Terreur dans l'Hexagone : Genèse du Djihad français

Enfin, l'exacerbation de la rupture communautaire permet d'exercer une forte pression sur les personnes de culture ou d'ascendance musulmane qui vivent leur foi sans en faire un élément primordial ni exclusif de leur identité et, plus encore, sur celles qui, nombreuses en France, sont agnostiques ou athées.

la dynamique de mobilisation de la jeunesse issue de l’immigration postcoloniale ne se limite pas au dilemme entre une appartenance sociale qui la rapproche de la gauche et une affirmation ethno-religieuse qui la pousse vers la droite. Depuis l’effondrement du parti communiste, les classes populaires dans leur ensemble cessent d’apporter leurs suffrages à la gauche et se laissent entraîner dans la spirale du vote identitaire d’extrême droite.

L’invocation de la loi du talion, à laquelle Coulibaly se réfère explicitement quand il discute avec ses otages juifs dans l’enregistrement sonore reproduit ci-dessous, est, outre un remploi biblique, le mode de fonctionnement du milieu et des bandes des cités des banlieues populaires.

Le constat du remplissage des mosquées par de solides gaillards, par-delà la dimension délibérément effrayante qu’il acquiert dans la bouche de Coulibaly en ce contexte belliqueux, est par ailleurs tout à fait exact ; il contraste singulièrement avec les églises de la région parisienne, dont les travées sont rarement garnies aux offices et où domine une population féminine et âgée.

On mesure ainsi comment ce réseau a pris en main et instrumentalisé un individu [Mehdi Nemmouche] désocialisé , tout juste sorti de prison, sans grand bagage intellectuel , et l'a propulsé dans un destin djihadiste planétaire pour transcender l'infortune dont était marquée sa naissance roubaisienne.

La loi du 11 octobre 2010 prohibant la dissimulation du visage dans l'espace public vise le port du niqab, tenu pour un article de foi par la plupart des salafistes. Elle fournit le prétexte à un durcissement inédit de ces milieux sur les réseaux sociaux et à des opérations de provocation dans les cités, où paradent tout exprès des femmes intégralement voilées, dont nombre de converties, pour narguer la police, la contraindre à réprimer et susciter en retour des mouvements de solidarité qui accroîtront le cercle des sympathisants. Cette radicalisation débouche sur une stratégie de tension interconfessionnelle mettant en jeu menaces et violences.

Dans l'attente de l'horizon désormais envisageable de la reconnaissance légale du mariage islamique, et donc de la répudiation et de la polygamie sur le territoire français, rien n'empêche d'accomplir celui-ci à l'abri du statut juridique du concubinage, aujourd'hui pratiqué par une large part des citoyens français, et dont le président de la République lui-même offre l'exemple.

L'islam politique n'apparaît plus dès lors seulement comme un projet de maîtrise et de reprise en main de la vie déstructurée dans les quartiers marginalisés, mais surtout comme une tentative de contrôle systématique de tous les aspects de l'existence.