- Je ne pense pas, non, disait Delia à son interlocuteur sur son ton de petite peste.
Et puis... plus rien. Aucune réponse et pas plus d'explication de la part de Delia qui d'ordinaire adorait étaler sa science, comme disait leur père. Plus un bruit. Une angoisse instinctive envahit Jeremiah qui pressa le pas. Une phrase résonnait soudain dans sa tête : "ne parle pas aux inconnus sinon ils vont te manger".
Quand sa mère lui disait il trouvait ça absolument ridicule mais tout à coup... L'épouvantail ? Il secoua la tête. Ce n'était pas possible. Delia devait être avec une copine... non ?
Elle m’attire à elle, mon genou droit se glisse entre ses jambes et ses bras s’enroulent autour de mon cou. Ça me fait baisser un peu la tête et l’on se retrouve front contre front. Je pose mes mains sur ses hanches et laisse la musique me guider. Nos corps commencent à onduler l’un contre l’autre. C’est un peu comme un slow, en plus déhanché, plus suave.
Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas passé un aussi bon moment que je ne regarde même pas l’heure qui passe et que j’ai cessé de compter nos verres. Je n’ai même pas fumé une clope ! Quand elle se lève d’un coup et me tend la main, il me faut un temps de réflexion pour comprendre qu’elle veut danser.
Cette fille, cette femme me fait trop d’effets. Quand je la vois jeter sa tête en arrière, je m’imagine la tirer par les cheveux, quand elle passe sa langue sur sa main, je l’imagine lécher langoureusement autre chose…. Et son regard coquin n’arrange rien. Elle sait ce qu’elle fait et elle le fait sans vulgarité. Ça m’excite d’autant plus. Mais je me contiens.
Je n’aurais jamais cru qu’une autre personne ait pu penser à ma sœur après autant de temps.
Je ne l’aurais pas reconnue. Dans mes souvenirs elle était… juste une fille, et elle n’était plus l’amie de ma sœur donc je ne l’aimais pas et la trouvais vilaine. Alors que là… Je secoue la tête pour me remettre le cerveau à l’endroit.
Je me retrouve nez à nez avec une charmante inconnue. Elle n’a pas les yeux vairons. Mon monde intérieur s’écroule une fois de plus et je me déteste d’avoir été aussi niais. Je reste comme un con, bras ballants, à la fixer. Pourtant un sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme.
Les antidépresseurs ne parviennent pas à rendre justice à sa beauté : elle a vieilli prématurément et son visage porte les marques de sa douleur mentale. Je n’ai pas perdu que Dee cet après-midi-là...
Il faut que je sois patient, même si ça me rend fou. En attendant, je me cale bien devant mon pc et je fais moi-même des recherches sur les robes, voir ce que je pourrais trouver. Honnêtement, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une meule de foin vu qu'on ne m’a pas fourni les informations sur le tissu et le reste. Mais bon au moins, ça a le don de m’occuper.
J’ai rêvé de poupées de porcelaine qui me fixaient en murmurant, flippant ! Et le noir complet de la pièce ne m’aide pas à me sentir bien. Je me lève d'un bond pour tirer les rideaux et ouvrir la fenêtre. Les lumières des réverbères ainsi que le bruit des voitures au dehors calment un peu mon esprit agité. Une bonne douche termine de me ramener dans le monde réel.