Citations sur Le puits des mémoires, tome 1 : La traque (64)
Nils n'aimait pas trop cette dernière ruelle, trop vide, trop isolée, trop propice à un guet-apens. Son regard allait d'un coin sombre à une fenêtre entrouverte, d'un tas d'ordures à une cabane de planches. Sur des cordes à linge tendues d'une maison à l'autre planaient des loques grisâtres, comme des fantômes décharnés sur ce qui restait de ciel. Le vent les gonflait puis les laissait retomber, inertes. La lumière se faufilait comme elle pouvait, il n'en restait plus que de petites taches changeantes au sol.
Cent paires de bottes transformèrent un pré en champs labouré, tandis qu'au loin les contours des chaumières de la Haie des sources se précisaient. La rosée sur l'herbe étincelait comme un miroir. Nils remarqua avec amusement qu'un escargot venait d'échapper par miracle au troupeau sauvage qui faisait gronder la terre. Lui-même avait fait un petit écart pour ne pas l'écraser, et derrière il n'y avait plus rien.
Au commencement étaient les ténèbres. Un monde où n'existaient ni le temps, ni la faim, ni la soif. Peut-être était-ce cela, la mort, une éternité dans un néant si étroit que l'on ne pouvait s'y tenir que recroquevillé, comme un enfant à naître.
(Incipit)
" Il déteste ça, chuchota Oranie à l'oreille d'Olen avant de lui mordiller le lobe. (le roi)
-Quoi donc ?
- Boire ! Sa Majesté digère très mal le vin. Il ne boit que de la bière et de l'eau. Ce soir, il vomira ses tripes
-C'est un dur métier"
-- C'est le type qui nous a ridiculisés dans les ruines, non?
-- Mais bien sûr que non, espèce d'âne! Qu'est-ce qu'il foutrait ici? Cette histoire remonte à des semaines!
-- Je... Je l'ai vu approcher tout doucement... avec son arme... je me suis dit qu'il avait dû nous suivre... C'est un pisteur... et c'est bien le genre à nous suivre à la trace et à attendre que...
-- Quel genre? Qu'est-ce que tu y connais à son genre? Tu l'as vu au moins, le type dans les ruines?
-- Non, mais...
-- Mais rien! Tu ne sais même pas à quoi il ressemble... et tu massacres n'importe qui en le prenant pour quelqu'un que tu n'as jamais vu?
-J'ai un peu réfléchi, reprit Karib. Vous me direz que c'est tout ce qu'on pouvait faire en marchant huit heures par jour.
-J'aurais dû y penser, fit Nils. Moi, je n'ai pas réfléchi du tout.Et du coup, je me suis emmerdé.
- J'ai un peu réfléchi, reprit Karib. Vous me direz que c'est tout ce qu'on pouvait faire en marchant huit heures par jour.
- J'aurais dû y penser, fit Nils. Moi, je n'ai pas réfléchi du tout. Et du coup je me suis emmerdé.
Il puisa dans sa bourse et lui lança une gemme, que l’aubergiste tremblant attrapa au vol – car un aubergiste, même aux portes de la mort, n’oublie jamais les gestes vitaux de sa profession.
Ils perdirent de vue Olen et sa dame, sans savoir si leur compagnon les avait aperçus. C'était absurde: il se tenait à vingt mètres à peine, il suffisait de tourner la tête, mais un soldat n'est maître de rien, pas même de son cou.
Quant à Karib, c'était un mage, sans l'ombre d'un doute - or le monde entier sait qu'un mage ne peut porter une arme et qu'un guerrier n'est jamais jeteur de sorts. Il n'y a guère que dans les légendes et dans les jeux d'enfants que de puissants guerriers manient l'épée tout en déchaînant la foudre.