Les ladies de Lantern Street, tome 2 : La femme mystère

Un homme atteint d’une fascination morbide pour une femme qu’il croit douée de pouvoirs psychiques tue celui qui se met en travers de sa route, puis vole les secrets de sa victime, qu’il entreprend ensuite d’exploiter ? Mmm, c’est un peu tiré par les cheveux, mais oui, l’hypothèse est plausible, conclut Joshua après réflexion

La femme mystère que vous étiez ne pouvait que susciter les interrogations les plus folles. Avec votre costume, personne n’avait jamais vu votre visage.

J’ai pris l’argent, rien de plus. Certes, je me suis demandé pourquoi il gardait ces objets dans son sac, mais j’en ai conclu qu’il s’agissait de souvenirs personnels d’une grande importance à ses yeux. Le meurtrier de Roland a dû s’en emparer en découvrant le passage secret. Trouvez-le et vous aurez votre maître chanteur, monsieur Gage.

Ce ne sont pas vos talents sur scène du temps de votre collaboration avec le docteur Fleming qui m’intéressent. Vos performances devaient être excellentes, je n’en doute pas un seul instant. J’admire toujours la compétence et le talent, quels qu’ils soient.

L’espace d’un instant, Béatrice en resta pétrifiée, le souffle coupé. C’était comme si le sol s’était brusquement dérobé sous ses pieds, lui faisant perdre l’équilibre. Sa tasse tremblait dans sa main, son cœur cognait à tout rompre, et pour la première fois depuis sa fuite, le soir du meurtre de Fleming, elle fut saisie d’une violente panique.

Pour la première fois, elle put voir en pleine lumière ses traits durs et la cicatrice qui lui barrait la joue. Ses yeux de prédateur étaient un mélange fascinant d’émeraude et d’or. Le pétillement amusé au fond de son regard lui révéla qu’il avait suivi avec précision chacun de ses pas depuis qu’elle avait quitté la salle à manger pour se rendre dans le salon. À son grand dam, elle comprit qu’il s’était aussi rendu compte de ses efforts pour approcher sur la pointe des pieds.

Elle avait toutes les raisons de se montrer prudente en sa présence. Pourtant, l’homme ne lui inspirait pas une grande peur. De la curiosité, oui, ce qui était logique. Mais elle ne s’expliquait pas le frisson qui la parcourait à l’idée qu’il soit là, dans sa maison, à l’attendre.

Bien sûr, les apparences étaient toujours trompeuses quand il s’agissait des enquêtrices de Flint & Marsh, se rappela Béatrice. Elles avaient toutes leurs secrets.

Finie l’époque où il pouvait sauter lestement d’un véhicule et se recevoir avec la souplesse d’un athlète, songea-t-il avec amertume. Même Euston encore groggy avait atterri avec davantage d’élégance.

Exposés au danger, la plupart des gens doués d’une certaine intelligence trouvaient plutôt le moyen de déguerpir. C’était d’ailleurs exactement la réaction qu’avait eue Béatrice l’année précédente en s’évanouissant dans la nature après le meurtre de son patron, le docteur Fleming.