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Citations sur Ben et Rafe, tome 1 : De retour dans le placard (17)

J’avais bu pas mal de vin, assez pour faire ce que je n’aurais pas osé en temps normal. Je me tournai sur le côté et, faisant face à Ben, plongeai le regard au fond de ses yeux doux et sincères.

— Tu veux essayer ?

Ben prit une profonde inspiration et ferma les yeux.

— Je ne vois pas comment je pourrais être plus proche de toi, pourtant je le sens. Je voudrais l’être encore plus. C’est pas du sexe que je veux, c’est juste que…

Je l’embrassai alors, sur la bouche, en gardant mes lèvres posées sur les siennes jusqu’à ce qu’il me rende mon baiser. Ce qu’il fit. Il m’embrassa à son tour, nos lèvres s’ouvrirent un peu plus, jusqu’à ce que nos bouches forment un O, scellées. Je goûtai à sa langue, tant elle était proche de la mienne. Son souffle entrait dans ma bouche. C’était comme si j’avais été propulsé sur la lune, un tsunami de sensations fortes qui avaient happé mon corps et me faisaient trembler.

Il se recula.

— Ouah, fit-il. C’était, comment dire, différent.

J’avais joui. Mon pantalon était mouillé.

— Ouais, confirmai-je, hors d’haleine.

— Tu as aimé ?

— Et toi ? demandai-je.

— C’était… C’était pas mal. Tes lèvres sont différentes de celles d’une fille. C’était un peu déroutant.

— Carrément.

— Tu as eu, tu sais, une érection ? voulu-t-il savoir.

— Toi oui ?

Il regarda entre nous, alors je fis pareil, et le devant de son jogging était bel et bien gonflé.
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— Parce qu’ils n’en ont pas besoin, rétorqua Mickey. Comment on appelle un hétéro qui sort du placard ?

— Hein ? fit Jeff.

— Une conversation, dit Mickey. Les hétéros ne doivent pas réfléchir à ce qu’ils vont dire chaque fois qu’ils parlent, ni se demander s’ils vont sortir du placard ou pas. Nous, oui. Ça peut s’avérer difficile, mais c’est aussi pour ça que nous devons faire notre coming out. Si nous ne le faisons pas, c’est quasiment impossible d’avoir une conversation sans mentir sur autre chose que la météo. Nous n’avons vraiment pas le choix, pas vrai ?
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— En vérité, la tolérance et l’acceptation sont deux choses différentes. Tolérer sous-entend qu’il y a quelque chose de négatif à tolérer, voyez-vous ? Mais l’acceptation, qu’est-ce que c’est ?

J’y réfléchis. Cela me rappelait le passage du livre d’Edmund White que M. Scarborough nous avait demandé de lire, Un jeune Américain. White y parlait de l’étrange tolérance dont ses camarades avaient fait preuve à son égard, quand lui-même était à l’internat dans les années cinquante. Je me souvenais avoir souligné le mot « tolérance ». Selon moi, si on accepte quelque chose, on le prend tel qu’il est. La tolérance, c’est différent. C’est moins que ça. L’acceptation est-elle donc le sommet de la pyramide ? Est-ce là ce que tout le monde veut dans le meilleur des mondes : l’acceptation ? Je pris le temps d’analyser cette idée dans tous les sens. Ça ne collait pas vraiment, d’une certaine manière.
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J’avais l’impression que tous les efforts que j’avais fournis, tous les examens que j’avais brillamment réussis, prenaient tout leur sens. Enfin, j’y étais. C’était ma chance de repartir de zéro. Ici, à Natick, je pouvais être Rafe, tout simplement. Pas le fils exubérant de ces timbrés de Gavin et Opal. Pas le mec « différent » de l’équipe de foot. Pas ce gamin ouvertement gay qui avait déjà tout prévu pour l’avenir.
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À vrai dire, beaucoup de raisons m’avaient poussé à déménager à l’autre bout du pays pour passer ma première à l’internat de Natick. Sauf que certaines de ces raisons auraient été bien difficiles à expliquer à quelqu’un comme, par exemple, la présidente de l’Association des parents, familles et amis d’élèves lesbiennes et gays de Boulder. Car cette personne ne pourrait pas comprendre qu’un élève homo puisse vouloir s’en aller alors qu’on avait tout fait pour lui faciliter un peu la vie.

D’autant plus quand ladite présidente de ladite association était votre propre mère.
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Là, je ne répondis pas. Je regardai Ben, qui s’occupait très clairement de ses oignons. J’avais remarqué qu’il ne participait pas aux discussions trash ni à celles sur les filles. J’adorais faire partie de l’équipe de foot, mais je devais bien admettre qu’il y avait un millier de choses que je préférais à cette partie du rituel, à cette façon dont ils parlaient des femmes, comme si elles n’étaient que des objets. J’essayais de m’imaginer un monde où la norme serait d’être gay et dans lequel toute l’équipe le serait. Traiterions-nous alors les autres hommes de la même manière ?
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— C’est aussi clair que le sourire niais sur ton visage, Rafe.

— Sérieux, arrêtez, là. Vraiment, dis-je en regrettant de ne pas être sorti avec Ben.

— Oh, je suis si contente, tu aimes un garçon ! s’enthousiasma ma mère. Tu es toujours notre Rafe, sous cet hideux déguisement d’hétéro…

— Ce n’est pas un déguisement ! m’emportai-je, à ma propre surprise. Je sais que vous ne comprenez pas, mais ça fait vraiment partie de moi, tout ça, OK ? Je sais, je suis gay. Je suis votre fils gay. Mais vous ne pourriez pas me foutre la paix deux minutes, que j’aie l’occasion d’être un peu moi-même aussi ? Merde.

Je cognai le siège à côté de moi.

Le silence dans la voiture était assourdissant. Mes parents me dévisageaient, la bouche ouverte. Je ne crois pas leur avoir jamais hurlé dessus avant ça. Je me sentis soudain très mal, et je baissai la tête.

— Oh, mon Dieu, je suis désolé, dis-je. Pardon, c’était complètement inadmissible. Je suis désolé. Je vous aime, tous les deux. C’est juste que vous ne comprenez pas. Faites-moi confiance, d’accord ? Je sais ce que je fais.

Ma mère posa une main sur mon bras, et le frotta affectueusement.
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Qui étais-je ? Comment pouvais-je prendre la défense des gays tout en dissimulant cette partie de moi-même ?

Je me sentais si étranger, allongé là, avec le vent qui hurlait aux fenêtres. À quoi jouais-je ? Qui était vraiment Rafe ? Peut-on réellement faire abstraction d’une partie de soi-même ? Et dans ce cas, cesse-t-elle d’exister ?

C’est tellement plus facile pour les hétéros. Ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas comprendre. Être ouvertement hétéro, ça n’existe pas.

Parce qu’avant, j’étais quelque chose, et c’était difficile. Mais au moins, j’étais quelque chose, voyez-vous. Je n’étais pas seulement ce type qui prenait la défense de quelqu’un d’autre dans les douches alors que j’aurais dû, au contraire, me défendre moi-même.

C’était quelque chose que mon meilleur ami Ben ne pourrait jamais savoir sur moi.
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Pourtant, je me disais : ce qui serait vraiment chouette, ce serait de vivre dans un monde où personne ne verrait le fait d'être gay comme un sujet de moquerie.
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— C'est difficile d'être différent, continua notre professeur. Et peut-être que la meilleure réponse serait de ne pas tolérer les différences, ni même de les accepter, mais de les célébrer. Alors, peut-être, ceux qui sont différents se sentiraient plus aimés, et moins, disons, tolérés.
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