Écarté de son poste de maire après la découverte de malversations et autres combines, Stewart Rome se souvient d'un évènement douloureux qu'il a vécu, alors adolescent et qui a vu la mort de Masha, une jeune fille polonaise dont il était amoureux.
Fin des années soixante, Stewie, alors adolescent mal dans sa peau, peu sûr de lui, n'a pu sympathiser qu'avec Emmett Turner, un adolescent noir, intelligent mais devenu la cible de deux autres élèves du lycée, Doyle et Murphy, qui multiplient les sales coups envers Emmett. Stewie n'ose pas s'opposer, et devient le suiveur dans tous les coups tordus des deux voyous, cachant ses sentiments pour la jeune Masha. D'une famille polonaise catholique récemment installée, elle a été la petite amie, - selon les rumeurs - d'Emmett, mais semble désormais attirée par Stewie, qui ne lui est pas insensible. Quand la jeune fille est retrouvée tuée d'un coup de couteau près de l'école, le coupable est désigné d'avance, Emmett.
Un retour dans le passé et une confession d'un homme devenu adulte, qui s'est livré à des malversations et qui cherche à s'exonérer de sa lâcheté ou peut-être appelle une rédemption en livrant sa version de ce drame. Une petite ville typique du Massachusetts, avec ses quartiers miséreux, occupés, au fil du temps successivement par les Italiens, les juifs, les Irlandais, les Allemands et plus récemment par des Polonais, derniers arrivés et toujours mal vus. Des quartiers où les petits blancs pauvres survivent grâce à de petits boulots, des gosses qui sèchent les cours et testent les drogues diverses, se défiant, raillant les élans amoureux des plus sentimentaux, alors que ce sont les coups et les bagarres qui caractérisent pour eux, la force de caractère. Une force de caractère qui manque cruellement à Stewie, dominés par Doyle et Murphy, un entraînement par le bas, dans lequel le jeune ado va plonger contre son gré et contre ses sentiments, par faiblesse de caractère.
Avec
Paria,
Richard Krawiec livre un récit sombre de l'Amérique rurale, dominée par la défiance de l'autre, une Amérique où les enfants sont laissés à eux-mêmes, sans vrai horizon et qui se laissent submerger par les plus forts.
Une observation fine et désabusée d'une jeunesse à la dérive.