les guerres internes et externes car aussi bien la France que l'Allemagne ou l'Angleterre ont un oeil sur cette botte. Garibaldi va soulever les foules composant ainsi un opposant aux différents pouvoirs existants et ralliant l'unité.
Le petit royaume des deux Siciles va s'effondrer, mais Marie Sophie va y gagner ses galons d'héroïne, en étant le chef de guerre et d'état que n'est pas son époux. Elle va devenir un mythe : l'héroïne de Gaète. On peut objecter qu'elle n'est pas allée aux combats et qu'elle n'a pas vraiment vécu l'ordinaire d'un assiégé lambda, mais l'histoire a la grâce de trouver belle et forte comme une amazone, cette jeune femme de 22 ans qui va ensuite devenir ce que sera sa grande soeur, Sissi, une errante de luxe avec un secret : l'amour qu'elle vouait à un jeune zouave français Emmanuel de Lavaysse, rencontré à Rome et la naissance de ces amours d'une enfant, dont le surnom "Daisy" de Lavaÿsse, cachait son prénom complet Mathilde, Sophie, Henriette, Elisabeth, Louise de Lavaÿsse-Châteaubourg.. Elevée par son père, reconnue par lui, l'enfant fut toujours accompagnée de façon discrète par sa mère, Marie Sophie, qui avec son époux, François (qui était au courant) va venir vivre à Paris. Soutenue financièrement par la famille Rotschild, le couple survivra discrètement en happy few royaux entre bains de mers sur la côte normande, voyages en Bavière, gestion d'une écurie de course (Marie Sophie est une cavalière émérite comme sa grande soeur) et bonnes oeuvres. Marie Sophie aura la douleur de perdre Daisy, 23 ans, de tuberculose, alors qu'elle même a 45 ans, Elle aura entre temps plusieurs années auparavant perdue au berceau, sa fille officielle, née de la consommation tardive de son mariage avec François :Maria-Cristina-Pia.
Marie Sophie mourra en 1925 : elle aura le temps de voir la première guerre mondiale, faire des millions de morts.
On retrouve bien sûr de nombreuses figures historiques connues, et on vit au rythme des romans de
Proust et de Lampedusa "Le guépard" qui nous conte un univers qui disparaît par le biais de la vie de don Fabrizio Corbera, prince de Salina (Sicile) tandis que se déroulent les révolutions italiennes du Risorgimento.
le secret de la reine soldat est un livre intéressant avec me semble-t-il néanmoins un parti pris monarchique, qui oublie que derrière la "misère" des grands de ce monde, se cache toujours celle du peuple ordinaire, qui elle , est moins glamour, mais beaucoup plus concrète. Je remercie NetGalley et les Editions du Rocher de m'avoir permis de lire ce roman, qui m'a permis de me replonger pour la première fois depuis fort longtemps dans l'univers des Wittelsbach.