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EAN : 9782757841938
672 pages
Points (02/05/2014)
4.27/5   75 notes
Résumé :
L'historien Ian Kershaw livre un grand récit de la fin de la guerre.
De l’attentat manqué contre Hitler, le 20 juillet 1944, à la capitulation du 8 mai 1945, l’Allemagne tombe peu à peu dans la folie meurtrière et la destruction.

C’est un pays tout entier qui se transforme en immense charnier. Les morts – civils tués sous les bombardements alliés, rescapés des camps victimes des « marches de la mort », soldats sacrifiés dans des batailles perd... >Voir plus
Que lire après La fin : Allemagne 1944-1945Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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A un moment donne au cours d'un conflit,un pays vaincu se resout presque toujours a capituler.L'autodestruction par la poursuite des combats jusqu'a la fin,jusqu'a la devastation quasi totale et l'occupation complete par l'ennemi est extremement rare!C'est pourtant ca que firent les Allemands en 1945.Pourquoi?Pourquoi les ordres autodestructeurs d'Hitler etaient-ils encore suivis?Quels mecanismes de pouvoir lui permettraient de determiner le destin de l'Allemagne quand il etait clair,pour tous ceux qui avaient des yeux pour voir,que la guerre etait perdue et que le pays etait ravage?Jusqu'ou les Allemands etaient-ils prets a soutenir Hitler,sachant bien qu'il conduisait le pays a la destruction?Continueraient-ils a le soutenir de leur plein gre?Ou y etaient-ils simplement contraints par la terreur?Comment et pourquoi les forces armees continuerent-elles de combattre et la machine gouvernementale de fonctionner jusqu'a la fin?
Parmi toutes les raisons expliquant que l'Allemagne ait pu et voulu combattre jusqu'a la fin,ces structures du pouvoir et les mentalites sous-jacentes sont les plus fondamentales.Tous les autres facteurs(soutien persistant de la base a Hitler,le ferocite de l'appareil de terreur,la domination accrue du parti,le role eminent joue par le quadriumvirat Borman-Speer-Himmler-Goering,l'integration negative produite par la peur d'une occupation bolchevique ou l'empressement indefectible des hauts fonctionnaires et des chefs militaires a continuer d'accomplir leur devoir quand tout etait manifestement perdu et etaient,en fin de compte subordonnes a la maniere dont etait structure le regime charismatique du Fuhrer et a son mode de fonctionnement dans sa phase d'agonie.L'attrait charismatique de Hitler aupres des masses s'etait de longue date dissous,mais les mentalites et les structures de son pouvoir charismatique perdurerent jusqu'a sa mort dans le bunker.Diviser,les elites dominantes ne possedaient ni la volonte collective ni les mecanismes de pouvoir pour empecher Hitler d'entrainer l'Allemagne vers la destruction totale
Tres bien ecrit,d'une lecture aisee;tres interessant
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Ian Kershaw, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Sheffield, est l'auteur d'une biographie d'Hitler qui a fait avancer la compréhension du personnage (1999-2000). Il a publié en 2009 un essai brillant intitulé « Choix fatidiques » où il explique comment se sont formées, au Parlement britannique, dans l'Etat-major impérial japonais, dans l'esprit de Hitler, de Staline, ou de Mussolini, les décisions qui ont orienté le cours de la Seconde guerre mondiale.

L'ouverture des archives que nous devons à l'effondrement du Bloc soviétique enrichit les sources des historiens : ici, ce sont une foule de rapports sur l'opinion publique dans l'Allemagne en décomposition de 44-45, les interrogatoires des généraux nazis, les échanges sur les réseaux de commandement de l'armée ou des SS, qui permettent à l'auteur de dresser un tableau fiable de l'esprit public.

Pourquoi l'Allemagne, dont la situation était compromise dès l'été 44 (débarquement en Normandie, immenses pertes en Russie) a-t-elle tenu jusqu'en mai 45, en jetant sa jeunesse et sa population civile dans la fournaise (la moitié environ des pertes militaires, ainsi que la moitié des pertes par bombardements aériens, se situent dans cette période fatale) ?

