Claire est médecin dans un hôpital parisien. Une infirmière vient la voir un jour, déclarant qu'un nouveau patient, atteint d'une hépatite C au dernier stade, ne cesse de la réclamer. Elle lui donne son identité : Dominique Müller. Un nom qui va replonger Claire dans sa jeunesse, alors qu'elle n'avait que dix-huit ans, et de son expérience en tant qu'accompagnatrice pour un théâtre associatif marseillais destiné à la jeunesse. Et au drame qui s'est noué devant ses yeux sans qu'elle ait réagi mais qu'elle a tenté d'oublier toutes ces années.
Avec son amie Manu, Claire s'est engagée, pour le premier mois de vacances, comme vacataire au sein d'un théâtre. Par passion théâtrale ? Joie de s'occuper des enfants ? Petit boulot d'été pour financer ses études ? Que nenni : elle est tombée sous le charme de la voix chaude et virile de Dom. Et elle espère bien finir dans son lit. Ce qui se fera très rapidement, Marseille, le sud qui a chaud au cul, la mer et les maillots rikiki sont apparemment autant de clichés qui nourrissent cette passion d'été. Les enfants ne sont pas du tout sa priorité. Elle ne les aime pas vraiment. Elle est souvent excédée par leur comportement et ne sait pas comment nouer le contact avec eux. Ce qui compte, c'est l'attraction charnelle que Dom exerce sur elle, et son désir de briller à ses yeux. Alors, c'est une motivation comme une autre, mais je la trouve quand même un peu légère, mais soit.
Très vite, une petite fille, Joséphine, se détache du lot. Toujours mal habillée, vêtue de tee-shirts trop larges pour elle, elle n'est pas vraiment intégrée au groupe, d'une timidité maladive, elle se mêle peu à ses camarades. Pourtant, elle semble toujours sourire et être heureuse quand quelqu'un entre en contact avec elle. Ses parents sont divorcés, sa mère, Adeline, s'est remariée avec un entrepreneur local. L'inscription de sa fille au stage théâtral, c'est plus pour se débarrasser d'elle pendant la journée que par envie de lui faire plaisir. Son père, Ahmed, est toujours absent : il travaille loin, semble un peu déconnecté mais fait de son mieux avec sa fille. Et le comportement de Joséphine est parfois violent, en proie à des crises colériques aussi subites qu'inattendues chez une enfant un brin apathique en temps ordinaire. Il lui arrive aussi de fuguer quand sa mère vient la chercher : Jo disparaît, échappe à la surveillance de tout le monde, mais la panique n'envahit ni la mère, ni les trois accompagnateurs qui ne préviennent pas la police. Quand elle en aura marre, elle reviendra… À croire que la fugue, c'est une lubie courante chez les enfants.
Lors d'une sortie aux calanques, Claire voit des marques sur le dos de Joséphine. La petite invente une excuse : elle s'est blessée en jouant avec son frère. Mais les marques semblent ne jamais dépasser une certaine limite, elles sont toujours recouvertes par les tee-shirts qu'elle porte. Pour Claire, aucun doute : Jo est une enfant battue. Par qui ? Sa mère ? Son beau-père ? Au fond, ça importe peu. Et Claire ne s'appesantit pas sur la question, elle a d'autres soucis en tête : le rapprochement entre Dom et son amie Manu. Son sex-friend s'intéresse à une autre, c'était prévisible au vu de la personnalité du jeune homme, mais ça la préoccupe vraiment. Elle apprend les affres de la jalousie et toute son attention est tournée vers son malheur.
Elle prévient quand même Dom de ce qu'elle a vu sur le corps de Joséphine. Celui-ci décide de parler à Jo, à l'écart des oreilles des autres. Claire s'extasie sur la capacité de Dominique à nouer des liens avec les enfants, de les mettre en confiance pour leur parler. Elle s'extasie aussi sur la beauté de la mer à cet instant précis. Et quand Dom lui dit que la petite est une menteuse, elle ne bronche pas. Il lui dit vaguement qu'il va prévenir les services sociaux quand ils rentreront, elle le croit, ça lui suffit comme réaction. Dominique trouve l'affaire gênante : il connaît bien le beau-père de Joséphine qui l'embauche souvent sur ses chantiers. Il sait qu'il n'est pas homme à battre une enfant. Ils rentrent. Et Dom ne fait rien, à part coucher avec Manu le soir même et s'enfuir tout le week-end. Dom est clairement quelqu'un de responsable…
Manu, elle, est un peu plus tracassée par cette histoire. Après un nouveau déchaînement de violence chez Joséphine, elle décide en cachette de Dominique de se rendre à la mairie. La femme qui la reçoit est soupçonneuse : pourquoi Dom n'est-il pas avec elle ? Mais si elle ne fera rien directement, elle la dirige vers un centre qui s'occupe de jeunes adolescentes en difficulté. Elle y est reçue par une autre femme, Marina, elle aussi très soupçonneuse. Marina le dit sans fards : elle ne peut rien faire. Elle manque de moyens, il n'y a que des vacataires avec elle, et elle-même n'est pas animée d'intentions humanistes et encore moins humanitaires. Elle a renoncé à bien faire son travail depuis déjà longtemps. Point barre. Elle finit par lui donner un conseil : pousser Joséphine à porter plainte contre son beau-père pour viol. C'est le seul moyen pour la gamine d'être retirée de sa famille, au moins le temps de l'enquête. Mais ce n'est pas la solution idéale, car tôt ou tard, on finira par comprendre que ce n'était qu'une fausse accusation. Et alors là, la famille risque de se déchaîner contre l'enfant pour se venger de ce qu'elle leur aura fait subir. À la réflexion, le mieux pour Joséphine, c'est d'attendre d'avoir seize ans et de demander son émancipation. Joséphine a dix ans ? Qu'importe, elle serre les dents pendant six ans et elle attend. Patience et longueur de temps… Suis-je la seule à trouver ces conseils particulièrement honteux ?
Vous l'aurez compris, la catastrophe annoncée finit par arriver. Seule notre narratrice, Claire, a l'air de se dire que vraiment, tout ça, c'était hyper imprévisible comme dénouement. Et que cette histoire lui a un peu gâché ses vacances -la pauvre- et sa romance de cul avec le beau Dom. [...]
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