Tout sourit à
Robert Walter, 60 ans : une belle carrière (il est maire d'Amsterdam), une femme splendide, à la chevelure de jais, une fille charmante. Jusqu'au jour où un événement, a priori anodin, va fissurer progressivement le bel équilibre qu'il avait atteint : lors d'une soirée officielle, il surprend sa femme et son adjoint dans un rire complice. le doute commence alors à instiller son venin dans l'esprit
De Robert : sa femme le tromperait-elle ? Et quand son vieux père vient lui annoncer son intention d'abréger sa propre existence ainsi que celle de sa femme, que son chat disparaît brutalement, la fissure s'élargit en fossé : la fin d'un monde s'approche à grands pas…
Avec «
le Fossé », Herman Koch réitère ses prouesses d'écrivain et critique féroce de la société néerlandaise.
Il construit 300 pages d'un roman autour d'un événement a priori banal, qui va mettre à nu et à mal l'esprit torturé du maire d'Amsterdam. Lequel se perd en conjectures, suppositions, analyses de toute sorte pour tenter de percer l'énigme qu'est sa femme. Las puisqu'elle reste plus que normale… Mais peut-être s'agit-il là du signe de sa tromperie ?
Insidieusement, l'auteur insuffle aussi au lecteur le germe du doute et alors que s'enchaînent les événements, tous tout aussi faussement anodins, on est capturé par sa plume acerbe qui manie habilement humour noir, absurdité et satire sociale. On tourne les pages, aiguillonné par une question nodale : qui a raison et comment se terminera l'intrigue ?
«
le Fossé » va se clore, à la fois de façon brutale mais aussi insidieuse et ouverte, comme sait le faire Herman Koch, nous livrant des pistes, nous laissant aussi sur notre faim. Mais il a su, là encore, nous promener dans les méandres de l'esprit tourmenté d'un homme – partagé entre sa respectabilité publique et son impulsivité première – nous balader au gré d'une tension continue et croissante, nous faire rire jaune de nos travers d'humains, sombres et fragiles tout à la fois.