Citations sur Bernie Gunther, tome 7 : Vert-de-gris (29)
C'est une des petites ironies de la vie que, chaque fois que vous vous dites que les choses pourraient difficilement aller plus mal, c'est en général ce qu'elles font.
(Poche, p. 130)
Moi aussi, il m'arrive d'éprouver ce sentiment : on naît seul, on meurt seul et le reste du temps on ne peut compter que sur soi-même.
(Poche, p.21)
" (...) Là réside le bonheur : dans le fait de s'estimer content d'avoir de la bière tiède en se rappelant combien il vaut mieux avoir ça plutôt qu'un goût d'eau croupie sur des lèvres gercées. Tel est le sens de la vie, mon vieux. Savoir quand on est bien loti et ne haïr ni n'envier personne." (Poche, p.334)
- Personne n'est en sécurité à Cuba, répliqua-t-elle. Plus maintenant.
- Je l'étais, continuai-je sans lui prêter attention. Jusqu'à ce que j'essaie de jouer les héros. Sauf que j'avais oublié. Je ne suis pas de l'étoffe dont on fait les héros. Je ne l'ai jamais été. En outre, le monde ne rêve plus de héros. Ils sont passés de mode, comme les ourlets de l'année dernière. Aujourd'hui, ce qu'on veut, ce sont des combattants de la liberté et des indicateurs. Eh bien, je suis trop vieux pour les uns et trop scrupuleux pour les autres.
- Vous ne pensez pas que Cuba a besoin d'une révolution?
- On pourrait améliorer les choses, je ne le nie pas. Mais toutes les révolutions font une belle fumée avant de finir en cendres. Il en ira de la vôtre comme de celles qui l'ont précédée. Je vous le garantis.
[...]
- Parce que, quand quelqu'un parle de bâtir une société meilleure, il y a fort à parier qu'il compte se servir d'un ou deux bâtons de dynamite.
Au-delà d'un rideau de velours vert, j'aperçus plusieurs hommes occupés à couper du tissu ou à repasser au fer chaud des uniformes à moitié finis, parmi lesquels se trouvait, à ma grande surprise, un juif orthodoxe. C'était un bel exemple de l'hypocrisie nazie que de faire faire un uniforme SS par un tailleur juif.
"Cet officier a besoin d'un uniforme SS, expliqua Heydrich. Vert-de-gris. Et il doit être prêt d'ici une semaine.
C'est le problème avec les armes à feu : elles ont toujours l'air de jouets jusqu'à ce qu'elles se mettent à tuer des gens.
Je bâillai de nouveau. Je me sentais recru de fatigue. Mes yeux ne cessaient de se fermer. Je n'avais qu'une envie : aller me coucher et rêver que je me trouvais ailleurs [...] Je me donnai une petite secousse, comme quand le sommeil vous emporte et qu'au lieu de ça, il vous vient cette idée folle que vous mourrez. Une petite mort qui procure une sensation délicieuse. Parce qu'elle vous rappelle pourquoi cela fait tant de bien de respirer.
Ne plus être le pion des autres dans une partie qui ne me concernait pas.
De là, je me dirigeais à pied vers le sud, convaincu qu'au moins une des prédictions de Hitler avait fini par se réaliser. Aux premiers jours de sa victoire, il nous avait annoncé : "dans cinq ans, vous ne reconnaîtrez plus l'Allemagne", et c'était un fait. Jadis l'une des artères les plus florissantes de Berlin, le Kurfurstendamm n'était plus qu'une succession de ruines