- Mais pourquoi ? demandait-il en dévisageant une autre cliente, une dame d'une soixantaine d'année.
- Qu'est-ce qui se passe ? intervins-je. Il y a un problème ?
- J'ai juste écrasé cette saleté d'araignée, se défendit la cliente.
Oups ….
- Bien sûr, madame, je comprend.
-Mais ce … ce monsieur, il m'a fait une de ces peurs !
- Oui, c'est … c'est un fervent défenseur de la cause animale. Excusez-le, madame.
Je me tournai vers Arachos et le pris par le bras pour l'entraîner avec moi en cuisine, débrassant au passage quelques tasses vides.
- T'as vu ça, Emma ? s'écria Arachos, choqué, quand nous fûmes seuls.
- Oui, j'ai vu. Mais tu sais, ce n'est pas une raison pour faire un scandale dans mon café ….
- Elle l'a tuée de sang-froid ! Ca aurait pu …. J'en sais rien, moi, ça aurait pu être ma mère !
Cette fois, je ne pus m'empêcher de rire franchement.
-Tu trouves ça drôle ?
Je tentais de me contenir, mais la situation était si cocasse que je n'y parvins pas.
- Ce n'était pas ta mère, Arachos !
- Je sais bien que ça ne pouvait pas être elle. Mais ça aurait pu être n'importe qui !
- Comme ?
- Comme … un ami.
L’être humain est stupide. Il ne réalise vraiment l’importance de l’autre que lorsqu’il le perd, alors que le trou béant que laisse l’absence est déjà là, profond et irréparable. On vit comme s’il y avait toujours un lendemain pour tout le monde, mais c’est faux. Hier - c’est tout comme - maman me serrait dans ses bras et je lui confiais mes chagrins d’amour ; aujoud’hui elle n’était plus. Aujoud’hui il ne me restait plus que mon père, ma seule et unique famille ; demain il pourrait avoir disparu, comme maman... La mort pourrait l’emporter... ou moi.
L'être humain est stupide. Il ne réalise vraiment l'importance de l'autre que lorsqu'il le perd, alors que le trou béant que laisse l'absence est déjà là, profond et irréparable. On vit comme s'il y avait toujours un lendemain pour tout le monde, mais c'est faux.
Sa beauté jurait avec la monstruosité qui l'avait précédée. Ses crochets empoisonnés, aussi immaculés que la neige, resplendissaient, contrastant avec ses grands yeux noirs aux reflets flamboyants. Je voulais lui échapper. Mais je ne le pouvais pas. Je ne le pouvais plus. J'avais réussi à fuir de nombreuses choses dans ma vie. Mais pas lui. Je devais lui faire face. Une aura de danger l'enveloppait mais il incarnait une innocence insaisissables. Il était le prédateur hostile et l'ange vulnérable, le maître et le prisonnier.