Mon choix de lecture ne plaira pas à tout le monde : quoi ! un roman qui parle de foot, ce sport bouffé par le fric et les magouilles en tous genres ? Quoi ! découvrir
Philip Kerr autrement qu'avec la Trilogie berlinoise (qui, soit dit en passant, traine dans ma PAL) ?? Eh oui mais que voulez-vous, j'assume complètement et je ne regrette rien, Monsieur le juge (de ligne) !
Je ne vous raconte pas à nouveau le résumé apéritif, sauf que Scott Manson, chargé par le propriétaire du club de London City, Viktor Sokolnikov, de découvrir qui a tué le manager Joao Zarco, déteste la police : il a été condamné à tort pour viol et a fait plusieurs années de prison avant d'être innocenté. Rien ne lui ferait plus plaisir que de coiffer au poteau l'inspectrice Byrne, d'autant qu'il est aussi interrogé par une autre inspectrice à propos du suicide d'un ancien joueur de foot et un de ses meilleurs amis.
« Ce livre constitue une oeuvre de fiction, et les erreurs qu'il contient n
e sauraient être imputées à mon manager secret (merci de ne pas poser de questions). A son intention, je me sens obligé d'ajouter : tu as toute ma confiance et je te promets de ne pas te virer si ce livre ne rapporte rien. » C'est avec cet avertissement que
Philip Kerr inaugure sa nouvelle série consacrée à un entraîneur de foot, Scott Manson.
London City est un club imaginaire inventé par
Philip Kerr, lui-même fan d'Arsenal, un des clubs de Londres (avec Tottenham et Chelsea) qui évolue en Premier League. Et à part tous les personnages qui gravitent autour de ce club et de l'enquête, tous l
es autres acteurs du onde du foot sont bien réels. On sent que l'auteur connaît très bien ce milieu, il est extrêmement bien documenté, mieux : il est passionné par ce sport (peut-être que son manager secret est
Arsène Wenger, le célèbre coach d'Arsenal ??) et il est capable de vous citer les plus beaux buts de la Ligue des Champions comme le prix scandaleux de certains transferts. A son crédit, il parle des plus grands joueurs actuels, dont les Belges Romelu Lulalu et Eden Hazard (qui ont joué longtemps en Angleterre).
Cela dit, à l'image de son personnage principal, l'intelligent Scott Manson, qui éclate tous les clichés avec sa culture artistique insolite dans ce milieu,
Philip Kerr ne se fait aucune illusion sur les dérives du foot moderne, surtout la collusion entre sport et argent avec des transferts exagérément onéreux, les magouilles des agents de joueurs, des propriétaires de club qui injectent des sommes d'argent dont on peut légitimement s'interroger sur leur origine, les droits télé pharamineux, l'organisation ubuesque de la prochaine Coupe du monde au Qatar… Et il ne dresse pas toujours un portrait flatteur des joueurs, « des connards surpayés ». C'est exactement ce que pensait Joao Zarco, qui n'avait pas sa langue en poche et qui a peut-être payé de sa vie cette franchise trop directe.
Dans l'enquête, l'image de la police est écornée, ils ne semblent pas très malins (à l'exception de la belle Louise Considine) et tout le bénéfice de l'affaire (à la résolution quand même inattendue pour moi) revient à Scott Manson que je retrouverai avec plaisir ans une autre enquête, en espérant jubiler autant à la description du monde du football sous la plume pleine d'humour de
Philip Kerr (qui a eu le temps d'écrire et de publier d'autres enquêtes du manager sportif).
Lien :
https://desmotsetdesnotes.wo..