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(01/01/1890)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Dans l'oeuvre de Korolenko, les ombres se démarquent des autres romans de l'auteur russe.
L'action du roman ne se situe pas en Russie mais en Grèce. Alphabet cyrillique oblige diraient les plaisantins.
Heureusement Korolenko n'en est pas un, son roman répond à une quête ancienne et légitime de l'auteur, donner une suite à "l'apologie de Socrate" de Platon.
Ce roman a été traduit par Anna Langovoy en 1902.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Socrate vient d'être condamné, accusé d'avoir détruit la foi aux dieux. Il a été dénoncé par ses élèves Mélite et Anite.

Ont-ils eu raison ou tort de le dénoncer là est la question. le peuple d'Athènes demandait sa condamnation car Socrate disait : « je suis ton oestre, j'aiguillonne ta conscience pour que tu ne t'endormes pas. Ne dors pas, veille et cherche la vérité, ô peuple d'Athènes »

Il est bon de réfléchir à la raison pour laquelle Socrate a été condamné et le bienfondé de ce motif. S'il est facile de condamner, est-on sûr de ne pas commettre une injustice ?

Après sa mort, Socrate se retrouve dans les ténèbres et échange des réflexions avec Elpide, un « croyant ». Les ténèbres font vraisemblablement allusion aux enfers, alors que survient un orage, l'orage des pensées, le côté sombre de l'homme… Il s'agit d'une discussion entre un philosophe et un tanneur que tout oppose, sous la forme de « deux ombres qui cheminent » égarées dans les ténèbres.

Socrate est mort, empoisonnée par la cigüe, comme chacun sait, alors que Elpide est décédé d'une hydropisie et a souffert trois jours avec de mourir, soulevant au passage une autre question : y-a-t-il une mort plus noble que l'autre ? Sous-entendu, les dieux de l'Olympe seront-ils plus indulgents avec l'un qu'avec l'autre ?

On va ainsi suivre le questionnement : Socrate avait-il raison, ou pas ce qui nous entraîne sur une réflexion sur la foi, la croyance, la piété ou le doute… L'homme peut-il trouver la lumière en lui ou à l'extérieur ? Cela me rappelle une phrase du Bouddha « Sois à toi-même ta propre lumière, sois à toi-même ton propre refuge ».

Au passage, l'auteur aborde aussi un problème d'actualité : le blasphème…

Vladimir Korolenko évoque aussi le sacrifice fait aux dieux pour obtenir telle ou telle chose dans la vie, l'espoir est -il dans la foi en un esprit supérieur ou est-il en nous ?

J'ai choisi ce texte court, en pensant au départ que c'était une nouvelle, car j'ai beaucoup aimé « le musicien aveugle », roman par lequel j'ai découvert Vladimir Korolenko, et en fait, ce petit texte m'a entraînée très loin dans la réflexion. C'est le genre de texte philosophique qu'on met plus de temps à lire qu'un roman de 300 pages, tant le propos est dense. Et c'est encore pire pour rédiger une chronique sans dévoyer le texte.

Si vous ne connaissais pas l'auteur, je vous engage à découvrir « le musicien aveugle »

Un grand merci au site https://bibliotheque-russe-et-slave.com/index1.html dans lequel je vais souvent chercher des livres surtout du XIXe siècle depuis quelques années.

Cette lecture vient clore pour cette année ma participation au challenge « le mois de l'Europe de l'Est »
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je poursuis ma découverte de Vladimir Korolenko ( 1853-1921), un humaniste remarquable, défenseur inlassable des humbles et des opprimés. Son écriture est pleine de sensibilité mais aussi d'humour.
Cette nouvelle de 1890 est originale, intéressante et agréable à lire. Korolenko imagine une suite à l'Apologie de Socrate de Platon. Socrate a été condamné parce qu'il mettait la foi en doute. D'abord certains Athéniens ( l'intelligentsia) sont pris de remords, se mettent à douter eux-mêmes de leurs dieux, se demandent surtout s'ils n'ont pas commis une injustice et souhaitent ardemment que le sage s'échappe. Mais celui-ci préfère la Vérité et fait ses adieux. Ensuite ( c'est la partie la plus intéressante) Ctésippe, un disciple de Socrate fait un songe. Il voit Socrate après sa mort. le sage est une ombre qui erre dans les Ténèbres. Sur son chemin, il rencontre une autre ombre, celle d'Elpide, un riche tanneur mort d'hydropisie après une lente agonie. Celui-ci est très croyant. Ils commencent à dialoguer...Plus tard, Socrate va dialoguer avec Cronide ( Zeus) lui-même.

