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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un personnage atypique que ce maire d'Amsterdam. Tout lui sourit, une belle épouse, une fille adorable et adorée, un métier qui lui va comme un gant tant il a de charisme. D'ailleurs, les habitants le définissent comme un maire « humain » car chaque émotion se lit sur son visage. Incapable de faire semblant, ses interlocuteurs savent de suite à quoi s'en tenir et s'ils sont appréciés de lui ou non. Pourtant, un détail va tout faire chavirer. Lors d'une réception, il voit sa femme rire face à l'homme qui lui parle, son adjoint. de sombres pensées s'insinuent dans son esprit et une jalousie perfide commence à s'installer alors qu'il est heureux en couple depuis plus de trente ans. Ses cogitations vont s'enchaîner jusqu'à en devenir une obsession. L'écoulement limpide de sa vie va se transformer en torrents de suspicion, de non-dits, d'accusations silencieuses.
Complètement déstabilisé, il sera également confronté à la volonté de son père âgé de 95 ans, de mettre fin à ses jours à lui et à son épouse du même âge. Partir dignement avant qu'ils ne soient plus capables de réfléchir ou de mettre leur plan à exécution.

Des sujets lourds, graves, pour ce roman qui m'a tenu en haleine. La dérision côtoie la gravité.
Herman Koch a le don d'accrocher le lecteur. A chaque moment qui paraît délicat ou lorsqu'on attend de connaître le déroulement ou la parole attendue, soudain, le protagoniste part dans ses souvenirs. Par ce procédé, l'auteur fait monter la pression, tire sur le fil, le tend, prêt à se rompre, contrarie le lecteur avant de le soulager en dévoilant la suite.
C'est assez tordu, comme l'est le personnage principal, et c'est jubilatoire.

J'ai terminé la lecture un soir, sans avoir bien compris la fin. Mais que venait y faire le beau-frère ? le lendemain, au réveil, tilt ! Et tout a été remis en question.

J'avais déjà beaucoup aimé « Le dîner », son premier livre ; celui-ci me conforte dans l'idée du réel talent de l'auteur. Un roman mêlant le politique et la fiction, où les personnages font preuve d'intelligence, leur personnalité est suffisamment fouillée pour nous les rendre attachants et où leur dérive nous les font paraître fragiles.


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Le fossé d'Herman Koch est un roman qui se passe aux Pays-Bas, de nos jours. Robert, le narrateur, est Maire d'Amsterdam. Aimé par ses électeurs et ses concitoyens, c'est un maire qui est à la fois un bon orateur et un maire proche des gens, qui a toujours un petit mot gentil ou une attention pour chacun. Il côtoie les puissants de ce monde notamment le président Barack Obama mais aussi le président François Hollande, avec qui il échange des clins d'oeil complices .
Marié depuis des années à Sylvia, heureux père de Diana, une adolescente brillante et respectueuse, il savoure pleinement le moment présent avec le sentiment d'une vie accomplie. Mais c'est sans compter sur le doute qui va s'immiscer en lui lorsqu'il aperçoit lors d'une soirée officielle Sylvia, sa femme, rire à gorge déployée avec son adjoint, l'insignifiant Maarten van Hoogstraten. Dès lors le soupçon d'adultère s'instille dans sa vie et le moindre détail va renforcer le doute : là, elle semble bien complice de son adjoint , un peu trop proche. Ici elle se comporte de façon trop « normale » et c'en est louche. Et , alors que ses propres parents l'informent qu'ils veulent mettre fin à leurs jours prochainement pour éviter la décrépitude de l'âge et qu'il a de fait d'autres chats à fouetter, le poison de la jalousie ne va plus le lâcher. Et tout va lui sembler suspect.
Et je me suis finalement attachée à ce personnage tellement humain, alors qu'au départ, je n'avais pas particulièrement apprécié ses prises de position un peu radicales contre les éoliennes ou contre le tri sélectif par exemple. Il a ce côté imparfait qui le rend touchant, et on le regarde avec empathie se prendre les pieds dans le tapis, se cacher pour fumer afin que sa fille ne le voit pas, s'inquiéter pour ses parents, et aimer sa femme d'un amour inconditionnel jusqu'à l'étouffer.
J'ai beaucoup aimé le style, l'histoire, les non-dits : on vacille avec le narrateur, on doute avec lui et l'incertitude nous tient en haleine jusqu'au bout et même après la lecture achevée, on cherche à savoir ce qu'il s'est réellement passé.  Un excellent roman, dévoré en quatre jours !
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Au fil de ses romans Herman Koch me séduit de plus en plus par son humour noir et son ironie féroce qui fait toujours mouche. Dans ce roman qui évoque en fait un long monologue par lequel le héros fait partager au lecteur ses pensées les plus intimes, l'auteur nous offre une critique savoureuse de la société néerlandaise contemporaine avec ses rapports étroits et ambigus à l'écologie à travers les problématiques du tri des déchets et de l'implantation des éoliennes, mais c'est surtout une réflexion pertinente sur les arcanes de la vie conjugale et de la jalousie qui peut se faufiler dans les pensées profondes des couples les plus unis.
Mais pourquoi donc Robert, Maire apprécié d'Amsterdam et époux comblé de la belle Sylvia, voit il d'un mauvais oeil l'entretien que sa femme a eu avec un de ses adjoints lors d'une réception de Nouvel An. Trouvant qu'elle a ri de façon trop joyeuse au récit d'une anecdote qui lui a été rapportée, voici qu'il entre dans la spirale infernale du doute, soupçonnant une liaison (entièrement imaginaire ?) et jamais il n'osera mettre des mots sur son malaise et crever l'abcès en interrogeant directement sa femme. Voici qu'un fossé se creuse ...dans l'esprit De Robert bien sûr mais Sylvia ne s'est elle vraiment jamais rendu compte des doutes qui empoisonnaient les pensées quotidiennes de son mari ?
Quand les parents âgés De Robert informent leur fils de leur volonté commune de mettre un terme à leur vie, notre héros dévasté reste cependant en retrait et on a l'impression que cet homme politique brillant se tient sur les lisières de la vraie vie, trop occupé à analyser ses pensées intimes pour faire valoir sa place dans le monde et intervenir dans la vie des siens.
Au delà des sujets graves sur la vie, la mort, l'amour et la jalousie, il y a des moments parfaitement désopilants liés à la rencontre entre Robert homme politique néerlandais de premier plan et les autres dirigeants du monde. le passage consacré à François Hollande est vraiment délicieux...J'ai également beaucoup apprécié les développements liés à ce que notre héros assimile à une "dictature" de l'écologie bien pensante et ce thème trouve des résonnances bien particulières en ce moment !
La fin du livre constitue à mon sens un tour de force puisqu'il laisse le lecteur sur sa faim sans jamais aborder la résolution franche des problématiques développées . Certes c'est frustrant, mais cela permet à chacun de construire à sa façon la résolution de l'intrigue et de se faire une opinion sur ce héros que l'on a appris à apprécier au fil des pages . Un illuminé qui voit une manifestation de l'au-delà dans un chant d'oiseau ? Un homme lucide qui respecte la personnalité des autres même si leurs actes le blessent ? Un lâche incapable de s'impliquer ? Ou un malade atteint d'un trouble psychiatrique ?
Un roman inclassable et brillant qui en plus donne envie d'aller faire un petit tour le long des canaux d'Amsterdam.
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