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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il fait chaud. Tres. Pas la force de courir les librairies. Ni les bibliotheques de mes amis. Ma pal m'atterre. Je panique a la pensee que je me suis engage a recenser des oeuvres judeo-espagnoles. Je me refugie dans la Bibliotheque Russe et Slave. Ce Korolenko fera l'affaire. Un classique ssez court.

Ca se veut tres psychologique. Comment un enfant aveugle ressent le monde alentour. Comment il s'habitue a sa cecite. Comment en grandissant il passe par des moments, des epoques d'abattement, pour finir par surmonter ses desarrois, ses anxietes, grace a l'attention et l'amour de ses proches, et surtout grace a l'amour d'une jeune fille, une ame soeur.

Korolenko excelle a decrire comment un aveugle peut suppleer a son infirmite. le tact, le toucher, l'aidera de prime abord, mais ensuite l'ouie peut etre aussi sinon plus importante. L'ouie lui permettra d'apprehender non seulement des mouvements, des agissements autour de lui, mais aussi des sensations, des sentiments, des emotions. C'est le cas du petit Piotr, le heros de ce livre: “Les sons constituaient pour lui la principale et immédiate expression du monde extérieur ; les autres sensations ne servaient qu'à compléter les impressions de l'ouïe, dans lesquelles, comme dans des moules, se fondaient toutes ses images”.

Les melodies traditionnelles que tire un des employes de sa maison d'un simple chalumeau le transporteront. La musique sera le moyen de surmonter son infortune, ses chagrins, sa detresse. Elle lui permettra avec le temps de s'affermir, de se reveler au monde comme un grand musicien.

Korolenko reussit, en une prose simple, a faire imaginer au lecteur ce que l'aveugle imagine, a lui faire comprendre ce que ce dernier peut percevoir. Il a de tres belles pages sur les sons de la nature, sur les bruits que font les hommes inconsciemment, et surtout sur la musique et les emotions qu'elle peut faire naitre. J'ai aime comment l'oncle de l'aveugle lui traduit les couleurs: “quand arrive l'automne, dans le feuillage alangui, les fruits se gonflent de sève et rougissent. le fruit est plus rouge du côté qui reçoit le plus de lumière ; toute la force de la vie, toute la passion de la nature végétale paraît se concentrer en lui. Tu vois qu'ici aussi la couleur rouge est la couleur de la passion, dont elle est, du reste, le symbole. C'est la couleur de la tendresse, de l'enivrement, la couleur du courroux, de la fureur ; c'est l'emblème de la vengeance implacable. Ce n'est pas pour rien que les masses populaires, quand la passion les soulève, cherchent l'expression du sentiment commun dans un drapeau rouge qui flotte au-dessus d'elles comme une flamme...” […] la couleur blanche, c'est la couleur de la neige glacée ; c'est aussi la couleur des nuages les plus élevés qui planent dans le froid inaccessible des hauteurs célestes ; c'est la couleur des cimes des montagnes, cimes majestueuses mais infertiles... C'est l'emblème de l'impassibilité, de la haute sainteté, l'emblème de la future vie immatérielle... Quant à la couleur noire... — Je sais, interrompit l'aveugle : c'est l'absence des sons, des mouvements... c'est la nuit... — Oui, et c'est pour cela que c'est l'emblème de la mort... Pierre tressaillit et dit d'une voix sourde : — Tu as dit toi-même : de la nuit. Mais est-ce que pour moi tout n'est pas noir... toujours et partout noir ? — Ce n'est pas vrai, répliqua vivement Maxime ; pour toi existent les sons, la chaleur, les mouvements”.

Un livre touchant en de nombreuses pages qui finit en un happy end. Parce que la vie, toute vie, est toujours, ou du moins devrait etre toujours selon Korolenko, teintee d'espoir.
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Allez, petit détour par la littérature russe avec un classique plutôt méconnu chez nous, et le livre qui passe pour le chef-d'oeuvre de Korolenko: le Musicien aveugle.

