J’essuyai précipitamment mes yeux débordants de larmes et m’obligeai à respirer profondément, essayant désespérément de recomposer l’image de sérénité que j’avais arborée ces derniers jours. Tout le monde était persuadé que j’étais forte et que je faisais face avec courage. Mais, en vérité, je jouais la comédie. J’avais fabriqué ce personnage de toutes pièces et tout le monde autour de moi y avait cru.
"Un million de pensées s'entrechoquaient dans la tête, me consumant de fièvre. Adèle. Tegan. Travail. Mort. Vie. Leucémie. Hôtels. Nate.
J'avais honte d'admettre que j'avais pensé à Nate".
Mon visage raconte des histoires depuis des années. Je ne vois pas pourquoi tu choisis ce soir pour le croire.
J’avais passé la majeure partie de la nuit à me débattre au milieu d’un fatras d’émotions et, au terme d’une empoignade difficile, j’avais fini par échouer dans un cul de sac déprimant appelé acceptation.
J’étais du genre à ignorer les conflits dans l’espoir qu’ils disparaissent tout seuls.
… Pour une raison que je n’expliquerais pas, je ne savais jamais comment réagir face à certaines situations, j’avais tellement peur de tout gâcher, de dire ce qu’il ne fallait pas, ou de provoquer une scène, que communiquer devenait une torture
Apparemment j’étais née sans cette petite étincelle qui relie les êtres les uns aux autres et qui nous rend sociaux.
J’avais mis en place toute une série de dispositifs pour me simplifier le quotidien et adapter ma vie à la maladie qui envahissait mon corps.
Je n’ai pas beaucoup d’amies parce que j’en fais trop. J’ai tellement envie d’être acceptée que les gens finissent par me fuir. Seulement c’est dans ma nature et je ne sais pas me comporter autrement. J’ai vécu tellement longtemps avec des gens qui ne m’aimaient pas que j’essaie en permanence de ne contrarier personne.
Avais-je le mot inadaptée inscrit sur le front ?