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EAN : 9782881088643
314 pages
Editions de l'Aire (15/02/2009)
4/5   1 notes
Résumé :
Philippe Zimmermann est né dans le Grand-Duché de Bade en 1845 d’une famille de cordonniers, à une époque où la misère obligeait les gens à marcher pieds nus. Il émigre donc et s’installe à Sainte-Croix où il se marie en 1871. Pour nourrir ses quatorze enfants, il se démène, vend des bottines de sa fabrication, du foin, des porcs, des paniers, de tout. Membre de la Société du Grütli, il suit la crise de l’industrie des boîtes à musique dont ses fils et ses filles dé... >Voir plus
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Aussi ceux du quartier de la Charmille étaient-il tous aux fenêtres ou sur le pas de leur porte, lorsqu’à la fin de juin le cordonnier descendit le chemin en direction de la voie ferrée. Il était beaucoup trop tôt. Il le savait, mais préférait attendre à la gare. Il entendrait de temps en temps, le sifflet de la locomotive, peut-être même apercevrait-il une volute de fumée s’effilocher au-dessus des sapins.
Philippe faisait les cents pas sur le quai quand le train surgit de la plaine et s’arrêta en grinçant. Des hommes et femmes sortirent par les portières. Certaines portaient des robes longues et de larges chapeaux ornés, d’autres plus modestes cachaient leurs cheveux sous un fichu. Philippe regardait à droite, à gauche, montait sur la pointe des pieds, mais aucun enfant seul ne traînait en hésitant parmi les voyageurs.
A la fin pourtant un garçon se montra dans une portière ouverte. Il resta un moment debout, au sommet des marches, puis prenant son élan, il atterrit pieds joints sur le quai. Il portait de grosses chaussures de montagne et des chaussettes tricotées à la main qui tirebouchonnaient sur les chevilles. Il avait un pantalon court, et une chemise de flanelle grise. Sa tête était rasée, Bertha sans doute faisait l’économie du coiffeur, mais il avait un bon visage rond de petit paysan, ce grand front bombé qui caractérise tous les Zimmermann et qu’il avait hérité de son grand-père. Philippe observait l’enfant, mais lui ne cherchait personne. Il tenait à la main un baluchon qu’il abandonna sur le quai, soudain attiré par quelque chose que Philippe ne voyait pas. Le petit se mit à avancer et, s’accroupissant progressivement, arriva à genoux devant la barrière qui séparait la place de la gare du quai, puis il tendit la main à travers les barreaux en disant :
– Viens, viens mon beau chat, viens mon chat.
Philippe compris alors ce qui avait retenu l’attention de Marc. C’était un chat noir, son chat même, un énorme chat que la vieille Catherine nourrissait beaucoup trop. L’enfant répéta :
– Viens, viens.
Et le chat, passant au travers de la barrière, là où il manquait un barreau, sauta lourdement sur les genoux de Marc qui tombant à la renverse, se retint d’une main, tandis que de l’autre il se mettait à caresser le chat. Celui-ci était si gros que ses moustaches chatouillaient le visage de l’enfant. Il secouait la tête en riant quand l’animal soudain le quitta d’un bond et disparut.
Le garçon se releva, et, revenant à la réalité, se mit à chercher son baluchon. Le quai était maintenant tout à fait vide. L’homme et l’enfant étaient seuls. Marc aperçut son grand-père, alors, un peu confus de l’avoir ignoré. Il s’approcha la main tendue. Il s’attendait à être grondé, mais continuait à avancer bravement.
– Tu as vu ce chat, se contenta de dire le vieux, tu le retrouveras, il est à nous, il m’a suivi, je ne sais pas pourquoi.
– Mais il est trop gros, beaucoup trop gros, fit l’enfant en riant.
Il regardait son grand-père, la tête renversées en arrière et il y avait dans son rire à la fois tant de bonté et de joie que le vieillard fut conquis immédiatement.
Ils montèrent en direction de la Charmille en se donnant la main, le vieil homme appuyé sur son bâton et l’enfant traînant son sac.
C’est ainsi qu’ils apparurent dans le quartier. Philippe saluait les gens en souriant tandis que l’enfant l’imitait, hochant la tête comme lui, la tournant à droite comme lui, à gauche en même temps que lui.
Quand ils furent entrés dans la maison, les voisins se dirent que chez le cordonnier les choses allaient changer. Ils se parlaient encore quand la femme du voiturier poussa ses voisines du code. Un bras malhabile et trop court sans doute cherchait à ouvrir les volets du rez-de-chaussée. Puis on vit l’enfant sortir, accrocher soigneusement un volet après l’autre. Il fit ainsi le tour de la maison, revint sur ses pas, passa sous le pommier, leva les yeux, inspecta l’arbre d’un air connaisseur, puis voyant qu’on l’observait, fit un petit signe de la main et rentra, d’un pas assuré, comme un qui se sent chez lui.
Philippe s’était assis, curieux de faire la connaissance du garçon qui, debout, à côté de l’aïeule, lui parlait d’un ton protecteur.
– Tu sais, il faut pas cacher le soleil, même si tu le vois pas, lui te voit.
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