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Comment devient-on le dictateur d'un pays ayant accédé récemment à l'indépendance ? Comment se maintenir au pouvoir ? Quelles relations a-t-on avec l'ancienne puissance colonisatrice ? Voilà le propos de l'auteur dans cette chronique historique à l'humour qui fait mal, sans pitié pour les siens et l'entreprise de colonisation, tableau acéré de la société africaine post-coloniale. le livre a été écrit en 1998 mais reste actuel par bien des aspects. Bien qu'ils ne soient pas cités on reconnaît au passage les dictateurs Mobutu, l'Empereur auto-proclamé Bokassa et d'autres. Quant au dictateur sujet du livre, quelques indices semés ça et là permettront au lecteur curieux de lui mettre un nom : il s'agit de Gnassingbé Eyadema, qui dirigea d'une main de fer sanglante le Togo de 1967 à 2005, avant de transmettre le pouvoir à son fils.
Malgré une tendance à la répétition, voilà un livre passionnant qui nous pose à nous Français, une question fondamentale : pourquoi ces pays sont-ils ainsi tombés dans les ténèbres de la dictature après quasiment un siècle d'une colonisation sensée leur avoir apporté les « valeurs occidentales », dont la démocratie ? La réponse est évidente : la colonisation est une abjection.
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Imaginez un continent qui a été découpé grossièrement, partagé, occupé et dominé, dont on a envoyé les hommes faire la guerre pour des intérêts qui ne les concernent même pas, puis décolonisé sans pour autant avoir été complètement libéré: une poignée d'hommes, présents sur les cinq continents - dont l'Afrique - continuent à tirer les ficelles des dictatures qui y ont été mises en place car tous y trouvent un intérêt: économique, diplomatique, stratégique, politique...
Koyaga (alias Gnassingbé Eyadema) arrive au pouvoir après avoir fait tuer ceux avec qui il le partageait. Commence alors son initiation auprès des souverains des pays voisins, chacun s'évertuant, en l'accueillant dans leur palais, à lui expliquer les règles et tactiques du bon dictateur, avant que ne commence enfin son propre règne despotique.
Dans la langue vivante et impertinente qui lui est propre, Kourouma nous fait faire le tour de l'Afrique de l'Ouest et du Nord et nous raconte, avec verve, les personnalités de personnages haut en couleur tels que Mobutu, le roi Hassan II ou encore Houphouët-Boigny, dictateurs tout droit sortis de nos livres d'Histoire alors sans reliefs.
Il faut déjà porter un certain intérêt à L Histoire africaine contemporaine pour s'engager dans ce roman plein de références, même s'il prend souvent des allures de contes africains, ce qui lui donne des airs de réalisme magique que j'ai adoré, tout comme les expressions africaines très imagées dont il parsème le roman, découpé en veillées contées, selon la tradition orale.
Il a fallu que je m'accroche parfois et que je vérifie certains faits, mais j'ai été, en général, happée par cette lecture. C'est drôle, féroce comme ces dictateurs eux bien réels, impertinent et touché de sorcellerie. Quel grand écrivain que ce Kourouma! Prochain sur ma liste: Monnè, outrages et défis, mais aussi une très grande envie de vraiment consacrer plus de temps à la littérature africaine contemporaine.
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Le président Koyaga est un maître chasseur devenu dictateur. Ahmadou Kourouma retrace sa vie à travers six veillées. A travers ces fables édifiantes, on retrouve le rôle de la France et des puissances coloniales puis des dictateurs successifs qui se sont partagés le pouvoir au grand détriment de l'Afrique et des africains. La première veillée est de loin la meilleure.
