j'ai fini cette pépite aujourd'hui et je tenais à en parler sans tarder, d'abord j'aimerai complimenter la belle plume de l'auteure, bien rimée et poétique, j'ai aussi aimé son lexique qui est influencé par son premier domaine la biologie.
Pour ce qui est du récit, il est a été vraiment captivant pour moi, c'est vrai que c'est dû en parti au fait que tout ce qui concerne l'histoire de mon pays me passionne et ici c'est la ville de jijel qui est mise au devant de la scène (jijel ou anciennement Gigéri est une ville côtière situé à l'est algérien), les histoires se déroulent au 17 siècle (tantôt en 1664 et tantôt en 1679), j'ai enfin apprécié le côté mélancolique de certains personnages et comment le destins de quelques uns se sont retrouvés.
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Le couple a installé une habitude qui a vite fait de le sortir de ses désespérances. Pendant les derniers instants d'obscurité insistante, ils ont inventé un monde parfait, détaché de leur passé, de leur histoire, de leur mariage et même de leur première rencontre. Leurs journées, leurs problèmes, leurs joies ou leurs misères sont en dehors de cet instant. Sans se parler, ils se touchent seulement, lentement.
Leurs corps exigent le silence. La main glisse
et veille. Les doigts aveugles observent. Ce n'est pas la présence rassurante qu'ils cherchent mais la partie absente, à conquérir, à retenir. Celle qui est sur le point de partir. Cette parcelle qui peut bouleverser toute une vie et qui se cache quelque part dans le corps de chacun. Le plus dur n'est pas de la trouver, mais de la convaincre de rester.
Dans la ville explosée, nul besoin de creuser des tombes pour enterrer les corps laissés sans sépulture. La cité n'est plus qu'une immense crypte qui promet d'ensevelir les vivants aussi.
La mosaïque romaine qui, depuis des siècles trône à l'entrée de la ville, ne sait plus quoi raconter ni comment se lamenter. Bacchus a perdu un bras et sa coupe de vin a volé en éclats !
Thiziri voyage à travers son récit dans les profondes eaux turquoises. Elle regarde les vagues dunaires qui s'arrachent à la mer. L'eau boit le bruit de la rue tandis que le rocher, lassé, écoute les hommes se disputer. Les vagues, selon leurs humeurs, le frappent ou le caressent.
En fin de journée, il cède aux flots qui lui lèchent le dos et se jette dans la Méditerranée.
Gigéri n'est pas une terre. Cest une île sous la mer !
Sois lune, ma fille, qui éclaire sans éblouir
Sois lune dans le ciel, haute, qui observe
Sois lune discrète et lumineuse
Sois lune qui se transforme, toujours belle, jamais pareille
Sois lune qui traverse les rivières
Sois lune qui nourrit la fleur et fait monter la sève.
Oui, tout est devenu évident, presque léger. Sa fiancée est rongée par un mal invisible qu'on appelle théâtre, un mal qui t'éloigne de ceux qu'elle aime, sans le moindre remords.
Maintenant qu'il a compris, sa douleur n'est plus diffuse. Il la situe dans son ventre et la sent creuser son nid sous sa chair. Avecnses doigts, il l'effleure, elle se laisse dompter, caresser. Il la tient, la serre entre ses mains, l'arrache à ses entrailles, frappe son abdomen très fort. Elle cède enfin et retire ses
dernières griffes de son corps.