Le sens de l'organisation, du devoir et de la discipline n'expliquent pas tout. Kershaw appelle notre attention sur d'autres facteurs :

- l'absence de solution négociable : aussi bien les buts de guerre nazis (domination de l'Europe, anéantissement de l'URSS) que l'accumulation des crimes (Solution finalew contre les Juifs, traitement des populations russes et des Résistances européennes) rendaient impossible et même inconcevable, de la part de tous les protagonistes, toute paix de compromis, ce que les Alliés occidentaux avaient d'ailleurs constaté, en 1943, par l'exigence d'une capitulation sans conditions ;

- la peur multiforme : celle des Soviétiques, dont les premières exactions sur la population de Prusse Orientale confirmeront la réalité, mais aussi la peur de l'appareil nazi, organisé de main de maitre par le « quatuor » Bormann, Himmler, Goebbels, Speer, et qui pendra encore les « traitres » en avril 45, face aux lignes américaines ;

- l'espoir d'un miracle par les « armes nouvelles » et la confiance dans le charismatique Führer, qui refusait obstinément de sortir de la « guerre totale ».

Le suicide du Führer, le 30 avril 1945 ; viendra dénouer la situation, en permettant aux chefs militaires de négocier avec les Alliés, alors que l'Allemagne n'existe déjà plus.

Un livre passionnant pour tous ceux qu'intéresse le drame de la Seconde guerre mondiale.
A noter l'effort rare, chez les éditeurs, de présentation de cartes parlantes, et d'excellentes photos.
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Ce livre traite de la fin du III Reich en essayant de répondre à une vraie interrogation, comment l'Allemagne a pu poursuivre les combats après l'été 1944, alors qu'elle avait manifestement subi deux défaites dantesques à l'Ouest en Normandie et à l'Est en Biélorussie, qui, logiquement auraient du être fatales ?
Cette interrogation est légitime car comme le rappelle l'auteur, entre juillet 1944 et mai 1945, du seul côté allemand, près de la moitié des pertes totales furent subies dans cette période, et on parle de millions de victimes. Au-delà de cette hécatombe, les souffrances atteignirent un niveau inimaginable et ce jusqu'aux derniers jours dans un chaos à son paroxysme.
En particulier, les bombardements massifs, facilités d'un point de vue opérationnel par les bases de départ possibles de France et de Belgique et la neutralisation quasi-totale de l'aviation allemande, provoquèrent des massacres en masse de la population civile ; il suffit de mentionner le brasier de Dresde pour mesurer la dimension du tribut sanglant de cette période.
Ce livre ne traite pas des aspects militaires proprement dits, des ouvrages comme celui de Beevor sur la bataille de Berlin ou de Thorwald (la débâcle allemande) sont très complets sur la description des opérations
Quatre éléments d'explication peuvent être mis en évidence.
Le premier tient au régime de terreur, dont l'efficacité dramatiquement redoutable rendait toute velléité d'opposition collective quasi impossible. A cet égard, la répression post attentat du 20 juillet 1944 avait anéanti l'opposition existant au sein de la wehrmacht. le périmètre du III Reich se rétrécissant, le régime de terreur fut en quelque sorte rapatrié et concentré sur la population allemande et les millions d'esclaves non allemands asservis sur ces territoires, ouvriers forcés, prisonniers et déportés. Il n'existait pas de résistance suffisamment structurée pour organiser une révolution.
Cette soumission était favorisée, il s'agit du second point d'explication, par la conscience aiguë que le régime avait atteint le point de non retour et qu'il ne pourrait pas y avoir de solution négociée. C'était particulièrement vrai du réseau des dirigeants nazis, grands et petits dont les excès sanglants ne leur offraient aucune espérance en dehors de ce régime barbare.
On retrouvait un sentiment comparable dans les troupes engagées sur le front de l'Est qui avaient toutes participé ou au moins assisté aux atrocités commises en URSS à l'encontre des juifs, des populations civiles, des prisonniers de guerre. Cette guerre n'était pas conventionnelle, il s'agissait d'une lutte à mort, et les soldats allemands redoutaient, à juste titre, que les soldats soviétiques se vengent sans la moindre pitié, non seulement sur eux mais aussi sur les populations civiles qui n'allaient pas tarder à être exposées. Il n'y avait par conséquent pas d'alternative à l'Est, il fallait combattre et mourir, avec le seul espoir dans la période finale que les anglo américains arriveraient à Berlin avant les russes. Certains en haut lieu eurent même le rêve chimérique d'un renversement des alliances contre le « bolchévisme ».
Le troisième facteur fut lié à la valeur combattante de la wehrmacht. Jusqu'au mois de mars 1945, elle fit preuve d'une efficacité redoutable, malgré des moyens humains et matériels très en dessous de leurs adversaires, qui disposaient de ressources quasi inépuisables. La qualité des armes allemandes était souvent supérieure. Cette qualité était elle même liée à l'efficacité de l'industrie de l'armement dirigée par Speer et ses équipes avec une compétence remarquables eu égard aux contraintes de plus en plus fortes. Il est vrai que l'industrie pu utiliser une armée d'esclaves.
Enfin le dernier paramètre concerne certaines orientations stratégiques des alliés. A l'Ouest, ils tardèrent à refermer la poche de Falaise empêchant l'anéantissement de la quasi totalité des forces allemandes et le choix de l'opération de Montgomery à Arnheim ferma la porte de l'Allemagne pour de longs mois, cet échec permettant aux troupes allemandes de se réorganiser. A l'Est Staline arrêta l'offensive aux portes de Varsovie pour laisser la résistance polonaise se faire massacrer. Là aussi après l'anéantissement des armées dans le cadre de l'opération Bagation, l'Allemagne était grande ouverte.
Un livre très intéressant pour qui s'intéresse à cette période noire de l'histoire, avec toutefois une déception. En dépit de l'annonce de consultation de sources inédites, il n'y a pas véritablement d'éléments novateurs dans les faits et analyses de Ian Kershaw
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Ian Kershaw, l'un des spécialistes majeurs de l'histoire de la Seconde guerre mondiale aborde un point méconnu, à savoir l'extrême résistance du peuple allemand dans les derniers mois de cette guerre.
Dans un Troisième Reich reculant sur les fronts Ouest et Est, nous découvrons une résistance acharnée qui engage toutes les tranches d'âge puisque des adolescents côtoient des vieillards dans le Volksturm.
Les civils allemands font preuve, à la fois de fatalisme, et d'esprit de sacrifice