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Kourouma nous fait le récit de l'histoire du Togo sous forme de geste c'est-à-dire une épopée et non pas une narration fictionnelle C'est donc bien un récit historique ainsi qu'une critique acerbe (par le style) du règne d'un dictateur mais aussi un conte et narration de vérités historiques
le style de l'épopée ne convient pas à un récit historique récent ( même si celui-ci se situe en Afrique) surtout une épopée mythique et encore moins à une critique d'un personnage qui a bel et bien existé et dont le nom est facilement devinable. La geste au coin du feu à la veillée il faut aimer
Autant j'ai plaisir à relire les récits antiques, les épopées d'Homère ( environ 2500 ans en arrière ) autant ici pour le XXI siècle ce cadre me parait caricatural voir caricatural. Il me semblerait inconcevable de narrer un épisode de la seconde guerre mondiale dans ce style mi « Harry Potter » mi « seigneur des anneaux » avec par exemple un de gaulle qui se transformerait en coq blanc pour passer en Afrique et/ou aller à tire d'ailes au Royaume Uni. La geste ici est un moyen qui permet , à peine il est vrai, de dissimuler la critique d'un régime dictatorial. Un livre plus historique aurait peut-être, entraîné des conséquences juridiques à Kourouma. A-t-il utilisé des fétiches et des gri-gris lui aussi pour dissimuler la teneur de son livre ? Est-ce une fable ?
L'écriture est très lourde aucun détail ne nous est épargné et les pauses des griots ne permettent pas d'aérer le texte et d'autoriser le lecteur à respirer
les transformations à répétition des personnage en animaux , les appels à la magie les attaques imprégnées de magie ne passent pas bien du tout On a du mal à suivre l'auteur sur ce terrain Comment imaginer qu'au XXème siècle des dirigeants africains fassent référence à tout bout de champ aux forces surnaturelles ( c'est du moins les propos que Kourouma leur attribue) alors qu'ils sont très terre à terre et corrompus ils savent très bien que c'est le compte en banque qui compte et pas les offrandes divinatoires ni les sorciers ? Comment accepter que des tirailleurs disparaissent devant leurs ennemis comme par enchantement ? Soit c'est un récit de guerre et historique et là on fait en sorte que ça le cas soit on est dans la fantasie et là Tolkien, Rowling, Lewis sont quand même meilleurs .Il est vrai qu'on est beaucoup plus sensible à la fantasie anglo-saxonne qu'africaine Koyaga en gobelin s'aurait eu de la gueule

Allah n'est pas obligé est quand même un livre bien meilleur, plus lisible et il apporte quelques chose : Une connaissance sur ces enfants soldats enrôlés par des bandits et tout la misère inextricable qui s'en suit. Là c'est un récit sur les frasques d'une Afrique coloniale qui a viré à une Afrique de malfaiteurs institutionnalisés dont on connait depuis longtemps les agissements sans que personne n'y voit rien à redire surtout les africains
Ce livre n' est pas facile à lire et c'est dommage en voulant rapporter des faits historiques , raconter un conte (mythologie) et assurer un témoignage il s'est trompé Il aurait du choisir soir le récit historique soit le témoignage car en fin de compte c'est bien pour ce dernier que le livre a été écrit Ou alors… choisir la fiction (fantasie) et là Koyaga en voldemort rien à dire
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L'auteur de ce roman publié en 1998, Ahmadou Kourouma est décédé en 2003. Il avait obtenu le prix du Livre Inter en 1999, ce qui est un gage de qualité. Il nous plonge dans l'Afrique de la fin du 19 ème siècle à la fin du 20 ème, mais surtout dans les années qui ont succédé à l'indépendance des pays africains, avec l'arrivée au pouvoir de nombreux dictateurs. Il montre notamment le rôle, des pays colonisateurs, dont la France, dans l'émergence de ces dictatures. Beaucoup des dictateurs de la première génération après l'indépendance avaient été militaires, sous-officiers, officiers dans l'armée française avant de rejoindre l'armée de leur pays et de faire des putschs pour s'emparer du pouvoir. La politique internationale, pendant cette période dite de la guerre froide, les a aidés pour prendre et se maintenir à la tête de leur pays souvent en fermant les yeux sur la répression sanguinaire qu'ils faisaient subir à leur peuple. Les pays sont de fiction, ils ont des noms neutres, République du Golfe, République des deux fleuves etc... Les noms des dictateurs sont également inventés, mais leurs descriptions, leurs tenues vestimentaires, leurs parcours, les atrocités, les abus qu'ils commettent, leurs mégalomanies font forcément penser à ceux qui ont réellement existé.