Korolenko n'est pas au panthéon des auteurs russes les plus renommés, mais il a connu une certaine notoriété à la fin du XIXe siècle en France avec la traduction de cet ouvrage qui sera même distribué aux enfants sous forme de livre de prix.

Il raconte le parcours (depuis la naissance quand même) d'un aveugle qui deviendra musicien, connaîtra l'amour, la paternité et la notoriété. Ce qui surprend de prime abord c'est la grande simplicité d'écriture ; la capacité d'évocation avec des moyens fort limités. Korolenko ne se disperse pas, il va à l'essentiel, et en même temps, il parvient si bien à traduire ce qu'il veut, en particulier en terme de sentiments, qu'il n'a pas besoin de multiplier les circonvolutions et les jolies tournures pour donner à éprouver à son lecteur. Au demeurant, saluons la traduction française, car la langue russe a généralement cette simplicité qui a souvent du mal à être rendue en français par un nombre de mots aussi restreint et des phrases sans rallonge intempestive.

L'histoire est tout aussi simple que la langue, et l'on sent le caractère rustique du décorum et des gens. Korolenko donne une franche cohérence à son ouvrage, et sans doute est-ce là sa grande force. Il se dégage de ce livre une puissante sincérité et un réalisme qui pour son optimisme derrière les épreuves, n'est pas sans rappeler la vague des romans naturalistes à connotation morale qui a essaimé en France à la même époque contre le misérabilisme. Car oui, aussi réaliste que soit ce roman, il n'est pas misérabiliste, et c'est d'ailleurs un point à souligner: dans ce roman russe, tout le monde ne devient pas fou ou ne meurt pas à la fin!

Vraiment, c'est une lecture très recommandable, car même si le Musicien aveugle n'est pas très fourni en rebondissements et ne se démarque pas follement de nombreux ouvrages publiés à cette époque (ce n'est pas le roman qui m'a fait dire "ouah! quelle originalité!"), c'est très bien écrit et il y a de ce parfum tourbé non dénué de poésie de la vie du temps en Petite Russie. Une belle découverte qui en plus ne vous prendra pas trop de votre temps car ça se lit vite.



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Au vue des précédentes critiques je m'attendais presque à un chef d'oeuvre oublié et j'ai été un peu déçue. En même temps, malgré tout, c'est à l'évidence un auteur injustement oublié, en Russie il était de moins en moins dans la ligne bolchévique, en Occident il avait été traduit puis oublié (il faut dire qu'en plus il est mort en 1921 sans avoir eu vraiment d'ennuis avec le régime). J'ai trouvé cette lecture très "19ème siècle", avec un romantisme un peu à la limite du mièvre pour ce qui concerne les états d'âme de l'aveugle, alors que le propos de l'auteur fait aussi preuve de naturalisme et d'une tendance réaliste dès qu'il dépeint le contexte, les situations,… J'ai trouvé le mélange un peu bizarre. Pourtant j'ai trouvé aussi beaucoup de qualités à ce récit. D'abord la façon dont il évoque le monde sonore puis la musique, cela m'a fait un petit peu penser à Janko le musicien, et surtout aux premiers tomes de Jean-Christophe. Romain Rolland avait d'ailleurs sans doute connaissance de ce texte ! Toutes ces pages sont remarquables. Il y a aussi la peinture de la société ukrainienne de l'époque, et les personnages de Maxime et de ses amis, révolutionnaires dans l'âme. Et puis surtout, il y a le thème du handicap, central et remarquablement traité, avec une certaine modernité. Toutes ces qualités font que malgré quelques poncifs romantiques le musicien aveugle est un récit original et attachant.
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Le Musicien aveugle (1886)
Vladimir Korolenko


Moi qui ai toujours pensé qu'un malheureux au contact d'un autre malheureux ne faisait que, tel un miroir austère, renvoyer un malheur de plus, et n'avait rien de thérapeutique en tout cas, j'ai même eu l'occasion de le vérifier de nombreuses fois ; eh ben ici j'en suis pour mes frais.

