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sur 207 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cloé Korman Les presque soeurs
Seuil


La scène s'ouvre sur Anne Laure Mourgue qui habille les trois soeurs tout en jetant un oeil sur le bébé. Son époux Juif se cache, elle se sont les enfants juifs des autres qu'elle cache, et pourtant aujourd'hui la Wehrmacht vient chercher les petites de 3, 5 et 10 ans, mais le bébé ne partira pas. Anne Laure ne le permettra. Elle en sauvera une, au moins cette fois !
26 Juin 42, les premières déportations orchestrées par le régime de Vichy. Réglées comme sur du papier à musique. D'abord les hommes puis les femmes et les enfants.
Les trois soeurs Korman et les trois soeurs Kaminski se connaissaient, elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, non, mais elles se fréquentaient, et voilà que par les hasards et méandres de l'histoire elles vont devenir soeurs, presque soeurs, des soeurs sept mois durant, dans la tourmente de l'histoire.
De Montargis à Beaune la Rolande, elles connaitront, la faim, le froid, l'ennui et la peur et certaines la mort. Parce qu'il y a celles qui en réchapperont et celles qui n'en reviendront pas.
Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose. La narratrice cherche à remonter l'existence des petites filles, cousines de son père qui sera l'avocat des parties civiles dans le procès contre l'officier SS Klaus Barbie.
Un récit difficile à lire, qui met noir sur blanc l'implication du gouvernement français dans la sombre histoire de la guerre.
Une histoire où il n'y a pas de vainqueurs, n'est-ce pas tout autant difficile de s'en sortir ? Mais le passé ne se juge pas à l'aune de ce que l'on sait aujourd'hui...
« Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d'en sortir. »
Un livre qui a frôlé le Goncourt et qui n'aurait pas démérité.
Difficile mais passionnant !

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6 petites filles, 3 sont parties, 3 sont revenues, 6 presque soeurs sont arrivées dans le tourbillon du nazisme. Cloé Korman nous raconte l'histoire en pointillé de ses 3 petites cousines grâce à ces trois autres petites filles, les presque soeurs, avec lesquelles elles ont été trimballées de foyer en maison d'accueil, réservés aux enfants juifs avant leur déportation vers Drancy puis plus loin. Et si l'histoire de ces six petites filles nous transporte tant, c'est surtout parce que c'est celle de milliers d'enfants pendant cette guerre, auxquels on ne pense souvent que pendant le trajet en train et l'arrivée aux camps. Mais grâce à ce roman, on se retrouve face à face avec la réalité : il a fallu en faire quelque chose, de ces enfants dont les parents avaient déjà été deportés. Et de lire ce récit avec toutes les petites anecdotes d'une vie d'enfant dont on sait déjà l'issue, c'est extrêmement émouvant.

J'aurai bien mis 5 étoiles rien que pour ça, parce que ce récit nous en dit bien plus que ce qu'on pouvait imaginer. Malheureusement j'ai parfois été un peu perdue dans la chronologie des événements. Après j'aurai peut-être dû être plus attentive au fait plutôt qu'à l'émotion dégagée, qui sait ? Malgré tout, je m'en souviendrai de ce livre, même si j'oublie l'histoire des petites Korman et Kaminski, je me souviendrai de ces enfants de la guerre qui ont dû continuer, tant bien que mal, à être des enfants.
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En préambule et pour l'anecdote, la petite histoire d'une lecture. Début octobre, je suis parti avec ma fiancée, à Wissant pour une semaine. J'avais emporté deux livres. le premier, entamé dès le premier jour « En salle » de Claire Baglin, et achevé à la fin du deuxième jour. Premier roman d'une jeune auteure de 23 ans qui saisit l'occasion d'un travail d'étudiante dans un fast-food pour narrer ses conditions de travail tout en les croisant avec ses souvenirs d'enfance, au temps où avec ses parents et son frère, elle fréquentait les mêmes lieux. Il y a de la qualité dans ce premier livre. Ensuite, j'ai entamé le deuxième, mais qui m'est tombé des mains au bout d'une petite centaine de pages. Il m'avait fallu déjà bien lutter pour parvenir à ce stade. Un peu dépité de n'avoir pas pris d'autres livres, j'ai consulté les livres que ma fiancée avec emportés. J'ai pris le premier, l'ai retourné pour livre le quatrième de couverture. Encore une histoire d'une famille juive durant la seconde Guerre mondiale. J'ai fait la moue. Des livres comme celui-là, j'en ai lu beaucoup. Souvent, ce sont des livres très émouvants. Mais là, à Wissant, je n'en avais pas trop envie. Cependant, les autres me faisaient encore moins envie. Donc, par défaut, j'ai entamé « Les presque soeurs ».

L'histoire est simple et tragique à la fois. L'auteure sait que trois de ses petites-cousines, les Korman, (3, 5 et 10 ans), les trois filles du frère de son grand-père paternel, sont mortes à Auschwitz en juillet 1944. Mais manifestement, dans la famille, on sait peu de chose sur ce qui s'est passé pour ces petites filles durant la guerre. Sinon six lettres écrites par l'aînée des filles et récupérées par le grand-père de l'auteure auprès d'une dame qui les avait cachées chez elle, au début de la guerre. Aussi, Cloé Korman va se mettre en quête de connaître leur parcours de 1942 jusqu'à 1944. L'auteure va alors découvrir que le destin de ses trois petites-cousines est étroitement associé à celui de trois autres petites filles du même âge, les soeurs Kaminsky. D'où le titre « Les presque soeurs ». L'auteure va reconstituer le parcours de ses six petites filles et chercher à comprendre dans quelles circonstances ses petites-cousines sont mortes en camp d'extermination et dans quelles circonstances les filles Kaminsky y ont échappé.

L'auteure réussit ce tour de force de tenir son écriture dans un équilibre difficile entre la restitution historique et l'émotion sans jamais verser dans un dramatisme. Tout au long du récit, elle imagine en permanence les pensées et les émotions qui ont pu être celles de ces enfants à chaque instant de leur parcours fait de ballottements entre des familles et des institutions juives dont le rôle était de recueillir ces enfants dans des pensionnats. de cette façon, elle évite le piège de parler à la place des petites filles. Parallèlement à cela, l'auteure a fait un travail de recherche historique remarquable de précision pour rendre compte du contexte historique de la persécution des Juifs, en France, et à Paris en particulier, durant cette période, notamment au sujet du camp d'internement de Beaune-la-Rolande et des institutions juives. Celles-là même qui accueillaient des enfants pour leur offrir un gîte et du réconfort mais dans lesquelles la Gestapo venait puiser pour remplir les trains de la déportation. Pour faire ce constat implacable coupant court au débat mené par des pseudo-historiens qui consiste à minimiser, voire à nier, la responsabilité de l'Etat français et du régime de Vichy, dans cette tragédie.
" Si j'avais une seule morale à tirer de tout cela, à transmettre à mes enfants ou à n'importe quel ami dont la vie m'est aussi chère que la mienne, ce serait de prendre la mesure des mensonges putrides dont est capable un État jusqu'à assassiner ceux dont il a la protection avec la bonne conscience qui s'autorise des tampons de commissaires, et la respectabilité des signatures de sous-préfets ayant l'honneur de s'adresser à leur préfet, ou de préfets déférant à leur ministre avec des listes de noms d'enfants ".

Au final, "Les presque soeurs", un livre magnifique par l'histoire qu'il raconte, par l'émotion qui s'en dégage, mais surtout aussi par sa qualité d'écriture.
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