La Seconde guerre mondiale fut une guerre "totale". Les alliés occidentaux et soviétiques ne pouvaient et ne voulaient accepter qu'une capitulation sans condition.
Les dirigeants nazis ne pouvaient pousser le peuple allemand qu'à une résistance acharnée. Ils savaient que ce qu'ils avaient déchaîné : le conflit, la Solution finale et tous les autres crimes dont ils étaient coupables, ne pouvaient donner lieu qu'à un châtiment extrême.

La vie quotidienne dans cette apocalypse nous est décrite avec une extrême précision par l'auteur. Il nous fait sentir l'effroi des populations allemandes résidant dans la partie orientale de l'Allemagne devant l'avancée soviétique.

La résistance du peuple allemand peut s'expliquer par la répression féroce (commencée dès l'échec de l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944), l'impossibilité d'une solution négociée avec les Alliés et l'espoir dans les armes nouvelles promises par Hitler.
L'endurance des Allemands fut également encouragée, pendant quelques temps, par les débuts victorieux de l'offensive allemande dans les Ardennes en décembre 1944.

Hitler exige la destruction des usines allemandes et Albert Speer après lui, ministre de l'Industrie, fait annuler cet ordre. Speer pensait à l'Allemagne de l'après-guerre et ne souhaitait pas voir tout le tissu industriel allemand disparaître.
Ce drame se termine par le suicide d'Hitler le 30 avril 1945 dans son bunker à Berlin.

Ian Kerhsaw a écrit là, il faut le reconnaître , un livre admirable.
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en septembre1944,les allies sont sur les frontières ouest et est du Reich,les villes allemandes sont sans cesse bombardées ;ça sent la fin!

pourtant, le régime nazi va encore tenir 8 mois avant de capituler
pourquoi et comment?

C'est à cette thématique que kiershaw va répondre
avec sa rigueur et son brio habituel

