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Critique de Bibliozonard


En septembre 2012, à l'occasion de la sortie du magazine « Les 50 titres cultes Pocket » (disponible en version numérique uniquement), j'ai eu l'honneur de voir mon commentaire reprit pour « La part des ténèbres » de SK dans la catégorie des romans contemporains. C'est dans ce cadre que ce livre m'a été offert. Voici le lien pour consulter le magazine : (http://www.wobook.com/WBIz43j1Yl44-fullscreen).
Thadeus Beaumont est un écrivain doué et professeur à l'Université du Main. Il vit des jours paisibles avec sa femme Liz et leurs jumeaux, William et Wendy, à Ludlow. Une famille qui représente le coeur du rêve américain. L'auteur a cependant un blocage chronique devant la page blanche. Et malgré ces deux ou trois livres produits, le succès escompté ne démarre pas comme il le souhaiterait. Cela est d'autant plus frustrant qu'il connaît le tapis rouge quand il écrit des romans sanguinaires, sous le nom de Georges Stark.
Une situation qui restait malgré tout gérable jusqu'au jour où l'identité fictive de Thad est dévoilée. C'est en posant avec sa femme devant un simulacre de tombe à la mémoire de son pseudo, qu'il décide de reconnaître le subterfuge dans un magazine people. George Stark est donc mort et enterré. Mais que va devenir Thad qui se sentait libéré en écrivant au nom d'un autre, qui était ce qu'il admirait, ce qu'il n'était pas et qui avait ce qu'il ne pouvait avoir ? C'est un univers complet qui s'efface et s'écroule pour lui.
Et si tout n'était que le commencent… avec un tueur en série qui sévit…
Voilà un ouvrage complet et très intimiste. L'auteur se dévoile comme dans « Écriture ». Il nous ressert un dérivé de « Misery » avec des tendances d'« Histoire de Lisey », l'offrande d'un déco personnel avec sa région du « Main » natale et une tension « Hitchcockienne » en faisant allusion au film « Les oiseaux » de 1963, inspiré d'une nouvelle d'une romancière britannique Daphné du Maurier (le king la cite d'ailleurs). On ne peut s'empêcher de penser au film « le fan » en 1996, joué brillamment par R. de Niro. Pour compléter ce suspens envoutant, l'ajout d'une ambiance policière digne d'un huis clos à la Agatha Christie (citée aussi par SK dans le livre) rend l'ensemble très fouillé.
C'est le comble de l'horreur, un fabuleux mélange, un thriller psychologique remarquable. Une tasse de fantastique au petit déjeuner. Succulent.
En plus de l'écrivain et son double, les personnages qui participent à l'intrigue sont totalement présents, même s'ils sont moins complexes que Thad. Ils ne passent pas inaperçus. Ils ont des petits rôles réussis qui entraînent un tout parfait. Ceux qui jouent ces détails secondaires ont une valeur primordiale pour l'excellence que doit donner l'accumulation des actions. « J'ai un rôle à jouer ici, se dit le policier. Un rôle secondaire, mais rappelle-toi ce que le type disait au cours d'art dramatique : il n'y a pas de petits rôles, il n'y a que des petits acteurs » (Shérif Alan Pangborn).
Dualité dans la dualité.
King s'exprime en connaissance de cause, lui et son pseudo Richard Bachmann. Il se raconte à travers Thadeus Beaumont et Georges Stark. Une histoire de jumeaux… L'intérêt des lecteurs pour les auteurs, à l'extrême le lecteur exige la soumission de l'auteur à ses désirs. L'écrivain doute, se cherche, se lance, se plante et réussit. Est-ce que l'univers inventé appartient toujours à son créateur où il disparaît à l'accouchement ? Il reste. Inséparable de l'écrivain, même sans pseudo, la dualité, la double personnalité persiste. Et puis pourquoi ne pas rester soi même ? Pour avoir la paix ?
« Écrire sous un pseudonyme, c'était comme devenir invisible » (p37).
Pour la qualité des personnages, il suffit de citer « les influences » de l'auteur.
Pour Georges Stark, ce nom vient de l'auteur Donald E.Westlake (oui celui de chez Rivages/Noirs) qui avait écrit sous le pseudo de Richard Stark, entre autres. Son héros principal s'appelait Parker, un cambrioleur professionnel. de là, Thad choisit Georges Stark comme nom de plume, qui devait être proche du Parker de Westlake. Et le personnage principal des aventures écrites par Georges Stark est Alexis Machine. Choix expliqué tout de suite venant de la postface écrite par Stephen King dans son livre.
Pour le psychopathe, King nous parle d'un précurseur en la matière (1975) qui a lancé en partie les fameux tueurs en série, psychologie criminelle peinte en profondeur, point de vue comportemental fourni avec une grande densité : et oui c'est Shane Stevens. le « Alexis Machine » vient du roman « Dead city », 1973, de S. Stevens. L'auteur que vous connaissez peut-être mieux avec « Au-delà du mal » 1979, redistribué chez Sonatine (2009) & Pocket (2011). Pour le reste, acheter les bouquins.
Thad et Georges. La part des ténèbres de l'un et l'autre. C'est à se demander s'il ne s'agit pas de paranoïa, de schizophrénie ou d'une certaine folie. Question plausible quand l'imaginaire se colle à des faits réels sordides, des meurtres liés à l'identité de Thadeus Beaumont. Confronté à l'impossible, qui mieux que lui devrait savoir comment agir. Lui contre lui, quelque part… Intriguant, n'est-ce pas ? Vous pourriez penser à un fan fou qui se prend pour… et exige…. Quand un personnage imaginaire se matérialise, à l'invention il est adorable, en vrai aussi agréable et beau que les revenants dans Simetierre. Un personnage fictif en colère dans un monde réel, notre monde, Dexter à côté, c'est un enfant de choeur.
Bonne prochaine lecture.
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