Révélée

« Catherine s'arc-boute mais elle n'a plus rien à sortir. Elle s'agrippe à l'émail froid et relève la tête pour regarder dans le miroir. Le visage qui lui fait face n'est pas celui avec lequel elle est allée se coucher. Ce visage, elle l'a déjà vu et elle comptait bien ne jamais le revoir. Elle s'examine sous cette nouvelle lumière crue puis elle mouille un gant, s'essuie la bouche et le presse contre ses yeux, comme pour éteindre la peur qui brûle en eux.
-Est-ce que ça va ?
La voix de son mari la fait sursauter. Elle espérait qu'il ne se réveillerait pas. Qu'il la laisserait tranquille.
-Mieux, maintenant, ment-elle en éteignant la lumière. Puis elle débite un nouveau mensonge. »

Elle envie presque à sa mère la façon dont fonctionne son esprit. Il se détériore et pourtant sa déliquescence lui apporte une détermination farouche à éclairer d'une lumière positive les horreurs qui le pénètrent. Sa mère semble satisfaite : elle se crée, pour l'instant en tout cas, un monde bien plus beau.

Ses poils de nez sont longs et ils frémissent comme des pattes d'araignée quand il souffle sur son thé. Il ne prend pas soin de son apparence ; le signe d'un esprit sain, d'après moi. En même temps, il est respectueux, pas volontairement débraillé. Il s'est rasé, même si à l'évidence son rasoir est émoussé ; il porte une chemise, pas un T-shirt (...).
(p. 95)

Peut-être qu'un appareil non-électrique serait plus adapté ? Un ramasse-miettes ? C'est comme ça que ça s'appelle, non ? Un truc avec des roulettes qui ramasse la poussière sur la moquette ? Et si je prenais ça ? Il a penché la tête et m'a dévisagé comme si je lui avais demandé de conjuguer ses verbes en latin.
(p. 73-74)

'Tout est tellement compliqué, bon sang !' Elle veut qu'il [son fils de 25 ans] se comporte en adulte mais elle souhaite aussi qu'il se rappelle combien il l'aimait autrefois. Combien il avait besoin d'elle. Elle s'inquiète également qu'il ait encore trop besoin d'elle pour son bien, et cette crainte l'empêche de s'attendrir encore, si bien qu'au final, elle est soulagée qu'il laisse [son vieux doudou] derrière lui.
(p. 53)

(...) elle a besoin de sentir son corps en lutte.
(p. 29)

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[ contrepèterie ]

Je m'occupais des quatorze-quinze ans dans le groupe scolaire du bout de la rue. Je sais que certains profs trouvent cette tranche d'âge difficile, mais moi, j'aimais bien. L'adolescence n'a rien d'une partie de plaisir et ma philosophie était de lâcher du lest aux pauvres bougres. Je ne les ai jamais contraints à lire un livre s'ils ne voulaient pas.
(p. 15)

La cigarette fait partie du châtiment, un processus d'autodestruction lent

Quand on garde un tel secret si longtemps, qu'on n'en parle jamais, qu'on ne l'a révélé à personne, ça devient de plus en plus difficile d'avouer

Et pourtant, tout est écrit noir sur blanc, lisible par tous. Elle croyait que cette histoire appartenait au passé, qu'elle était enterrée. Mais voilà qu'elle refait surface. Dans sa chambre. Dans sa tête