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Citations sur Dans les rapides (12)

Avec ce tranchant altier qui nous prévient je suis la fille naturelle de Mozart et des Pink Floyd, je suis le prodige, vous pourrez moquer mon timbre soprane, mon corps diaphane et dénigrer ma précocité savante, ma sophistication. Je fais ce que je veux, je chante aussi haut que je le désire, je m'impose ainsi, je suis radicale et déterminée. Je suis à tout casser. Je casse la baraque rock. Je n'ai pas de guitare.
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Nous sommes pétrifiées : il existait d'autres disques avant Parallel Lines Autrement dit on arrive à la fumée des cierges quand on croyait se tenir à la proue de l'histoire.
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« Blonde, elle l'est, hardiment même, c'est elle qui l'a choisi et elle le fait savoir – des mèches brunes pendent à son cou –, une blondeur qu'elle aura voulu platine, glamour, hollywoodienne, une blondeur Marilyn qui joue l'artifice pour accrocher la lumière ; et belle encore, sexy, la robe à fine bretelles et décoletté danseuse – Marilyn encore – qui laisse voir son corps de fille, les épaules déboitées vers l'avant, les bras fins, le haut des seins, les mollets contractés, les chevilles libres. Un corps de fille qui abuse d'en être une, et une belle, et une blonde, et une en talons hauts debout au milieu des types en noir, qui abuse de son genre donc, et foutrement, allez tous vous faire voir, c'est ça – moi comme ça – ou rien. Fausse poupée, fausse blonde, fausse Lolita starlette et vraie fille poings sur les hanches, en appui sur des jambes tendues, une bandelette blanche en touche bondage érotique enroulée au bras gauche – ouais, pour ceux que ça intéresse, qu'ils se manifestent, j'aimerais voir ça –, elle se tient d'aplomb, et lestée d'arrogance salutaire, le regard direct et fardé de celle qui attaque son sujet sans méconnaître le travail qui l'attend. Calme, déterminée, sûre d'elle. Placée. Tandis que les autres autour d'elle, les garçons justement, ceux-là posent désinvoltes, charmeurs, ils jouent, rient, caressent l'objectif du regard ou, déhanchés, se payent le luxe de regarder ailleurs. »
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"Puisqu'une seule nuit, et oups ! avalée dans le monstre, gobée crue, une seule bouchée, engloutie dans l'amour, et régurgitée vers nous par intermittences, telle quelle, certes, la pommette irisée et les dents étincelantes, mais une laisse élastique invisible agrafée dans son dos."
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« Les feuilles mortes froufroutent sous mes chaussures, octobre brou de noix lardé de bronze, c'est un automne faste qui s'ouvre, j'en suis sûre, tout le laisse entendre, le port de béton se réchauffe et, autour de lui, son fleuve, son rivage, et de loin en loin, tout bruite et sonne, appelle. Hang up and run to me, hang up and run to me. C'est cela, raccroche, raccroche, laisse tomber ce qui brinquebale, ce qui boite et empêche, dépose ton enfance, heureuse ou non, tout cela pèse un âne mort, déjoue le mal-être adolescent, ton corps explose, fais de la place, affranchis-toi, run to me, voilà ton cri de ralliement, run to me, il n'y a pas autre chose à faire, je marche comme une marathonienne, je fais la course avec les voitures qui se suivent en fil indienne le long de la plage, je cours car soudain, quelque chose me presse, le présent me presse, oui, tout va très vite, le temps accélère, il mute, il ne s'écoule plus dans un sens mais explose en trois dimensions, c'est un continuum brillant de présents, de « maintenant », de « tout de suite », de « c'est là ». »
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« Voix. Un éclair dans le ciel de l'ouest. Un son qui électrise l'espace. Le fractionne puis le colonise. Une voix perchée, aiguë. Une voix de fille, on le sait, Mais haute à ce point c'est une blague, un culot monstre celle-là, elle a dix-huit ans ? Lise s'est redressée sur ses coudes. Ne s'y attendait pas. Rien ne cille, rien ne tremble dans la voix de Kate Bush, laquelle se déploie dans la chambre, portée par la fougue des timides et l'aplomb des filles qui sortent du bois pour la première fois, décrit des boucles invraisemblables, trace des arabesques vocales insensées en une ligne qui bientôt se dilate jusqu'à devenir l'espace même. Rien de fragilité féminine enflée pour séduire, aucun éther, aucune vapeur, c'est solide et maîtrisé, irréductible comme du caillou – , c'est une pierre noire scintillante, c'est du micka. Tour de force et leçon d'art militaire : la fille qui chante, surjouant son genre, le déjoue, utilise son point faible de sexe faible, la petite voix, le filet d'or, le bijou du pendentif sur la gorge du rossignol, et s'en sert comme d'un levier pour se propulser hors du lieu où elle était assignée, attendue. »
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Nous avons plongé dans les rapides.
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"Puisque nous avons peur - nous ne nous racontons pas d'histoires : nées de la dernière pluie, nous sommes en état d'alerte permanent. De ce côté-ci, on dit que c'est sombre et chatoyant, peuplé de jeunes types rageurs et goguenards, de junkies romantiques, de dandys trash, de crétins, de petites frappes frustes et électriques, d'abominables petits poseurs bidons, de chiens fous, de macs qui sniffent la bonne pioche et se pourlèchent les babines devant cette jeunesse qui ne respecte rien, irrévérencieuse, jusqu'au-boutiste, tellement vivante, par là ça chante sans voix et sans solfège, à toute allure, des trucs binaires ultra-primaires, par là ça sent la sueur et l'animal, la drogue, l'alcool, la violence et le sexe, par là ça se fout du monde mais ça s'y plante au milieu pour le faire savoir. Une mythologie gonflée de bière qui reconduit la toute-puissance virile de jeunes mâles et encolle nos doigts tel un sparadrap indifférent aux secousses. Ce n'est pas la petite maison dans la prairie, pas un endroit pour fifilles, on est prévenues, on en rigole. À l'automne 1978, nous pénétrons la terre rock via la canyon Blondie avec la fébrilité naïve d'un orpailleur tamisant les rapides. Quinze ans ai-je dit, bientôt seize, il est temps."
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l'expertise rock est un fantastique outil de drague, nous appâtons, faussement indifférentes, le disque bien en évidence, nous voulons aller au contact.
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(...) le rock passe par les garçons parce que ce qui est marrant et libre siège encore de leur côté. Il passe d'abord par les grands frères, simple question de géographie quotidienne. Ceux-là occupent une place qui nous est favorable : habitant dans la chambre d'à côté, nous entendons ce qu'ils écoutent à travers la cloison, grain sourd commué en ébruitement formidable quand ils ouvrent leur porte p.47
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