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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux ans plus tôt, les éditions Fluide Glacial traduisaient pour la première fois un auteur turc tout à fait génial : Ersin Karabulut.
Au travers des contes aussi inventifs que glaçants, l'auteur-dessinateur croquait à la fois les terreurs de la Turquie moderne mais aussi les travers de notre société occidentale.
Avec Jusqu'ici tout allait bien…, Ersin Karabulut récidive et nous offre 9 histoires supplémentaires avec la plume corrosive et le coup de crayon génial qu'on lui connaissait déjà depuis Contes ordinaires d'une société résignée.

Si ce nouvel opus prolonge de façon aussi magistrale l'expérience de son prédécesseur, c'est parce que les métaphores sociales, religieuses et politiques de son auteur s'avèrent toujours aussi inventives et saisissantes.
Prenons par exemple L'Âge de pierre où tout le monde se doit de trimbaler une pierre dès son plus jeune âge avec l'interdiction formelle de la lâcher, même une seconde. Pourquoi ? Parce que !
Derrière cette règle d'or, un poids social/religieux et même politique et… des gens qui doutent. Comme cette petite fille qui s'interroge sur la possibilité de poser sa pierre et qui finit…par le faire ! Racontée par son frère, l'histoire de la gamine n'en devient que plus cruelle car le lecteur, observateur extérieur, se rend compte de l'inanité de la chose… mais pas le narrateur. À la fois terrifiante et porteuse d'espoir, ce premier conte confirme qu'Ersin Karabulut n'a rien perdu de sa capacité contestataire.

Pourtant, Ersin Karabulut n'est pas qu'un auteur politique, c'est aussi un écrivain de l'intime comme lorsqu'il s'aventure dans La Chambre Secrète où l'on cache son histoire à l'autre pour se conformer à une sorte de personnage que l'on s'est inventé pour survivre en société ou face à sa moitié. Même chose avec Histoire pour enfants où l'ouverture aux autres change de fond en comble la personne et l'éloigne de ses vieux démons et de ses sales habitudes, offrant une nouvelle dimension au monde extérieur.
Au sein du monde fantastique et science-fictif d'Ersin Karabulut, il reste toujours quelque chose de socio-politique. Dans Dot, c'est la victoire d'une multinationale devenue gouvernement planétaire grâce au consumérisme et par le reconditionnement de ceux qui refusent encore de plier. Dans le Monde d'Ali, le virus lâché pour éradiquer les conservateurs en les transformant en migrant devient un nouveau signe de ralliement pour l'émergence d'une nouvelle haine (il ne suffit que d'un prétexte…). Et dans Sans Gravité, tout a été privatisé. TOUT. Même l'oxygène, même votre pesanteur. Derrière, l'état tire les ficelles et exploite, les multinationales ricanent et le consommateur passe à la caisse.

Il reste quelques contes plus énigmatiques dans Jusqu'ici tout allait bien… comme cet enfant qui grandit dans le corps de sa mère et finit par prendre sa place, sorte de syndrome de Tanguy poussé à l'extrême et qui met aussi mal à l'aise qu'il fait sourire. Ou cette autre histoire d'identité lorsque père et fils se confondent et que l'on ne sait plus qui est qui… jusqu'à ce que l'impensable se produise. Reste alors la dimension religieuse qui tourne à la satire ricanante dans Pile ou Face dans laquelle deux potes se retrouvent l'un en Enfer et l'autre au Paradis. Mais croyez-le ou non, ce n'est pas l'endroit que l'on pense qui s'avère le plus agréable et le plus humain. Toujours là où on ne l'attend pas, Ersin Karabulut détonne et étonne… et c'est certainement pour ça qu'on l'aime tant.

