Un premier tome assez mitigé en ce qui me concerne.
Ce qui m'a attiré, c'est d'abord ce concept de Tapisserie, dont les fils se tissent dans le temps, le tout manipulé par le tout puissant Tisserand : ça me fait fortement penser à la Trame et à la Roue qui tourne inlassablement dans la Roue du Temps.. Je voulais quelque chose dans cet esprit là, quelque chose qui deviendrait épique, et sur ce point là, je ne suis pas déçue, c'es effectivement en voie de le devenir.
La plume est très belle, c'est assez poétique et douce sans être trop lourde, et elle plaira surement aux amateurs de
J.R.R. Tolkien et de S. Platteau. le prologue, en particulier, était un petit coup de coeur. La mythologie n'est pas en reste, elle est très détaillée et souvent amenée au travers de chants ou de légendes. La carte aussi est très bien faite, et surtout très utile.
Au niveau de l'intrigue, je n'ai rien à redire : on est sur une histoire de fantasy assez classique (ça date quand même de 1984), et le classique, si on l'aime, c'est toujours une bonne chose. A noter : l'auteur à travaillé avec le fils de
Tolkien sur les notes du Silmarillon, et cela se ressent, l'influence de
Tolkien sur Fionavar est grande. On retrouve un anneau, un équivalent aux elfes et à leur île d'exil par delà les mers de l'ouest, une légende avec un Beren et une Luthien, une foret qui ressemble fortement à Fangorn, un peuple de cavaliers fidèle à ses voisins du sud, des nains qui creusent là où ils ne devraient pas, des frères qui ne sont pas aimés de la même façon par leur père, des légendes et des chants très travaillés… et je suis sure que j'en manque. Je note aussi quelques références à la Roue du temps (à moins que cela ne vienne en fait du Silmarillon que je n'ai pas encore lu). Donc oui, c'est inspiré, mais je vois ça comme un hommage, et j'apprécie.
Par contre, je trouve que ça pèche au niveau des personnages : pendant toute ma lecture, j'ai eu cette impression d'être « éloignée » des personnages : je ne me suis pas vraiment attachée, et je ne me suis pas du tout sentie concernée par certains.
En plus, j'ai toujours eu du mal avec les personnages qui passent d'un monde à l'autre, et cette fois ne fait malheureusement pas exception : que les personnages s'adaptent et acceptent l'idée de changer de dimension, ok, pourquoi pas. Qu'ils acceptent tout aussi vite : non. L'acceptation et l'adaptation sont trop rapides. En huit jours à peine, les protagonistes agissent comme s'ils avaient toujours vécu à Fionavar, comme s'ils avaient passé leur vie à se battre contre des monstres au côté d'autres guerriers aguerris, en faisant preuve d'un sang froid de soldat vétéran ! On ne devient pas un épéiste ou un guerrier avec une hache du jour au lendemain, comme ça, quand on est censé étudier le droit dans la vide de tous les jours, le nez dans des bouquins ou sur un terrain de basket !
Globalement sur les 5 points de vue principaux, il y en a 3 qui ne m'ont tout simplement pas intéressée : ceux qui acceptent tout sans broncher.
Parmi les deux autres, il y en a un autre qui ne bronche pas trop non plus, mais il a ses raisons : dans sa tête, ce personnage n'est déjà plus là, il regarde tout de loin, et comme j'ai pleuré avec lui ! C'est un personnage émouvant, je l'ai beaucoup aimé. Quand au second point de vue intéressant, et bien aux premières pages, je n'aurais pas parié sur lui : mais si, il m'a captivée pendant une partie tout entière : j'ai adoré son passage dans les plaines.
Les personnages secondaires, s'ils ne sont pour l'instant pas très poussés (5 protagonistes pour 380 pages, ça prend de la place), ils ont du potentiel, beaucoup plus que certains protagonistes, et sont attachants, eux : je pense notamment aux cavaliers. Par contre, un certain prince s'avère être une ordure monumentale pour rester polie, mais en même temps il a des circonstances atténuantes. L'accent est mis sur ce personnage, donc j'imagine qu'il jouera un rôle non négligeable par la suite… le magicien est un peu en retrait : je m'attendais à ce qu'il joue un rôle plus important.
Autre bémol, les personnages féminins. Je sais bien que le livre date, mais je ne peux m'empêcher de remarquer que les femmes sont toutes plus belles et gracieuses les unes que les autres, à commencer par les protagonistes qui deviennent les coqueluches de la court en moins de quinze minutes. Tandis que les hommes ont le droit d'être trapus, trop grands ou passe partout (sauf le prince ordure qui est magnifique). Les seules qui trouvent grâce à mes yeux, ce sont Jaelle et Sharrah : ce sont des personnages secondaires, mais nuancés, qui font ce qui doit être fait pour atteindre leur but (soit dit en passant, pour que ce soit bien clair, elles sont extrêmement belles et magnifiques).
Pour terminer, je dirais que c'est vraiment une lecture orientée adulte : un certain nombre de thèmes assez durs sont abordés, et les personnages ne sont pas épargnés. Certains subissent, mais vraiment.
En résumé, tout me plait sauf le début un peu trop rapide et ces protagonistes peu attachants, parfois trop clichés.
J'attends d'en voir plus, mais pour un premier livre, c'est quand même un sacré travail et une sacrée oeuvre.