Citations sur Le Tour du malheur - Intégrale, tome 2 : Les lauriers r.. (17)
- Et ainsi circule la corruption, disait Richard. Un jeune homme vient à la vie des sens avec la violente innocente de l’instinct et l’innocente avidité d’apprendre. Il croit que tout est naturel. Et une femme plus âgée, ou plus avertie, lui enseigne, avec l’essentiel, avec l’élémentaire, ses habitudes privées et ses raffinements personnels. Elle les tient, elle-même, d’un autre homme et par son nouvel amant les transmettra à une autre femme qui à son tour… Et de semeur à terrain, de recherche en trouvaille, de curiosité en besoin, prenant leur origine de toutes les terres, toutes les bouches, tous les draps, tous les sexes, poussent éternellement les plantes étranges dont la race humaine fait son délice et son enfer. Et l’amour parfois se prend dans les lianes. Et c’est le pire. Les maladies vénériennes cheminent de la même façon. Mais pour elles, du moins, on trouvé la cure.
Ils marchaient en silence, chacun portant des pensées contraires. Mais, au débouché du bois, ils poussèrent, sans le vouloir, le même cri émerveillé. Devant eux s’étendait une allée naturelle de lauriers roses géants et en pleine floraison, et qui semblaient des candélabres fabuleux, alignés et doucement embrasés pour un triomphe sans fin.
- Voilà… dit Richard. Voilà ce que je cherchais – et ne pouvais trouver – quand j’essayais d’imaginer l’aspect de la gloire et de l’amour mêlés… C’est la réponse la plus belle.
Je n'ai à répondre de mes écrits et de mes actes que devant ma conscience.
Mes idées sont connues dans les Assemblées et dans le pays. Les honnêtes gens doivent être défendus ; les assassins doivent payer.
L'amitié a ses lois et le métier a les siennes... Chacun est libre de choisir.
J'étais si heureux dans ma prison, quand j'ai commencé d'écrire. Seulement je me suis mis à vendre l'écriture et c'est fini. Vendre à faux poids la politique ou le crime ou l'obscénité, passe encore ! Mais truquer sur l'esprit ! Et ce commerce l'exige. Les éditeurs payent en cachette les pauvres gens qui rédigent les échos.
Mais, après tout, qu'importe la façon de mourir, quand on a bien vécu ! Et Vanzone a bien vécu, fidèle à lui-même, sans se dédire jusqu'au bout. La rage contre la société et la passion de l'amitié le mèneront tranquille à l'échafaud.
On n'a pas tous les jours l'occasion de serrer sur son cœur une jeune princesse.
Je ne connais pas le détail de la vie que tu mènes, mais je n'aime pas ce gonflement des yeux et ces plis sur ta figure. Oh ! je sais, je sais, tu es assez jeune et solide pour ne pas dormir et boire, et le reste, et te tenir droit. Toi, tu peux durer longtemps. Mais pas ta fraîcheur. La sensibilité s'épuise plus vite que les muscles dans les nuits qui sont les tiennes. Quand elle sera usée, blasée, quand un malheur déchirant ou un crime fabuleux deviendront pour toi de la routine, alors fini sans retour.
Je n'ai jamais compris ce qu'on nomme amour. Je ne peux pas dire si je vous aime, mais vous possédez une force qui m'enlève l'angoisse. Je ne peux pas me passer de vous. Je ne peux pas. Et qu'est-ce que je demande ? Un sourire de temps à autre. C'est misérable, sans doute, mais cette misère, je saurai vous l'arracher.