Nouvelle fournée jubilatoire et audacieuse de la part du décidément génial Ersin Karabulut, Jusqu'ici tout allait bien… mêle politique, intime et social à travers des histoires fantastiques et science-fictives tous plus étranges les unes que les autres. Savoureux et perturbant.
Lien : https://justaword.fr/jusquic..
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L'auteur a choisi de nous raconter sa vision du monde de demain en neuf contes qui font peur, car tout ce qui arrive de pire dans ces histoires pourraient tout à fait se produire un jour, du moins, si l'homme continue à être aussi obsédé par la surconsommation, par le pouvoir, et l'idée de paraître.
Ces contes nous montrent des hommes qui ne réfléchissent plus du tout, qui se laissent gouverner sans poser aucune question, qui ont peur de tout, qui se laissent aveugler et qui sont dominés comme des troupeaux qu'on mène à l'abattoir ou les adeptes d'une secte géante.
J'ai beaucoup aimé les dessins et les propos intelligents qui se dégagent de ces histoires très sombres.
Une bande dessinée très noire qui fait réfléchir (ou pas !).
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Dérangeants, saisissants, troublants, voir glaçants, une chose est certaine, les neuf contes que nous propose Ersin Karabulut dans cet album marquent vraiment les esprits.

Au travers de ces petits récits d'anticipation à l'humour noir mordant, l'auteur turc met brillamment en exergue les travers et les dérives de notre société.

Les thématiques sont variées et très actuelles abordant, entre autres, le poids de la religion, les régimes politiques qui entravent nos libertés mais aussi notre dépendance aux nouvelles technologies ou encore les pressions familiales.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le dessinateur ne manque pas d'imagination. C'est sombre, décalé et le message est à chaque fois percutant. Une bande-dessinée qui fait inévitablement réfléchir quant à l'avenir du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, en espérant que le contenu de ces histoires demeure purement fictif.

J'ai été emballée par les graphismes, qui prennent des formes multiples en fonction des récits. C'est court mais l'impact est puissant. Et certaines chutes font vraiment froid dans le dos.

Une lecture coup de poing.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Ersin Karabulut nous offre une immersion dans son univers décalé avec un recueil de contes et nouvelles graphiques d'anticipation. L'occasion pour moi de découvrir ce dessinateur et caricaturiste turc, et de sortir au passage de ma zone de confort. Autant le style graphique que les thèmes abordés sont inhabituels. Certains contes sont résolument axés sur l'anticipation, d'autres sont particulièrement étranges et fantastiques. On y aborde l'impact sur nos sociétés du renoncement des libertés, des croyances, des nouvelles technologies, avec une dose d'humour cru et de cynisme. La fin de chaque histoire m'aura souvent mis profondément mal à l'aise : voici une lecture qui ne laisse pas indifférent.
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Je savais que la bande dessinée "Jusqu'ici tout allait bien" allait me sortir de ma zone de confort, étant donné qu'il est rare pour moi de lire des BD.
Finalement, j'ai apprécié la lecture des quelques histoires dont Ersin Karabulut nous fait part.

Elles s'imprègnent des thèmes de notre société actuelle en appuyant parfois sur les aspects négatifs, je pense notamment au quatrième conte ".DOT".
C'est l'une des histoires que j'ai préférées car elle se concentre sur une sorte d'addiction à la recherche de toujours avoir plus que nécessaire au sein des nouvelles technologies.
C'est déboussolant de se rendre compte que notre société actuelle y ressemble, de manière beaucoup moins exagérée, certes, mais qui y ressemble tout de même.

Ainsi, les passages humoristiques se succèdent sur une trame de fond étrange, voire parfois déstabilisante.
Le point que j'ai particulièrement apprécié est la façon dont la plupart de ces contes se "terminent". Oui, j'ai écrit cela entre guillemets puisque ces histoires ne se terminent pas réellement, le lecteur sait que le déroulement du conte va se perpétuer et continuer dans ce même contexte amer.

Je remercie Babelio et les Éditions Fluide Glacial pour cette superbe découverte.
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Voilà le genre de BD que je n'aime pas du tout. Et pourtant les auteurs ont réussi à merveille à me faire haïr cet environnement terne, cette répétition quotidienne de gestes dénués de sens de génération en génération, des gens moches, remplis de haine ou de tristesse. Cette histoire, remplis d'états d'être négatifs, reflète une société, une politique sans doute, une emprise certaine sur la population via la répétition de gestes absurdes et inutiles : toujours porter son boulet de pierre. Métaphore de l'enfermement, la taille et le poids du boulet est adapté à l'âge de l'individu. Plus on vieillit, plus on porte un lourd fardeau...
Une BD cynique qui tacle des éléments de nos vies contemporaines. À lire, puis à vomir.. ou à réfléchir.
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Cet album est composé de plusieurs histoires, où les grands maux de notre société sont poussés à l'extrême. Dans le premier récit le narrateur raconte les les premiers questionnements de sa soeur Bethy, elle trouve que cette pierre que tout un chacun se doit de porter est bien lourde alors pourquoi ne pas la poser un instant au sol? Mais la foudre s'abat sur elle, son frère ne la comprends pas, sa mère lui annonce qu'un certain nombre d'ennuis s'abattraient sur la famille si elle faisait ça. Quant à son père il a lui aussi voulu poser sa pierre, il n'a évidemment pas survécu. Pourtant Bethy continu de se demander pourquoi faut-il garder cette pierre à longueur de temps, alors elle sort dans la rue prête à déposer son fardeau sur le trottoir mais la foule l'entoure et l'invective.