Lu gratuitement sur la Bibliothèque russe et slave ( 41 pages). Existe aussi en audio (1h15).
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Un mois et deux jours s’étaient écoulés depuis que les juges, acclamés par le peuple d’Athènes, prononcèrent la sentence de mort du philosophe Socrate, accusé d’avoir détruit la foi aux dieux. Il était pour Athènes ce qu’un œstre est pour le cheval. L’œstre pique le cheval pour qu’il ne s’endorme pas et qu’il aille vaillamment son chemin. Le philosophe disait au peuple d’Athènes : « Je suis ton œstre, j’aiguillonne ta conscience, pour que tu ne t’endormes pas. Ne dors donc pas, veille et cherche la vérité, ô peuple d’Athènes ! »
Et le peuple, dans un accès de cruel dépit, voulut se délivrer de son œstre. « Il se peut que les dénonciateurs Mélite et Anite aient tort, disaient les citoyens en quittant la place après le jugement. Mais enfin que veut-il et où va-il ? Il fait naître les doutes, il détruit les opinions sanctionnées par des siècles, il parle des nouvelles vertus qu’il nous faut chercher et connaître, il parle d’une divinité qui nous est encore inconnue. L’audacieux, se croit-il donc plus sage que les dieux ?... Non, il vaut mieux que nous revenions aux anciens dieux familiers et bien connus ! Ils sont injustes parfois, il est vrai ; ils entrent dans des colères iniques, ils convoitent quelquefois les femmes des mortels. Mais n’est-ce pas avec eux qu’ont vécu nos ancêtres dans une parfaite tranquillité d’âme ; n’est-ce pas avec leur aide qu’ils accomplissaient leurs hauts faits ? Et maintenant les images des Olympiens sont assombries et la vieille vertu a succombé. Qu’en résultera-t-il donc ? Ne faut-il pas d’un seul coup mettre fin à la sagesse impie ? »
C’est ainsi que parlaient entre eux les Athéniens, en quittant la place à l’heure du soir voilée de bleu. Ils résolurent de mettre à mort l’œstre importun, dans l’espoir que dès lors les visages des dieux s’éclairciraient. Il est vrai que la douce image de ce drôle de philosophe surgissait parfois dans l’esprit des citoyens ; ils se souvenaient alors du courage avec lequel il partagea avec eux les peines et les dangers à Potidée ; ils se souvenaient également que lui seul réussit à détourner de leurs têtes la honte du châtiment injuste des chefs de l’armée d’Arginus ; — que lui seul osa élever la voix, sur les places publiques, contre les tyrans qui tuèrent quinze cents hommes, en questionnant sur les pasteurs et les brebis. « Qu’entendez-vous par bon pasteur ? disait-il. Celui qui multiplie et garde son troupeau ? Ou bien, les bons pâtres sont-ils appelés à diminuer le nombre de leurs brebis ; de même les bons administrateurs doivent-ils agir ainsi envers les citoyens ? Discutons cette question, Athéniens ! »
Et la question du philosophe, seul et désarmé, faisait pâlir le visage des tyrans et enflammer les yeux des adolescents du feu d’une honnête indignation et d’une juste colère...
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Et maintenant les images des Olympiens sont assombries et la vieille vertu a succombé. Qu’en résultera-t-il donc ? Ne faut-il pas d’un seul coup mettre fin à la sagesse impie ?
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