vous avez aime ce livre et découvrez cet historien:lancez vous dans son oeuvre magistrale:"Hitler"
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critiques presse (1)
LeMonde
19 novembre 2012
Un maître-livre, vraiment, exemplaire de rigueur et de souci du récit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Une foi naïve et authentique en Hitler — que l'on trouvait peut-être encore le plus souvent chez les jeunes Allemands, même si là encore, cette attitude était devenue minoritaire — s'exprimait dans les pages du journal, par ailleurs pessimiste, d'une adolescente de Siegen, en Westphalie du Sud, dont la mère se faisait un sang d'encre pour ses parents qui n'avaient pas réussi à fuir l'encerclement de Königsberg. Sans radio depuis le dernier raid, la jeune fille ne savait pas où se trouvaient les troupes allemandes, mais elle ne voyait que trop clairement à quel point la situation était mauvaise. L'Allemagne avait besoin de troupes à l'est, mais alors les Britanniques et les Américains attaqueraient à l'ouest. Et maintenant, avec l'évacuation de Breslau, les gens devaient fuir à l'est aussi bien qu'à l'ouest. "Pauvre, pauvre Führer !" Telle fut sa première pensée. "Probablement ne trouvera-t-il plus le sommeil la nuit, lui qui ne voulait que le meilleur pour l'Allemagne." Elle n'était pas bien sûre de son avenir, mais s'accrochait à deux espoirs : que Dieu reconnaisse que le peuple allemand avait été suffisamment châtié (pour quelles fautes ? elle ne le disait pas) et "que le Führer ait encore une arme secrète à utiliser". Peut-être l'arme était-elle si destructrice, songeait-elle, que le gouvernement hésitait à l'employer. En tout état de cause, ajoutait-elle d'un ton fataliste, un homme ordinaire ne pouvait rien faire. Les choses suivraient leur cours. Et de terminer en regrettant la réouverture de son école début février : "Encore obligée d'apprendre dans des moments pareils ? Quelle horreur !"
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Les soldats de l'armée Rouge avaient marché vers l'ouest à travers leur propre pays et la Pologne et se retrouvaient maintenant, pour la première fois, dans le pays de l'ennemi haï. Ils étaient endurcis par les nombreux combats qu'ils avaient menés. Ils avaient parcouru des terres désolées, ravagées par la mort et la destruction. Ils avaient vu les traces de la brutalité sauvage de la conquête et de la domination allemandes. Ils avaient constaté la désolation laissée derrière elle par une armée jadis impérieuse qui appliquait désormais la politique de la terre brûlée dans sa retraite précipitée. Ils avaient noté les signes indubitables des terribles souffrances endurées par la population. La propagande soviétique incita alors ouvertement à la vengeance la plus terrible. Dans une proclamation typique des directives données en octobre 1944, on appelait les soldats à se "venger sans pitié sur les meurtriers d'enfants et les bourreaux fascistes" et à leur "faire payer le sang et les larmes des mères et des enfants soviétiques". "Tuez", exhortait-on ailleurs : "Il n'y a rien dont les Allemands ne se soient rendus coupables."
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Hitler savait mieux que personne le sort qui l'attendait si les Soviétiques le capturaient. Il fallait à tout prix éviter que cela n'arrivât. Il savait déjà quelle serait pour lui l'issue en cas de défaite. Dès le milieu de l'année 1943, il avait fait savoir à Baldur von Schirach, Gauleiter de Vienne et ancien chef des Jeunesses hitlériennes, qu'il n'y avait pour lui qu'une manière de mettre fin à la guerre : se tirer une balle dans la tête.
Il élargit sa propre destinée à celle du peuple allemand. Dès octobre 1943, il avait déclaré à ses Gauleiter réunis que le peuple allemand n'avait plus le choix ; il fallait continuer. C'est son existence même qui était en jeu. Il n'était pas le seul à avoir le sentiment qu'il n'y avait plus rien à perdre. Goebbels se félicitait qu'il n'y eût plus d'autre issue : le sort du peuple était ainsi lié à celui de la cause. Informant les dirigeants du Parti du massacre à grande échelle des Juifs à l'automne précédent, Himmler avait ainsi délibérément partagé la complicité : toutes les personnes présentes savaient qu'elles étaient désormais impliquées dans ce secret et qu'elles ne pouvaient plus revenir en arrière.
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Si la guerre est perdue,le peuple allemand est perdu lui aussi.Le destin est irreversible.Il etait donc inutile d'assurer non l'existence future,meme la plus rudimentaire.Au contraire,mieux valait detruire ses fondements meme car le peuple s'est revele faible et l'avenir appartient exclusivement au peuple de l'Est qui s'est montre le plus fort.Ceux qui resteront apres ce combat,ce sont les mediocres,car les bons sont tombes
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« La véritable énigme, a-t-on judicieusement observé, est de comprendre pourquoi des gens qui voulaient survivre ont combattu et tué aussi désespérément et aussi férocement presque jusqu'aux derniers moments de la guerre. »
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Vidéo de Ian Kershaw
Entretien avec l'historien Ian Kershaw à la librairie Millepages le 12 octobre 2016.
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