Korolenko m'emmène dans la vie d'un musicien aveugle qui revit sa vie de jeunesse où il fut plutôt bien entouré, par rapport à celle contemporaine où une forme d'irascibilité se fait sentir ; elle semble même irrémissible. Toutefois il va trouver au contact d'aveugles plus malheureux que lui une forme de bonheur inespéré .. Sa sensibilité, sont tact font mouche et l'évitent de tomber dans le piège des clichés sur un sujet pas évident.

Pour l'homme Korolenko maintenant ou le politique, je lui reprocherai toujours non pas son parti pris presque optus contre le tsarisme, mais de s'être fourvoyé dans des mouvements révolutionnaires dont la finalité eut comme point d'orgue l'assassinat de dignitaires du régime dont Alexandre III. Il en a payé certes le prix par des années de camp ; et puis aussi de penser pour les paysans en tentant de les instrumentaliser, ce qui a abouti à la révolution avortée de 1905 et le bolchevisme qu'il finit d'ailleurs par condamner.
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L'histoire de Pierre est empreinte de poésie. Pierre alias Petroussia, est aveugle de naissance. Il vit dans une famille rurale de la Petite-Russie, nom donné à l'Ukraine autrefois au début du siècle. Il est entouré de parents bienveillants, sa mère est toujours à l'écoute. Il vit dans une famille aimante, l'oncle Maxime blessé de guerre, unijambiste , lui inculque l'éducation. Jokhime, le serviteur l'initie à la musique. Il joue du chalumeau, une sorte de flûte. Pierre se construit peu à peu, il s'éveille à la vie par les sons. Ce sixième sens qui l'habite, Pétroussia utilise ses autres sens pour tenter de percevoir et comprendre ce que ses yeux ne peuvent pas voir.
Pétroussia souffre de ne pas être comme les autres. Il a tendance à sombrer dans la mélancolie à l'approche de l'adolescence. Une petite voisine, Eveline vient souvent passer du temps avec lui. Une amitié naît entre ces deux jeunes.
Ce récit a été écrit en 1886, il n'est pas démodé. L'auteur met l'accent sur le handicap, la souffrance qu'elle soit morale ou physique, comment vivre quand on ne naît pas comme les autres. Les mots sont simples, mais incisifs.
Je ne connaissais pas cet auteur, je cherchais une lecture d'un auteur de l'est. Ce fut une belle découverte, je vais continuer à lire ses oeuvres
Lien : https://livresdunjourblog.wo..
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J'avais des doutes importantes avant d'entreprendre la lecture du "Musicien aveugle" de Vladimir Korolenko. Je me demandais si le protagoniste avait une cécité métaphorique plutôt que réelle. Une cécité métaphorique est en dernier analyse une fausse cécité et si on part avec un faux problème, on finit probablement avec une résolution fausse ce qui est un péché littéraire.
La cécité du protagoniste est finalement métaphorique mais Korolenko, contre mes attentes, sort son épingle du jeu. Ce qui aide est que les éléments purement réalistes son très bons. J'ai beaucoup aimé le passage où Korolenko a décrit le défi auquel doit faire face un pianiste aveugle de lire séparément les partitions des mains gauches et droites pour ensuite les jouer ensemble correctement. Bref les détails de la cécité réelle sont très bons ce qui aide le projet de raconter l'histoire de la cécité métaphorique.
Le problème métaphorique du musicien aveugle est qu'il est exclu des relations sociales normales par un handicap. Son désir est de "voir" et de cette façon participer pleinement à la vie. Sa survie n'est pas un problème car il vient d'une famille très aisé mais survivre n'est pas vivre.
Avec la musique il apprend à percevoir les couleurs et communiquer avec les proches. Sa vie va bien. Il se marie. Mais, il veut plus, Il tient à vraiment "voir"; avoir des relations d'amour comme les voyants. In extremis, il reçoit ce qu'il cherche. Un fils lui est né et tout d'un coup la grâce de "voir" lui est donné. Sa capacité de voir dure juste d'une seconde mais c'est assez. L'héros sait qu'il a gouté pleinement à la vie.
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