Les Ravenel, tome 1 : Coeur de canaille

Ce n'était pas très agréable de découvrir qu'on avait un sens moral aussi rigide que du carton mouillé.

Monsieur, il y a trois choses que les gens s'attendent à trouver chez un aristocrate, rétorqua le valet en attrapant le porcelet par son collier. Une propriété de campagne, un menton fuyant et un comportement extravagant.

- Comment vous sentez-vous milord?
- Suffisamment bien pour passer un moment au rez-de-chaussée. Mais on ne peut pas dire que je sois au sommet de ma forme. Et si par malheur j'éternue, je crois que je vais pleurer comme une fillette.

Hélas, les mâles de la famille avaient toujours été passionnés et impulsifs. Ils cédaient à toutes les tentations, se vautraient dans le péché et méprisaient la vertu. Résultat, ils mouraient plus vite qu'ils ne pouvaient se reproduire.

Hé, attention ! Je suis censé engendrer un héritier, ce qui signifie que certaines parties de mon anatomie sont encore plus précieuses que les vrais bijoux de famille.

Quand on n'avait pas d'honneur, on n'hésitait pas à faire des serments.

Je n'ai qu'un seul moyen de vous prouver que je vous aime et que je vous serai fidèle jusqu'à la fin de mes jours: en vous aimant et en vous restant fidèle jusqu'à la fin de mes jours.

- Si vous comptiez m'expliquer en quoi il est gênant d'avoir chez soi un mâle non castré, je le sais déjà, répliqua-t-elle.
Weston s'étrangla avec son pain. Du côté de Devon, ce fut le silence.

- Certes. C'est si amusant de monter et descendre les escaliers avec de seaux d'eau. Sans parler des pots de chambre. On ne saurait priver les serviteurs d'une activité aussi divertissante.

- (...) J'ai découvert aussi qu'Eversby Priory possédait l'un des bois les plus giboyeux de toute l'Angleterre, enchaîna Weston en s'emparant de son verre de vin. On pourrait peut-être aller chasser la grouse demain.
- Excellente idée. Commencer la journée par un meurtre, cela me convient tout à fait.