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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Suspens insoutenable, frissons, rebondissements, fausses pistes , personnages fouillées à la psychologie tortuée... Si vous cherchez tous ces classiques d'un bon polar, ne lisez pas Meurtre à Tombouctou.
Comme à son habitude, les enquêtes du commissaire Habib et de son adjoint Sosso sont bien molles comme il faut, sans surprise et la solution apparaît de façon tellement magique qu'aucun des policiers impliqués n'y avait pensé sauf "Fabulous Habib". Il y a deux demies fausses pistes , histoire d'amener le livre à 174 pages.
Donc pour le côté policier, il y a bien mieux. Cependant, par ailleurs, les enquêtes d'Habib sont l'occasion d'une plongée dans la société malienne. Après les Dogons et les Bozos , ce sont au tour des Touaregs d'être visités. le livre prend une connotation contemporaine avec l'émergence du radicalisme et de l'islamisme dans la région de Tombouctou. ce qui permettre à quelques clichés de se glisser dans le roman.
Ce livre permet quand même de bien appréhender le poids des traditions dans la société Touareg mais aussi de son impact sur les règles régissant une ville comme Tombouctou.
Pour ceux qui en plus d'une enquête policière viendraient chercher un peu d'humour, ils seront a aussi déçus , les blaguounettes des personnages étant inspirées de la collection carambar dans le meilleur des cas.
Pas de suspens, pas d'humour, pas de frisson mais un peu de culture dans une langue qui m'apparut plus aboutie que dans les autres romans de cet auteur sans être non plu mirobolante.
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Bon, j'avais commencé à écrire un long avis, quand mon ordi a décidé de se mettre en rade. Ce qui fait que je suis un brin énervée, donc vous aurez un résumé :

L'intrigue policière n'est pas au centre de ce bouquin, et la psychologie des personnages (quasi inexistante) non plus. Ce qui est au centre de ce livre, c'est la société pluri-culturelle au Mali, les diversités tribales, la confrontation entre autorités religieuses et autorités gouvernementales, les soumissions aux traditions, et, le plus choquant de tout, lire qu'au Mali, parler "d'esclaves" dans les années 2000, de ce qu'on peut faire ou pas avec eux, ne semble choquer personne. Oo

Les descriptions des villes (et leur circulation), de paysages, de gens, sont très réalistes, très belles pour les paysages, et correspondent assez exactement avec celles que m'en fait mon homme quand il revient de voyages pro par là-bas.

Autre chose, les personnages "se marrent" (expression adorée de l'auteur) tout le temps, c'est assez amusant.
J'ai lu ce bouquin pour l'item "Un roman d'un auteur africain" du multi-défi, que je ne pensais pas arriver à combler, et bien si ! ça se laisse lire gentiment, sans être forcément inoubliable...
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Dans le désert, proche de Tombouctou, un jeune Touareg est trouvé mort... Difficile de croire à un suicide. Peu de temps après, des tirs ont lieu dans la ville contre un français. Deux enquêtes qui sont peut-être liées, les deux individus étaient amis. Spécialement venu de Bamako, le commissaire Habib vient dénouer les pelotes, tout en prenant bien garde de respecter les us et coutumes de tout le monde. Un français des services du contre terrorisme l'accompagne, afin de vérifier l'éventuel risque terroriste pour les ressortissants français.
Roman policier agréable à lire. Je fais ma difficile _parce qu'il y a quelques descriptions_ mais j'aurais aimé plus encore de soleil, de touaregs et de rues de Tombouctou. Les relations entre les personnages sont bien rendues. J'ai apprécié la description des diverses influences de la société malienne.
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Konaté Moussa (1951-2013), – "Meurtre à Tombouctou" – Métaillé, 2014 (ISBN 978-2864249535)

C’est là le premier roman que je lise de cet auteur malien qui est quasiment mon contemporain exact par sa date de naissance : j’en suis très impressionné.
Précision immédiate, ce n’est certainement pas l’intrigue policière qui suscite un tel jugement, car elle est proche du zéro absolu pour un lecteur-consommateur assidu de ce type de littérature.
Non, ce qui est très impressionnant, c’est la faculté que possède cet auteur de restituer la société malienne sans tomber dans les ornières habituelles, donc sans concéder quoi que ce soit ni au folklorisme cultureux à la «Arte/Télérama/bobo» se délectant d’un "dogonisme" de pacotille (s’appliquant tout autant aux massaïs qu’aux bantous, aux hmongs ou aux aïnous), ni au discours déploratif sur les vilaines puissances coloniales constituant le fonds de commerce d’une bonne part de la littérature africaine, ni à la diatribe contre telle ou telle croyance religieuse au nom d’un "progressisme" visant à singer les sociétés occidentales.

Cet auteur a l’immense mérite de montrer, de l’intérieur, la société malienne telle qu’elle est, avec sa mosaïque de populations parlant peul, bambara, songhay, soninké etc, lesquelles, dans ce roman se déroulant dans et autour de Tombouctou, côtoient des campements Touaregs. L’auteur montre, avec respect, le fonctionnement social et mental de ces communautés, sans porter de jugement ; ce qui inclue les relations entre femmes et hommes, restituées ici avec tact et délicatesse, telles qu’elles sont (donc loin des vociférations standardisées de la bien-pensance occidentale).

L’un des points les plus amusants consiste à comparer la temporalité mise en œuvre dans ce roman policier africain avec celle qui est devenue l’un des pires lieux communs du genre dans la littérature occidentale. Là où, dans les romans du monde dit développé, les enquêteurs et enquêtrices se mettent à courir comme des cinglés, sans plus dormir ni même souvent manger, tout en se saoulant (cliché états-unisien fréquemment repris dans une partie de la littérature européenne) ou (variante) en subissant le poids de problèmes personnels écrasants (cf la pôvre famille de Wallander), notre auteur africain recourt à la sagesse et la lenteur du dromadaire : les enquêteurs se séparent en fin d’après-midi, et le travail ne reprend guère avant le lendemain matin neuf heures, de toute façon il est hors de question de faire irruption n’importe quand dans des communautés dont la vie est rythmée par le rituel islamique.
Le grand commissaire envoyé depuis la capitale s’adresse en tout premier lieu au doyen de la communauté avant toute autre démarche, en respectant les égards ancestraux exigés par la politesse (notons au passage que l’auteur sait aussi rendre la beauté d’un paysage africain sans se livrer à ce vocabulaire typique des dépliants touristiques).

Quant à l’ironie, elle s’applique sans méchanceté aucune aux deux petits français embarqués dans cette intrigue, l’un policier d’opérette, l’autre écrivaillon touristique, qui ne comprennent rien à ce qu’ils voient, ce que l’auteur expose sans méchanceté aucune, simplement avec beaucoup d’humour…

Un témoignage d’autant plus précieux que l’auteur montre Tombouctou avant que les djihadistes d’Ansar Dine ne la saccagent.

La question centrale de ce roman est fondamentale : la «loi», phénomène emprunté aux sociétés occidentales, a-t-elle plus de pertinence que les procédures héritées de mœurs ancestrales ?

Un très bon moment de lecture, qui incite à découvrir d’autres écrits de cet auteur.
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Plus guide touristique et vie au Mali que polar
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