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sur 1273 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'homme qui savait la langue des serpents est un très beau livre. Leemet nous y raconte son histoire, histoire de la fin d'une époque. Celle où les hommes savaient encore la langues des serpents, où ils tissaient des amitiés avec les serpents et les ours, où l'on vivaient heureux dans la forêt. Mais Leemet va voir arriver les hommes de fer et les moines, et les habitants de la forêt vont partir dans le village et oublier d'où ils viennent.

A travers son histoire, Andrus Kivirahk, nous montre une critique de l'obscurantisme religieux, d'une modernité pas toujours bénéfique. Mais le monde perdu n'est pas non plus parfait avec ses propres croyances. Au milieu de tout çà Leemet a du mal à trouver sa place, mais va rester là où la vie l'a mis dès le départ. Il sera le dernier né de la forêt, le dernier homme de la famille, le dernier habitant de la forêt et le dernier à savoir la langue des serpents.

Un beau livre qui se veut la chronique de la fin d'une époque, difficile à lacher
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[Coup de coeur] En refermant ce roman, je dis waouh ! Une fable magique sur le temps qui passe et la modernité qui arrache les hommes de leurs racines, pour leur bien ou leur malheur. Andrus Kivirähk, nous entraine en Estonie, décrivant un moyen-âge fantasmé où les peuples sont attirés par les lumières d'une Chrétienté conquérante et aveuglés par le désir de devenir des êtres civilisés. Les pages se tournent sur une saga inspirante empreinte de sagesse, de colère et pas forcément d'espoir. D'autant plus d'actualité, ce roman nous projette vers les fausses lumières de la société de consommation, des images de célébrités et de riches, qui nous détournent d'une terre qui prend feu.

Au moyen-âge, Leemet est un enfant de la forêt. Malgré quelques temps passés dans un village à l'orée des arbres, sa famille est retournée dans la cabane ancestrale. Avec sa mère et sa soeur, ils vivent en communion avec la nature et les animaux. Son oncle lui apprend la langue des serpents, ce sifflement que tous les animaux reconnaissent et parlent. Mais peu à peu, la forêt se vide de ses familles attirées par la vie au village et les coutumes des chevaliers venus d'au-delà des mers. Sera-t-il le dernier des hommes à savoir la langue des serpents ?

L'homme qui savait la langue des serpents comporte évidemment plusieurs niveaux de lecture, dont certains m'échappent certainement. Au-delà de la fable, c'est une aventure initiatique pour le jeune Leemet, l'adulte et le vieillard. L'auteur utilise aussi l'humour pour décrire l'aliénation de l'homme au travail, qui ne s'aperçoit pas qu'il s'est enchainé lui-même et a rendu prisonnier ses enfants. C'est ainsi, que certains penseurs ont accusé l'agriculture, d'être le malheur des hommes, en tant que créatrice de la propriété, de l'obligation de travailler, des classes sociales, des guerres…. Merci aux éditions le Tripode pour cette belle traduction.

❓Et vous, pensez-vous que l'agriculture fut le début du malheur des hommes ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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Qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman unique, cet ovni littéraire, ce conte qui me marquera bien après avoir tourné toutes les pages…

De la culture estonienne en général et de ce roman en particulier, je ne connaissais pas grand-chose…mais dès la première phrase, j'ai été embarquée dans cette histoire qui ne laisse pas indemne, aux côtés de son héros, Leemet, le dernier homme qui savait la langue des serpents et qui a vu le monde de ses ancêtres s'écrouler pour laisser place à une société dite moderne, où religion, obscurantisme, travail et guerre font loi.

