On est en 2007. Deux "amies pour la vie" font une promenade le long d'une voie ferrée. Pour Alice la vie s'arrête là, à 13 ans, sous un train. Lizzie survit, rongée par la culpabilité, bien entretenue par les proches d'Alice qui la harcèlent et font courir les pires rumeurs. Par ses remords aussi, de ne parvenir à se souvenir de rien. Ce jour-là, elle avait eu une crise d'épilepsie.
2019. Lizzie a 25 ans et plus que jamais, vit à l'ombre de ce jour funeste. Un accident similaire vient de coûter la vie à une autre fillette, son "fait-divers" à elle refait la une de l'actualité. C'est le moment aussi que choisit le "hasard" pour remettre sur son chemin la soeur ainée d'Alice. Catherine, infirmière dans le cabinet médical de son fiancé, Ross. Lourd à gérer, ce "hasard". Pile au moment où Lizzie et Ross s'installent ensemble et apprennent qu'ils vont être parents. Pile au moment où Lizzie, bonne pomme, fait entrer le loup dans la bergerie en hébergeant "temporairement" Catherine. le parfait personnage machiavélique (mais déjà beaucoup vu), animé par un esprit de vengeance que l'auteur pousse à son extrême perversité. L'intéressant c'est qu'on découvrira qu'elle a toujours été comme ça, avant même la naissance de sa soeur, au temps pour l'excuse du deuil impossible.
Lizzie, la "pauvre" Lizzie, à ce tournant de sa vie, est, elle, une proie facile. Mais même pour elle, les coïncidences s'accumulent un peu trop (elle en met du temps !) D'un détail à un autre, l'auteur sème le doute dans son esprit, enfin. Une carte postale, une photo, un pendentif, une casquette... Chaque découverte est glaçante. Et les connexions entre les personnages, censés ne pas se connaître jusque-là, se révèlent enfin. On peut regretter que la tension inhérente au thriller ne s'amorce vraiment que dans cette seconde partie du livre, la première étant un peu terne. Cependant cela permet de faire évoluer notre vision du personnage de Lizzie. On la blâme pour sa mollesse, pour sa naïveté, puis on la plaint de la voir si manipulée, enfin on est en empathie, jusqu'à se demander si elle survivra.
Le Défi est donc un honnête thriller psychologique qui sait user des ressorts de la manipulation, mais qui n'apporte pas forcément grand-chose au genre. Aussi un beau portrait d'une amitié adolescente qui aurait pu prendre une autre tournure - et être un peu plus exploité.