Citations sur Le Sel de tous les oublis (202)
[..] mais je ne renoncerai pas à ce que j'estime être la plus noble des vocations : être utile aux autres. Si mes obligés me rendent la pareille, tant mieux; s'ils me mordent la main ou s'ils me font un bras d'honneur en guise de signe d'adieu, tant pis. L'essentiel est de continuer de croire dans la générosité des cœurs et de l'esprit.
Non, tu ne peux pas être un poète. Tu as trop de ténèbres dans les yeux. Un poète, c'est l'enfant des Lumières. Son esprit est un soleil. Il sait dire les choses qui éveillent aux éclaircies de ce monde. Or, tu es aussi déprimant qu'une faillite.
Eh bien, je vais te dire ce que nous ferons une fois la mer asséchée... Lorsqu'il ne restera pas une goutte d'eau au fond des abysses, lorsqu'il n'y aura que des rochers embrumés au milieu du corail et du sable brûlant, lorsque tout sera blanc devant nous, nous retrousserons nos pantalons par-dessus nos genoux et nous marcherons sur le sel des oublis jusqu'au bout de toute chose en ce monde. Et alors seulement nous deviendrons nos propres dieux.
- Comment réapprendre à vivre ?
- En gardant la foi.
- Et quelle est la tienne, toi qui es en froid avec ton Seigneur ?
- Ne jamais me considérer comme mort avant d'être enterré.
Ma taille ne minimise pas ma personnalité. De toutes les façons, on est toujours le nain de quelqu'un. Ma prétendue morphologie inaccomplie, je m'en accommode. La nature n'est pas malhabile. Elle conçoit toute chose à la perfection. C'est le regard des gens qui est déformant.
Le guerrier n'est pas celui qui part à l'assaut, un sabre à la main [...]. Le guerrier, le vrai, est celui qui met ses pas dans la marche de son temps, un livre sous le bras. Car l'ennemi implacable, l'ennemi de toujours, l'ennemi commun est l'ignorance.
Quand on est jeune, on croit avoir la vie devant soi. On ne fait pas attention au temps qui nous fausse compagnie en nous dépossédant chaque jour d'un bout de notre présence d'esprit. Puis, au détour d'une mauvaise passe, on constate qu'on a bougrement vieilli. En jetant un œil par-dessus l'épaule, on s'aperçoit que les rêves sont loin derrière nous. C'est alors que l'on mesure combien on s'est dépensé pour des prunes en négligeant l'essentiel.
La nature n'est pas malhabile. Elle conçoit toute chose à la perfection. C'est le regard des gens qui est déformant.
On ne fuit pas son ombre et on ne rattrape pas ce qui n'est plus. [...] il y a toujours sur la terre des damnés et des titans, à mi-chemin entre la folie et le renoncement définitif, quelqu'un de plus à plaindre que soi.
En société, nul ne peut observer la morale sans se faire violence. Il y a des ermites qui croient, en s'isolant, l'observer avec sérénité. Ceux-là trichent avec eux-mêmes. La morale ne s'exerce que parmi les autres. Fuir ces derniers, c'est fuir ses responsabilités.