Leemet est un Homme, au même titre que sa maman, sa soeur Salme et ses amis Paërte et Hiie. Il vit en forêt, au plus près de la nature et des animaux qui y habitent et avec lesquels il entretient d'étroites relations, grâce à la langue des serpents, don transmis de génération en génération, mais que Leemet est le dernier à recevoir. En effet, sous l'influence du Pape et par le biais des évangélistes, le christianisme est arrivé en Estonie ; les seigneurs ont construit des châteaux et règnent sur les villageois ; la forêt a été abandonnée, les us et coutumes et anciennes croyances ont été méprisés, la langue des serpents a été oubliée…

Ce roman m'a profondément bouleversée, par la puissance de son intrigue, qui n'épargne pas son héros (ni son lecteur), au travers de scènes particulièrement difficiles, où injustice, séparation, traumatisme, violence, brutalité sont au rendez-vous ; par la beauté de sa narration ; par la claque sensorielle qu'il procure (j'ai été aussi stupéfaite d'assister à l'hibernation douce, chaleureuse et réconfortante de serpents qu'à la puanteur émanant d'un cadavre ; à la description d'une morsure de serpent ou le départ d'un foyer d'incendie) ; malgré ces évènements bien peu reluisants, j'ai été hypnotisée, envoûtée par ce récit universel qui est avant tout une ode à la nature et une dénonciation de la condition humaine tout simplement, l'Homme étant incapable de réfléchir par lui-même, n'acceptant pas le changement à l'instar du vieux Sage fou Ülgas, mais n'apprenant pas non plus les leçons du passé, au même titre que l'ignorant Johannes…

Pour conclure, L'Homme qui savait la langue des serpents est l'un de ces romans difficiles à oublier, laissant une empreinte dans l'esprit et le coeur de son lecteur, un conte philosophique que je garderai en tête et dans lequel je replongerai de temps en temps, ne serait-ce que pour ne jamais oublier celui qui fût le dernier homme à savoir la langue des serpents !

