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Critique de bobfutur


Avant de vous parler de ce merveilleux recueil de nouvelles (?), illuminant une forme d'écriture difficile à faire adopter au public francophone, moi le premier — Les successions d'histoires courtes n'étant pas trop du goût des amateurs d'évasions aux longs cours, se sentant carrément trahis lorsque celles-ci n'ont pas de véritables liens pour justifier leur collection en un ouvrage — il faudrait s'étendre sur le curieux destin éditorial de l'oeuvre de Dezsö Kosztolányi en France, enchevêtrement difficile à dépêtrer avec les seules informations qu'internet nous propose. Cette critique comme base d'enquête neutre et désintéressée, capable uniquement d'hypothèses quant à d'éventuels conflits de droits éditoriaux…

Tout ceci, car une préface serait cette fois-ci bienvenue, afin de nous expliquer ce qui distingue cette « unique traduction intégrale de son chef-d'oeuvre en prose, publié ici sous son titre original » des nombreuses autres publications.
Les éditions Cambourakis étant une belle machine graphique et éditoriale, notamment fortes à vendre quantités de papier à des personnes en mal de rationalité, voir frappées du mauvais oeil.
Mais elles ne s'embarrassent pas de nous signaler que ce livre est une ré-édition de celle sortie chez Ibolya Virág dix ans plus tôt. Etonnant de ne pas faire mention à cette grande dame, traductrice et éditrice, pionnière de la diffusion de la littérature hongroise (mais aussi tchèque, slovaque, etc.) en francophonie.
Elle a permis une re-découverte plus fidèle de textes déjà sortis auparavant, frappés de ce réflexe tout français d'adaptation, comme si les originaux n'étaient pas assez bien pour notre sommitude littéraire, cette vocation universaliste n'ayant pas que des bons côtés…
La bonne notice wikipédia de Dezső Kosztolányi permet de s'y retrouver quelque peu (ce que Babelio se refuse à faire, complexité oblige, concaténant même les « doublons ») dans les différentes éditions, et de nous apprendre, par l'intermédiaire de Jean-Yves Masson, ce qui devrait faire office de préface à ce présent ouvrage, dont même le statut, recueil de nouvelles ou roman, reste ambigu :

« Kosztolányi n'a, en tout cas, jamais publié de livre intitulé « Le traducteur cleptomane », ni même écrit la moindre nouvelle portant ce titre !
Le volume paru en traduction française en 1985 (chez Alinéa) est le résultat d'une manipulation éditoriale astucieuse, mais fort contestable, qui consiste à "façonner" un recueil de onze nouvelles dotées de titres appropriés, à partir d'extraits de deux ouvrages de Kosztolányi intitulés respectivement Kornél Esti (en hongrois, où le nom de famille vient en premier et le prénom en second : Esti Kornél) et Les aventures de Kornél Esti. »

Référence faite au recueil ressorti chez Vivianne Hamy, puis au Livre de Poche, « Le traducteur cleptomane », livre le plus populaire sur notre plateforme, dont l'excellente critique par Erik35 permet de clore la partie littéraire de cette enquête, lui qui nous y détaille chaque nouvelle choisie ;
et moi de conclure qu'il faudrait oublier ces versions ravaudées afin de se procurer les originaux, certains des meilleurs « chapitres » y figurant spécialement, comme ces émouvantes et troublantes retrouvailles avec une variation de l'héroïne d' « Alouette ».

Voilà pour une forme bancale de préface, ma critique n'ayant pas grand chose à ajouter à tout ce que j'ai lu sur le net pour la composer, ainsi que les sous-entendus de ce texte.
Si vous n'êtes pas amateur de Sardine Ruisseau, et que l'esthétique papier-kraft ne vous fait pas peur, procurez-vous donc ces deux volumes chez la défricheuse Ibolya Virág, elle qui a fait redécouvrir au monde le chef-d'oeuvre de Sándor Márai « Les Braises », la traduction de 1995 ayant servi de base à de nombreuses autres.

Je m'étendrai probablement davantage sur cette oeuvre fascinante à l'occasion d'une future critique sur le second tome « Les aventures de Kornél Esti », ou d'autres livres de ce génie des lettres européennes, épris de douloureuses vérités et d'humanisme.
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