Lors d'une cérémonie en six veillées, autour du Président Koyaga, un dictateur sanguinaire, un griot lui retrace sa vie. Il revient sur ses origines dans la tribu des hommes nus. Sur l'enrôlement forcé dans l'armée française, de son père, qui se comporte en héros dans les tranchées de Verdun. Sur son propre enrôlement dans l'armée coloniale française en Indochine et en Algérie, et ensuite sa prise du pouvoir lors de son retour dans son pays. Il relate l'importance des marabouts, des sorciers, du fétichisme, des croyances occultes, des religions, conversions au christianisme, l'influence prédominante de l'islam. Il décrit les leçons que lui ont données ces collègues despotes déjà en place. Il lui rappelle les assassinats qu'il a commis pour arriver et se maintenir au pouvoir, ses abus pour assouvir sa mégalomanie, en terme de fêtes à sa gloire, de constructions gigantesques inutiles, en terme d'armement militaire injustifié. Les vols qu'il a perpétrés dans les caisses de l'état pour son enrichissement personnel. Les chasses monstrueuses qu'il organisait, détruisant sans réserve la faune sauvage, pour asseoir devant son peuple, et devant ses hôtes étrangers, sa réputation de maître chasseur.
Ce qui est surprenant pour un lecteur qui ne connaît pas l'Afrique, c'est le rôle des marabouts, notamment dans le roman celui de la mère sorcière de Koyaga, Nadjouma, la notion également d'homme de destin, (Koyaga est l'homme de destin de Maclédio, celui qui le pousse aux pires atrocités), le besoin pour tous ces dictateurs d'avoir un totem, untel à pour totem le caïman, un autre la hyène, un autre encore le léopard.
C'est à la fois un conte émaillé de proverbes africains dans lequel l'humour côtoie le pathétique, et un roman qui s'appuie sur l'histoire du continent dont l'auteur a été le témoin.
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Ecrit sous formes de contes - avec tous les rituels de la tradition oral, ce roman raconte un dictateur. L'écriture est belle, chantante, dansante même, pleine d'esprit. Pourtant j'abandonne. Non pas pour la qualité, mais pour le sujet. Je ne pensais déjà pas au départ avoir envie de lire l'histoire d'un dictateur - encore une car j'ai déjà donné - et après quelques scènes très violentes je n'ai simplement plus eu envie. Pas la qualité de l'écriture donc, mais le sujet.
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Si l'on pense que l'humour est la politesse du désespoir, que dire de l'humour noir et même doublement noir.
Une galerie saisissante de personnages politiques africains ; terrifiant malgré l'humour quand on sait qu'ils ont exercé le pouvoir absolu pendant des années.
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Je n'imaginais pas que l'Afrique avait pu subir, et subit encore, je parle de l'Afrique équatoriale, le règne de pouvoirs aussi épouvantables, absurdes et ridicules. Ce qui ressort de mes lectures des livres de cet auteur magnifique, c'est que les pays occidentaux ne pourront jamais, la France en particulier, être pardonnés pour les horreurs qu'ils ont participer à construire.
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Une vision poétique et exaltée d'une dictature africaine. Une condamnation défaitiste mais vive.
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Le livre de Kourouma qui m'a le plus émerveillé. Tout est truculent : personnages, situations, langue... Un Africain, ancien haut fonctionnaire Ivoirien, il me semble, qui donne des clefs pour comprendre l'Afrique, sans jugements ni leçons, sans réserves ni pudeurs non plus. C'est de la fiction, de la caricature peut être. On touche sans pesanteur, d'étonnement en sidération, ce qu'on pu être certains des régimes dictatoriaux africains.
Une aventure rocambolesque, raconté avec une malice et pertinence précieuse. le sujet de fond est plutôt dense, grave, mais le tout s'expose avec justesse sur le ton d'un conte fantaisiste.
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