A lire !
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Je vais me joindre avec enthousiasme au concert de louanges qui a accueilli la parution de ce livre remarquablement traduit. Outre une narration bien menée, une imagination puissante et un humour savoureux, « L'Homme qui savait la langue des serpents » recourt de façon originale et saisissante au fantastique. Si l'on en croit Jean-Pierre Minaudier, son traducteur et préfacier, Andrus Kivirähk puise pour ce faire dans la mythologie nordique. Quoi qu'il en soit, c'est moins par sa nature – même si elle offre au lecteur des créatures et des visions stupéfiantes – que ce fantastique est remarquable que par sa signification. Alors que les récits de fantasy se servent au mieux des créatures fantastiques pour parler du mal et de la face sombre de l'homme (et au pire pour en faire de simples variantes d'ennemis ou d'auxiliaires), le fantastique sert ici le propos à la fois historique et métaphysique de l'auteur. Andrus Kivirähk nous parle ainsi de la perte, de la disparition inéluctable d'un passé pas forcément meilleur, mais précieux parce qu'il est voué à la disparition.
Leemet, le héros et narrateur est le dernier en tout : le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à savoir la langue des serpents, le dernier gardien de la salamandre, le dernier habitant de la forêt… Et il va nous livrer le récit poignant de sa vie, où l'on verra disparaître inéluctablement tout ce qui constituait sa réalité. L'auteur ne sombre ni dans la nostalgie ni dans l'idéalisation, mais, de façon extrêmement subtile, se sert du fantastique – la salamandre, les hommes qui parlent aux serpents et aux animaux, la maîtrise des vents… – pour incarner la réalité condamnée. Cela donne un livre d'une richesse prodigieuse, sans le moindre manichéisme.
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Je n'avais pas envie de lire ce roman. Heroïc fantasy ? Bof, le genre ne me tente guère. Fable médiévale, bof aussi je ne suis pas très fan des romans historiques. Sans les avis dithyrambiques de quelques amis lecteurs, c'est clair que je serais passée à côté et….j'aurais eu tort car c'est une véritable perle !
Nous sommes donc en Estonie au moyen âge au moment de sa conquête par les chevaliers allemands qui vont christianiser le pays. Leemet va nous raconter sa vie depuis son enfance jusqu'à sa vieillesse. Leemet vit encore dans la forêt alors que la tendance est de s'installer dans un village, de manger du pain, de cultiver la terre et d'adorer cette nouvelle star qu'est Jésus-Christ ! Alors que dans la forêt, on chasse en parlant la langue des serpents (ce qui hypnotise les animaux), on ne travaille pas, on élève des louves qu'on traie, on fait copain avec les serpents qui sont les animaux les plus évolués, les filles se font séduire par des ours si attirants et si doux etc…!
Il y a plusieurs dimensions dans ce roman et cela fait tout son intérêt :
Une dimension humoristique avec des dialogues et des situations très marrantes entre Jésus superstar, les chants hyper tendance des moines castrats, les ours libidineux, les hommes de fer si prestigieux, j'en passe et des meilleurs ! L'auteur fait preuve d'une belle imagination utilisant et détournant semble-t-il les légendes et croyances populaires de son pays. J'ai été un peu étonnée par le style très actuel et décalé par rapport à l'époque décrite mais cela participe au comique.
Une dimension pamphlétaire comme le rappelle la postface, sur l'attrait de la nouveauté et de tout ce qui vient de l'étranger forcément tendance. L'auteur dénonce autant ceux qui ne jurent que par la nouveauté en se privant de leurs savoirs et traditions, que ceux qui ne jurent que par l'ancien temps. C'est l'occasion aussi de se moquer de tous ceux qui confient aveuglément leur destin à un Dieu quelque qu'il soit (le dieu nouveau chrétien ou les anciens dieux païens).
Une dimension tragique enfin car c'est la fin d'un monde qui nous est décrit et la fin aussi d'une certaine harmonie entre animaux et humains : Leemet sera le dernier homme à parler la langue des serpents et à pouvoir échanger avec les animaux, il sera le dernier à connaître la Salamandre animal mythique du peuple de la forêt, il sera même le dernier homme de la forêt. Plus on avance dans le roman, plus celui-ci devient mélancolique.
Voilà j'ai dévoré, aimé, ri et presque pleuré. Une très belle découverte qui change de mes lectures habituelles.
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Honnêtement j ai eu qq difficultés à rentrer dans l histoire. Pourquoi? Parce que je m attendais à y trouver ce réalisme magique que j apprécie tant et ce livre est marqué de cette appellation, sur le site, et ailleurs..mais point de réalisme magique ici, non, c est une fable, un conte, c est magique, mais sans réalisme.
Une fois ce constat fait, je me suis laissé emporté par l histoire, par le style. Et c est tant mieux, car ce livre est vraiment particulier. Promener un pou géant, coucher avec un Ours, certes, au début on se demande ce qu on fait là dans cette forêt ou Leemet, le personnage principal nous raconte sa vie et nous fait vivre ses rencontres, ses combats. C est qu il parle la langue des serpents, Leemet, eh oui, un langage qui se siffle et qui permet de s entretenir avec les animaux, de les faire obéir..l entourage de Leemet est lui aussi hors normes, famille et amis vivent au rythme de la forêt qui offre nourriture, habitat et protection.
Mais le village, non loin, va attirer les passions, les doutes, les envies..
Ce livre un plaidoyer anti clérical, une dénonciation des grenouilles de bénitiers, de la religion en général, de la bêtise aussi. C est parfois violent, le côté païen est très bien décrit par les actes, les mots. C est magique également, poétique parfois. On s attache très vite aux personnages, c est prenant et addictif..mais c est surtout d une originalité folle..
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Roman foisonnant, fantastique, picaresque, pamphlétaire, drôle et d'une infinie tristesse. Un style qui trompe par sa simplicité, des anachronismes qui font sursauter au début de la lecture, mais dont on s'aperçoit qu'ils sont posés là à dessein. Une construction logique, un ton qui passe progressivement mais inexorablement de la légèreté au tragique au fur et à mesure de la disparition du monde du « peuple de la forêt », soit attiré par le Monde Nouveau, ses merveilles technologiques et ses nouvelles modes, soit décimé par les catastrophes engendrées par l'oubli des significations réelles des traditions.

Relire le début du premier chapitre après avoir tourné la dernière page, et c'est la boucle qui est bouclée. le fond du propos tient en une phrase : « C'est la sottise qui est humiliante, pas la sagesse. ». Et la sottise se déploie dans ces pages sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de la fascination pour les nouveautés technologiques, de l'admiration idiote pour des colonisateurs hautains et méprisants, de la joie à se courber sous le joug de travaux inutiles, des traditions dévoyées et outrées jusqu'au non-sens et au dégoût.

