Citations sur La chance du diable : Le récit de l'opération Walkyrie (7)
(p. 168-169)
Les exécutions racontées par un gardien de prison
Imaginez une pièce au plafond bas et aux murs blanchis à la chaux. Sous le plafond, était fixé un rail auquel pendaient six gros crochets, comme ceux qui utilisent les bouchers pour leurs quartiers de viande. Dans un coin était placée une caméra. La lumière des projecteurs était éblouissante, aveuglante, comme dans un studio. Dans cette étrange petite pièce se trouvaient le procureur général du Reich, le bourreau et ses deux acolytes, deux techniciens chargés de la caméra, et moi. Au mur, une petite table, avec une bouteille de cognac et des verres pour les témoins de l’exécution.
On a fait entrer les condamnés. Ils portaient leur tenue de prisonnier, les menottes aux mains. On les a disposés sur un seul rang. Le regard mauvais, blaguant, le bourreau s'est mis au travail. Il était connue dans son milieu pour son "humour". Pas de déclaration, pas de religieux, pas de journalistes.
L'un après l'autre, tous les dix y sont passés, chacun à son tour. Tous ont montré le même courage. En tout et pour tout, cela a pris vingt-cinq minutes. Le bourreau ne s'est pas départi de son air narquois et n'a cessé de plaisanter. La caméra a tourné sans interruption, car Hitler voulait voir et entendre comment ses ennemis étaient morts. Il a pu voir la scène le soir même, à la chancellerie du Reich. C'était son idée. Il avait demandé à voir le bourreau, et avait personnellement réglé les détails de la procédure : "Je veux les voir pendus, pendus comme des quartiers de viande.". Ce sont ses mots
Chef du matériel de l'armée de terre et Commandant de l'Armée de réserve, 26 mai 1942
Sujet : commandement secret - Réf. : Walkyrie II
Général,
Dans l'éventualité d'une menace surprise et d'autres urgences, la préparation à l'action de l'Armée de réserve ou de parties de celle-ci au gré de la situation à des fins de déploiement local, à l'intérieur ou dans les régions frontalières, doit être garantie. Les préparatifs et l'exécution ont pour mot de passe "Walkyrie II" [...]
XI. Secret. Le cercle des personnes impliquées dans le travail préparatoire doit être aussi restreint que possible. Sous aucun prétexte des administrations ou des personnes étrangères à la Wehrmacht ne doivent recevoir des informations sur les intentions ou les préparatifs.
[Olbricht]
"Ce n'est plus une affaire d'objectif pratique. Il s'agit de montrer au monde et à l'Histoire que le mouvement allemand de résistance, au risque de sa vie, a osé le coup décisif. Au regard de cela, tout le reste est différent" [Henning von Tresckow] [p. 15].
"Il est désormais temps de faire quelque chose. Mais l'homme qui a le courage de faire quelque chose doit le faire en sachant qu'il restera dans l'histoire de l'Allemagne comme un traître. S'il ne le fait pas, cependant, c'est sa conscience qu'il trahira."
Une fois de plus en quête de sa place dans l'Histoire et cherchant à savoir pourquoi la voie de la destinée avait plongé l'Allemagne dans la tragédie, au lieu de lui donner une victoire glorieuse, il trouva, outre la traîtrise des généraux, une autre raison : la faiblesse du peuple.
J’espère que ma mort sera acceptée en expiation de tous mes péchés, en sacrifice expiatoire pour tout ce que nous portons ensemble. Par le sacrifice, la distance de notre temps avec Dieu peut être modestement raccourcie. Pour ma part, je meurs pour la patrie. Bien que les apparences extérieures soient fort peu glorieuses – honteuses, en vérité –, je fais ces derniers pas la tête haute ; et j’espère seulement que tu ne voies aucune arrogance ni aucune illusion dans cette attitude. Nous voulons allumer la torche de la vie ; une mer de flammes nous entoure : quel feu !
....Peter Graf Yorck von Wartenburg,
Lettres d’adieu à sa mère et à sa femme
Ce fut un moment décisif. Si ce second engin, même dépourvu de sa charge, avait été placé dans la serviette de Stauffenberg avec le premier, il serait parti avec l'explosion, dont l'effet eut été plus que doublé. Dans ce cas, il n'y aurait très certainement eu aucun survivant.