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Critique de Ahoi242


Au programme de ce volume, c'est une sélection de quelques 400 aphorismes choisis dans les trois recueils publiés du vivant de Karl Krauss : Dits et contredits, Pro domo et mundo et La Nuit et initialement publiés dans Die Fackel, la revue que Krauss dirigea. Les aphorismes sont regroupés en six catégories plus ou moins stables et poreuses : « Lire et écrire » , « Arts et artistes » , « Femmes » , « Morale » , « Presse, bêtise et politique » - on retrouve là un des combats de Krauss contre la presse et pour la langue - et « Vienne et Berlin ».

Genre moins codifié que le haïku - cela serait trop long à expliquer - ou le gazouillis - 140 caractères - , l'aphorisme - pour faire court, l'expression courte d'une pensée, le plus souvent une phrase - est un genre dans lequel certains ont excellé : entre autres La Bruyère en davantage que 140 caractères, Cannetti, Cioran, Nietzsche, Schopenhauer, quelques autres philosophes (allemands naturellement) et Karl Krauss donc. Dans ce volume, Krauss définit lui-même, par deux aphorismes, l'aphorisme de la façon suivante : « L'aphorisme ne coïncide jamais avec la vérité ; il est soit une demi-vérité, soit une vérité et demie » en précisant que « Il est difficile d'écrire un aphorisme, quand on est capable. Il est beaucoup plus facile d'écrire un aphorisme quand on en est incapable ». Voilà pour la définition de l'aphorisme.

À l'exception de la partie sur les femmes qui paraît datée, les aphorismes regroupés ici font globalement mouche pour peu que l'on apprécie la pensée courte et les demies-vérités ou les vérités et demie de Karl Krauss que Musil, son contemporain, rangeait dans la catégorie des « dictateurs de l'esprit ». Musil écrit dans son journal : « Bien avant les dictateurs, notre époque a produit le culte des dictateurs de l'esprit. Voir George. Mais aussi Kraus et Freud, Adler et Jung. N'oublions pas Klages et Heidegger. Ce qu'il y a là de commun, c'est sans doute un besoin d'être dominé par un souverain, un chef, une sorte de sauveur. » J'avoue ne pas avoir toutes les qualités pour juger de ce sujet, de cette « guerre du silence »* entre deux auteurs de l'Amère patrie comme elle est qualifiée par Sebald.

Après comme les blagues Carambar (difficile de passer des dictateurs de l'esprit à cela), les miscellanées (de Mr Schott ou pas) ou les listes, l'accumulation d'aphorismes peut conduire à une espèce d'overdose. Ce faisant, plutôt qu'une lecture in extenso, une lecture sélective et dans le temps long est à privilégier.

* Article de Stéphane Gödicke dans la revue Agone.
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