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Citations sur La nature est un champ de bataille (21)

Comme l'a montré Immanuel Wallerstein, trois mouvements de longue durée expliquent l'accroissement des coûts de production au cours de l'histoire. Tout d'abord, l'exode rural, c'est-à-dire la transformation de larges masses de paysans en salariés. [...] leur arrivée dans les villes les rend désormais entièrement dépendants des salaires que leurs versent leurs employeurs, augmentant d'autant la part de la plus-value transformée en salaires et diminuant d'autant les profits. Ensuite, la demande de bien-être des populations - santé, éducation, retraites - tend à augmenter de manière exponentielle [...] immobilisant là encore d'importants volumes de capitaux. Un troisième facteur d'augmentation des coûts de production est l'épuisement de la nature. Celle-ci a procuré au capitalisme, pendant plusieurs siècles, des matières premières et autres ressources naturelles à bas prix. Elle parvenait également jusqu'ici dans une large mesure à absorber les déchets de la production capitaliste. Or ces deux fonctions [...] sont de plus en plus difficilement réalisées aujourd'hui, c'est-à-dire de plus en plus chères.
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Cet endettement est le fruit de baisses d'impôts massives, dinspiration néolibérale, pour les plus riches, de diminutions significatives des rentrées fiscales du fait du ralentissement de la croissance et du sauvetage des banques et d'autres institutions financières par l'État au moment de la crise. La crise des dettes souveraines intervient dans le contexte de ce que certains auteurs, parmi lesquels James O'Connor et Wolfgang Streeck, ont appelé la «crise fiscale de l'État ». Cette expression désigne le fait que les États n'ont plus les moyens financiers de leurs politiques et qu'il s'agit là d'une donnée structurelle, et non pas seulement passagère, apparue depuis le dernier quart du xx° siècle. Cette donnée structurelle a été encore aggravée par la crise des dettes souveraines.

Selon Streeck, les États sont aujourd'hui placés devant deux obligations mutuellement contradictoires : d'une part, consolider leurs finances publiques, ce qui doit leur permettre notamment d'emprunter à des taux d'intérêt plus bas que les taux actuels, la réduction des déficits et de la dette étant imposée par les marchés. De l'autre, continuer à procurer à leurs populations des niveaux d'investissement public dans l'éducation, la santé, les retraites... élevés, les attentes des populations en termes de bien-être, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale au moins, ne cessant d'augmenter'. En période de taux de croissance historiquement bas depuis plusieurs décennies, ces deux obligations sont impossibles à concilier. C'est ce qui conduit Streeck, qui s’inspire sur ce point d'O'Connor, à affirmer que le capitalisme et la démocratie ne seront plus compatibles pour longtemps.
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L'État moderne doit être conçu comme l'interface entre le capital et la nature. Il est l'instance qui régule l'usage des conditions de production, afin que celles-ci puissent être exploitées par le capital. La nature livrée au capital sans interface serait rapidement détruite par lui. Si le capitalisme a besoin de l'État, c'est donc d'abord dans un but d'autolimitation. C'est aussi, on l'a vu, dans un but de construction de la nature. C'est la raison pour laquelle la question centrale pour tout mouvement écologique digne de ce nom est la question de l'État.
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L'état organise donc la nature et la met à disposition du capital. Générer de la valeur capitaliste suppose de produire et détruire sans cesse de la nature. Le capital n'y parvient cependant pas seul, il a besoin pour cela du concours d'une entité à laquelle il puisse confier les tâches qu'il ne peut accomplir : l’État. Le capitalisme, la nature et L’État constituent par conséquent, à l'époque moderne, un indissociable triptyque.
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Si le commerce triangulaire a permis le développement de l'assurance, et si l'assurance a permis le développement de la finance, il est clair que financiarisation et esclavagisme ne sont pas des phénomènes étrangers l'un à l'autre. Que la traite atlantique ait pris une telle ampleur, comparée à celle d'autres régions, s'explique en partie par son imbrication avec la finance et l'assurance.
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Le capitalisme ne mourra pas de mort naturelle, pour une raison simple : il a les moyens de s'adapter à la crise environnementale. Il est en passe de le faire, une fois de plus, la démonstration de sa stupéfiante résilience. La financiarisation et la militarisation de cette crise ne sont rien d'autre, en dernière instance, que des illustrations de ce constat. Le capitalisme est à vrai dire non seulement capable de s'adapter à la crise environnementale, mais de surcroît d'en tirer profit.
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La conversion de l'armée [à la transition énergétique] donnera un signal au marché, encourageant l'ensemble de la société à effectuer cette transition [...] La militarisation de l'écologie pourrait ainsi conduire des pans de la société américaine jusqu'ici réticents à accepter certaines mesures de transition énergétique.
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Un objectif avancé par l'Armed Forces Journal est que le Pentagone soit à même de faire fonctionner tous ses systèmes avec des carburants non pétroliers - et particulièrement des biocarburants - en 2040. Le premier navire de guerre "hybride", l'USS Makin Islands, propulsé au gaz et à l'électricité, a commencé à naviguer en 2009. Les bases militaires devront elles aussi investir dans les énergies solaire, géothermique et éolienne.
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80% du pétrole consommé par l'Etat américain l'est par les forces armées. Chaque jour, celles-ci requièrent 130 millions de barils pour leur fonctionnement. Le pétrole représente aujourd'hui 77% des carburants employés par l'armée.
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En liberté, l'humanité court à sa perte, car elle ne peut s'empêcher d'infliger des dommages irréparables à son milieu. Seule une "dictature bienveillante" est à même de prendre les mesures qui s'imposent pour que son "salut physique" soit assuré. C'est ce que Jonas appelle "la tyrannie comme alternative à l'anéantissement physique". Rien n'indique à priori que cette tyrannie sera militaire. Mais le degré de préparation des armées face à la crise écologique laisse supposer qu'elles pourraient être de sérieux candidats pour en prendre la tête. L'adaptation au changement environnemental, en tous les cas, comportera une dimension militaire décisive.
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