Je ne suis pas, et ne serai jamais, un héros. Le courage est une qualité admirable, mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de courageux que de lâches dans les cimetières.
Je n'ai jamais beaucoup aimé Munich, son penchant pour les tenues folkloriques, les fanfares, le catholicisme fervent et les nazis.
Même s'il était important de ne pas oublier, il valait mieux ne pas se souvenir parfois, pour permettre au présent d'écrire par-dessus le passé.
Comme je vous l'ai déjà dit, je suis souvent lâche moi aussi.
- Franchement, j'en doute.
- C'est la vérité. Si je suis entré dans cette maison. c'est uniquement parce que j'avais peur de ce qui pourrait arriver si je ne le faisais pas. Croyez-moi, parfois le courage c'est juste ce petit espace qui existe entre deux sortes de peur : celle de I'autre et la mienne.
Je crois que le meilleur moyen pour effacer la culpabilité collective, c'est I'action individuelle.
Très souvent, je me demande comment j'aurais géré ce dilemme... Les massacres. Qu'aurais-je fait ? Aurais-je été capable de faire... ça ? Je préfère croire que j'aurais refusé d'exécuter ces ordres, mais si je suis vraiment honnête avec moi-même, je n'en sais rien. Je pense que mon désir de rester en vie m'aurait persuadé d'obéir, comme tous mes collègues. Car il y a dans ma profession une chose qui m'horrifie parfois. J'ai l'impression qu'aux yeux des avocats tout peut se justifier, ou presque, du moment que c'est légal. Mais vous pouvez légaliser tout ce que vous voulez quand vous collez une arme sur la tempe du Parlement. Même les massacres.
« Le monde entier est leur proie. Riche, leur ennemi déchaîne leur cupidité ; pauvre, il subit leur tyrannie. Rafler, massacrer, saccager, c'est ce qu'ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d'une terre un désert ? Ils diront qu’ils la pacifient. » Tacite, Vie d'Agricola
Tant qu’elle se servira de sa poitrine pour respirer, impossible de le concentrer.
Nos vies sont façonnées par nos choix, bien entendu, mais surtout par nos erreurs.
e fus accueilli dans le hall par un gros type qui brandissait une pancarte MUNICH RE . Il arborait une moustache tombante et un nœud papillon qui aurait pu paraître élégant s’il n’avait été vert et, pire encore, assortie à son costume en tweed (et vaguement à ses dents aussi). L’impression générale ‑outre que le costume avait été confectionné- par un apprenti taxidermiste, était celle d’un Irlandais jovial dans un film sentimental de John Ford.