Visages anciens
Il faut chercher leurs contours sur les stèles
leurs voix dans le platane qui connait le miroir de dos
et qui n'a pas fini d'observer leurs déplacements entre maison debout et maison renversée
incapable d'éclaircir les liens qui les unissent.
Il retient son souffle lorsqu'il les voit enjamber les champs
pénétrer le miroir à reculons
s'y bousculer
se disputer la surface polie qui détient un peu de leur âme.
La montagne peut bien s'en aller
à condition de laisser son ombre
nécessaire pour délimiter les frontières du vent
Le vent dit-elle…
Le vent dit-elle ne sert qu’à ébouriffer le genêt
à donner la chair de poule au renard
avec lui il faut consentir comme avec le diable
Vue de son toit
la ville avec ses maisons ressemble à du linge sur une corde
Elle n’eut pas d’enfants pour ne pas engendrer de morts
point d’arbre pour ne s’encombrer de son ombre
ni de morts
L’argile qu’elle pétrissait donnait un pain friable apprécié des serpents
Elle n’eut pas de chemin non plus
son ruisseau s’était tailladé les veines de chagrins entassés
Et la Grande Ourse n’était pas praticable au mois d’août
Dans sa bassine de cuivre ses confitures bouillaient avec les étoiles