Nous découvrons l'histoire d'un homme aujourd'hui marié et qui retrouve dans une pièce cachée de son appartement son ex-petite amie, puis d'autres personnes qui s'y installe sans qu'il ne sache par où ils entrent. Puis celle d'un couple désireux d'avoir un enfant, mais cet enfant refuse de sortir du entre de sa mère et grandit à l'intérieur jusqu'à rendre la vie de sa génitrice totalement compliquée.

Chacun des personnage se retrouve confronté à un manque de liberté, ils perdent le contrôle de leur vie. A partir de situations ordinaires chaque récit d'anticipation livre une société dirigée par un mal: un régime politique, des croyances particulières, l'importance des moyens de communication, ou qu'est ce qui sépare le paradis de l'enfer?
Il est un récit où un homme qui refuse de voir sa vie dirigée par les moyens de communication comme le smartphone, se voit dénoncé par sa compagne à une "milice" chargée de vous "remettre les idées en place".
J'ai été parfois choquée notamment par le premier récit ou celui d'un père et de son fils qui finiront par se ressembler comme deux gouttes d'eau, j'ai flottée dans l'incompréhension mais je me suis surtout posée beaucoup de questions. Jusqu'où pouvons nous aller dans la destruction de notre propre liberté? Jusqu'où ira l'humain pour détruire l'humain?
Pourtant il y en a bien un qui m'a surprise puisqu'il est en opposition au reste de l'album: un jeune en complète adéquation avec son environnement urbain arrive toutefois à se sortir de cet assujettissement et vivre sa vie.

Chaque récit à un graphisme particulier, un peu comme si neuf illustrateurs s'étaient relayés. Chaque message est bien passé, avec brutalité ou avec émotion. C'est un album qui m'aura tout de même marqué.

Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Un tome 2 moins surprenant que le premier album. Il n'empêche qu'on retrouve dans cet opus l'esprit critique et acerbe de l'auteur turc. Cette fois encore, Ersin Karabulut parvient à mélanger allègrement poésie, pessimisme social et grotesque pour créer une oeuvre singulière.
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Bravo pour le premier et le dernier conte (le fardeau de la pierre portée obligatoire et la taxation de la pesanteur). Les autres, bien que génialement dessinés, sont plus confuses, moins originales et plus fades. Très envie néanmoins d'aller parcourir le reste de l'oeuvre de cet artiste.
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Le tome deux est sorti, et Pouah ! Il envoie du lourd, l'auteur. C'est presque pire que le premier, encore plus noir et encore plus loin dans les considérations sociales, le tout débarrassé de toute trace d'humour, d'espoir ou de rédemption ! Autant le premier volume avait parfois quelques touches de poésie ou d'amour, là c'est noir charbon, du genre qui met mal à l'aise mais tape incroyablement juste. Entre la critique du libéralisme sauvage (que vit pleinement la Turquie d'ailleurs), l'oppression systémique, le carnage politique, la privatisation massive ou les ravages des conservateurs, on dirait que l'auteur doit tirer à boulet rouge sur la situation présente. Une réelle BD de noirceur, mais pleine de messages aussi. Derrière des métaphores claires et pas toujours subtiles, mais bien trouvées et frappantes, l'auteur tape juste, sur une considération du monde qui n'est franchement pas chouette. Une lecture recommandée mais pas en des temps durs, et je recommanderais presque de ne pas être seul lorsqu'on découvre la BD. C'est du corrosif, ça peut faire mal ! A manipuler avec précaution.
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