Andrus Kiviräkh est impitoyable pour ceux qui font preuve de sottise, signée par l'incapacité à se comprendre, à se parler, la préférence pour les préjugés et l'irrationnel, la peur de l'autre. Pour autant, il ne fait pas l'apologie non plus d'un retour en arrière vers un passé idéalisé, pas plus qu'il n'épargne ses propres personnages, eux-mêmes victimes d'une forme d'aveuglement, d'une fureur vaine, ou d'un découragement et d'un enfermement dans la solitude. La tristesse du roman, c'est que les mondes passent, ce qui est éternel est endormi sous terre, il n'y a pas de solution ni de remède à la finitude.
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Ce roman envoutant et dont on sort comme étourdi, imprégné, se déroule en Estonie et retrace l'histoire d'une population en voie d'extinction.

Ces habitants qu'on désignait comme le "peuple de la forêt" s'éloignent progressivement de leurs racines, attirés comme des insectes par les merveilles de civilisations des colons. Cette fable s'inspire du passé de ce territoire, colonisé par les Allemands au 13ème siècle et dont on dit qu'il fut le dernier à être "christianisé". le récit met en scène le déclin de cette harmonie païenne, brisée par ce qui reste encore considéré comme une invasion.

Le narrateur est le dernier de son clan à connaitre la langue des serpents. A mesure qu'il grandit, il voit la forêt se vider de ses habitants... . Lui seul sait parler ce langage originel et commun à tous les êtres vivants ; ses congénères, eux, ont tout oublié de ce pouvoir ancestral et préfèrent s'abrutir de travail plutôt que de continuer à vivre en harmonie avec la nature.

Une plongée dans un monde truffé de légendes et coutumes, qui se heurtent au bon sens comme à la modernisation de la société. le clan, longtemps protégé par une fabuleuse salamandre qui ne daigne plus s'éveiller, se décime peu à peu. le personnage principal devra choisir son clan, devenir un homme de son temps ou rester fidèle aux siens et à ses principes. le dernier homme de la famille et de son clan aura une vie étonnante et finira par trouver un allié improbable, en la personne d'un vieillard hargneux et ailé.

Ce livre met en scène le principe même de civilisation, sorte de mythe de la caverne revisité, dans lequel sont ridiculisés la religion comme les superstitions et rites païens, le modernisme à outrance et les impostures morales, l'innocence prise en otage par différentes croyances absurdes... . D'autant que la vérité se trouve peut-être à ras de terre, dans l'esprit d'un défoncé aux amanites tue-mouche devenu ivrogne... .

Une fable qui tisse le merveilleux, le grotesque et le tragique, dans laquelle se heurtent mondes anciens et nouveaux, rites païens et chrétiens.
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Top lecture de l'année ;-) et je l'ai pas vu venir!
Je ne me lasse pas de regarder la couverture, sans compter que ce pavé se pose juste bien dans la main: je me laisse complètement glisser dans cette histoire, cette épopée, ce pamphlet. Les aventures initiatiques, le déclin d'un ancien temps, le devoir de mémoire, le regard perplexe sur la modernité, l'amour, l'amitié, la famille, l'exode, les croyances, l'auteur ne manque pas une ligne pour tout ce qu'il y avait à en dire... Tous les camps de cet ancien et nouveau monde sont savamment représentés. C'est même drôle à lire. Et c'est vraiment un univers rempli de merveilleux. Un bijoux d'imaginaire.
La force de ce pavé, pour moi, c'est véritablement sa légèreté. Hop, il passe de mains en mains à la maison!
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Gros coup de coeur pour ce roman estonien qui m'a envoûté de la première à la dernière page.
L'auteur place l'action au Moyen - âge, où l'homme commence petit à petit à s'éloigner de la vie de la forêt pour s'intéresser à la vie de la campagne.

On y trouve des situations drôles, de l'humour, des personnages intéressants, une écriture imagée.
Même si des événements tristes se produisent de temps en temps, la tristesse ne s'installe pas longtemps.
Une très belle découverte que je me dépêche à mettre sur la liste des livres que je prendrais bien sur une île déserte.
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