Le secret ottoman

Ceci s'appelle donc une uchronie. En 1683, les troupes ottomanes ont réussi le siège de Vienne et vaincu la chrétienté, poursuivant jusqu'à la conquête de toute l'Europe.
Nous voici en 2017 à Paris où fleurissent les minarets. le régime en place est une dictature impitotable et sanguinaire, faisant penser à l'Etat Islamique ou aux Talibans. L'auteur aurait pu se contenter de nous conter l'histoire de quelques personnages dans ce contexte particulier. Kamal est un policier fidèle au régime dont il ne voit pas les excès. Son frère Ramazan, anesthésiste, est plus critique, mais c'est surtout sa femme Nisrine qui symbolise la révolte pour la liberté et pour l'égalité entre les sexes.
Malheureusement Khoury a ajouté un personnage particulier à son récit, celui-là même qui est à l'origine de l'uchronie, Ayman Rachid, qui a découvert en son temps la formule magique qui permet de voyager dans le temps. Et comme il rêve de voir les Ottomans maîtres du monde, ou du moins de l'Europe…
Rachid compte bien garder son secret pour lui seul, mais le voilà très malade et obligé de se faire opérer. C'est bien sûr Ramazan qui sera son anesthésiste, et qui fera parler Rachid malgré lui, encore dans les brumes du réveil post-opératoire. Nesrine a pu noter elle aussi l'incantation dévoilée.
Les autorités, qui n'ont plus confiance en Ramazan, le tuent ainsi que ses deux enfants. Nesrine décide de les venger, avec l'aide de Kamal qui a finalement compris dans quelle pièce il jouait.
C'est là que le roman dérape complètement. L'histoire devient tordue, mais on l'aura compris, si danger il y a, nos deux héros s'échapperont facilement en prononçant l'abracadabra salvateur. A certains moments, il faut se concentrer pour se rappeler à quelle époque on est, voire quel jour de la semaine ! de plus, le récit devient une succession de bagarres, de meurtres, écrit avec beaucoup de naïveté. La curiosié de connaître la fin m'a permis de terminer cette brique de 600 pages.
Dans l'épilogue, l'auteur tente de jouer au philosophe. En voyant toutes les atrocités qui se déroulent dans le monde actuel, Kamal se demande s'il a bien fait de tuer Rachid à temps et d'annuler ainsi cette tricherie de l'histoire. Un exilé turc à Vienne le convainc que notre régime n'est pas meilleur que les autres, mais au moins, nous a appris la notion de liberté.