La vie est un effort qui serait digne d'une meilleure cause.
Il ne suffit pas, au besoin de solitude, qu'on soit assis seul à une table. Il faut encore qu'il y ait des chaises vides autour. Si le garçon vient m'enlever une de ces chaises sur lesquelles personne n'est assis, je ressens un vide; et ma nature sociale se réveille. Je ne peux pas vivre sans chaises libres.
Percer les êtres n'est pas mon affaire, et je ne m'y emploie absolument pas. Mais un beau jour, le voisin se tape le front, sait qui il est, et me hait.
Que voulez-vous, nous sommes tous humains -- n'est pas une excuse, c'est de la présomption.
Il y a des êtres humains qui, le temps de leur vie, tiendront rigueur à un mendiant de ne lui avoir rien donné.
C'est à se désoler, que seule l'intelligence comprenne ce que j'ai sur le cœur, contre elle. Le cœur ne le comprend pas.
Je voudrais dissocier mon existence de sa présence ici.
Une pensée n'est légitime que si on a le sentiment de se surprendre en flagrant délit de plagiat de soi.
Une fois, dans un moment où je ne serai pas sur mes gardes, lorsqu'il ne me viendra rien à l'esprit justement, et qu'il y aura danger que la sociabilité fasse irruption dans mon cerveau, je me tirerai une balle.
Je tiens le coup, avec l'ennui, bien plus longtemps qu'il n'y arrive avec moi.