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4,24

sur 5988 notes
La perfection en 73 pages , remerciements et postface inclus .

En un peu moins de 20 lettres , cette nouvelle épistolaire , épurée à l'extrême , réussit le tour de force de passionner , toucher , attrister et surprendre un lecteur qui , finalement , n'y opposera qu'un seul bémol : sa brièveté !

Max Eisenstein – Martin Schulse .
Deux amis propriétaires d'une galerie d'art à San-Francisco .
Novembre 1932 , première missive de Max , d'origine juive , à son ami Martin , de retour à Munich .
L'entre-deux guerres laisse une Allemagne exsangue économiquement . Véritable terreau fertile pour qui saurait alors haranguer et galvaniser les foules désespérées désormais enclines aux solutions les plus extrêmes ! Ça vous rappelle quelqu'un ? Un indice pour vous qui êtes chez vous : il adorait les enfants...sic...
Deux visions antagonistes d'un nazisme balbutiant ses premières gammes et c'est une amitié qui va , non contente d'exploser en plein vol , se muer progressivement en aversion réciproque la plus profonde .
Deux intimes , véritables symboles d'une Histoire déjà en marche .

Tension maximale , final époustouflant , bonheur total !
Ce bouquin est un véritable condensé d'émotions qui , au pire devrait vous faire passer un excellent moment , au mieux , vous apparaître comme étant désormais incontournable !

Inconnu à cette adresse : à ne surtout pas retourner avant de l'avoir ouvert !!!
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Passionné par cette période trouble et effroyable (1930-1945) , "Inconnu à cette adresse" ne pouvait que m'intérésser. Ce texte épistolaire est à rajouter à la malheureuse et trop longue liste des livres montrant la folie nazie, mais tout aussi indispensable pour ne jamais oublier ce que folie peut provoquer. A travers cette correspondance entre Max Eisenstein (juif américain) et Martin Schulse (allemand), le récit montre comment l'amitié entre les deux hommes va voler en éclat devant l'aveuglement de Martin, faisant sienne les thèses abjects du national socialisme. Dans un texte très court et concis, cette amitié se transforme en haine viscérale. D'une incroyable intensité, le terrible glissement s'opère lettre après lettre comme une fatalité inéluctable. Taylor réussit un texte intemporel, fort et bouleversant.
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Les deux Allemands Max et Martin, associés marchands d'art installés en Californie, sont des amis de longue date. Lorsqu'en 1932 Martin retourne vivre à Munich, s'établit entre les deux hommes une correspondance d'abord assidue, puis de plus en plus espacée, à mesure que Max, de confession juive, constate l'emprise croissante de l'idéologie nazie sur son ami.


Inspirée de vraies lettres, cette nouvelle fit grand bruit lorsqu'elle parut en 1938, en pleine tension d'avant-guerre. Comment ne pas voir dans cette histoire une miniature du processus d'escalade menant à la seconde guerre mondiale, entre une Allemagne nazie de plus en plus belliqueuse et sûre d'elle, et des nations d'abord incrédules, bientôt contraintes à la confrontation violente une fois l'inconcevable avéré ? A l'époque de sa publication, un tel texte ne pouvait que sonner comme une terrible prémonition et soulever un raz-de-marée émotionnel chez ses lecteurs.


L'aspect le plus saisissant du récit réside sans doute dans le contraste entre sa formidable puissance et son extrême économie de moyens. L'échange de quelques lettres suffit à rendre claire et palpable une vérité, alors forcément pressentie, mais encore repoussée dans l'esprit du public. L'indifférente et désinvolte cruauté de Martin s'exprime en quatre mots lapidaires : « Ta soeur est morte ». La riposte de Max tient en quelques très courtes lettres, assassines au sens littéral du terme, qui laissent au lecteur le soin d'imaginer leurs tragiques conséquences. Sous la surface de chaque page se profilent ainsi des perspectives d'autant plus vertigineuses qu'elles laissent à notre intuition le soin de les sonder et de combler les pointillés.


Coup de maître donc que cette nouvelle, au point qu'elle fut jugée par l'éditeur et par l'époux de l'auteur comme « une histoire trop forte pour avoir été écrite par une femme », d'où le pseudo masculin Kressmann Taylor. Un texte choc, intemporel, dont les qualités m'ont irrésistiblement évoqué Stefan Zweig.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un tout petit livre.
Quelques échanges de lettres entre l'ami Américain et l'ami Allemand.
La période : l'entre-deux guerre
Une amitié remise en cause. Une amitié brisée. Une amitié qui deviendra haine.
Une vengeance.
Ce livre se lit à une vitesse fulgurante. La puissance est impressionnante.
L'auteur, en quelques lignes, a réussi à mettre le point sur une situation qui, bien avant la guerre, était déjà horrible.
2 personnages, 2 ressentis, la question n'est même pas qui a raison ou qui a tort. Chacun a ses arguments, chacun a son libre arbitre... La question serait peut être : comment aurions nous réagi à la place de l'un ou de l'autre ?
Le livre refermé, je suis sans voix. Rien de plus à ajouter, et en même temps tellement d'interrogations, de pensées qui s'entrechoquent.
J'ai encore pris une claque face à ce pan de l'Histoire...
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Entre 1932 et 1934, Max et Martin s'écrivent, entre l'Allemagne et les États-Unis.
Martin, l'ami allemand pense que l'avenir s'élance vers son peuple telle une vague prête à déferler. Il faut bouger. Il choisit de le faire dans le sens de la vague et non à contre- courant. Il se laisse convaincre que la finalité de ce mouvement est juste, malgré ses doutes au départ.

Le grand mouvement est en marche. « La petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement…le résidu malpropre d'une révolution », passe par-dessus bord, submerge le pays, entrainant avec elle la folie d'hommes électrisés par les paroles d'un fou.

Martin est de ceux-là. Pourquoi n'a-t-il pas nagé à contre –courant, quitte à se noyer dans sa lutte ?
Comment un homme peut-il se laisser à ce point transformer en homme approuvant des actes ignobles, des paroles monstrueuses et insensées ?

Dans cet échange de lettres entre Max le juif, et Martin l'allemand, on voit se dérouler une tragédie, un tsunami inéluctable. Aux mots froids et cruels de Martin qui assassinent leur amitié, qui piétinent la soeur de Max comme une souillure, Max répond par d'autres mots, plus subtils, mais non moins efficaces. Max n'a plus que ces mots dans ces lettres pour se défendre, pour venger sa soeur, pour effacer cet homme, en faire un « inconnu à cette adresse ».

Roman épistolaire bref et percutant, suivi des faits historiques qui décrivent cette période de l'histoire qu'il ne faut pas oublier, pour que la vague ne se reforme pas.
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Une courte mais grande nouvelle, inconnue à cette adresse pendant 40 ans.

En voulant lire « Si c'était un homme » de Primo Lévi, un proche m'a recommandé de découvrir « Inconnu à cette adresse » de K. Kressman Taylor, journaliste d'origine allemande mais citoyenne américaine. L'auteur rédige cette nouvelle en 1938, sous un nom masculin, plus vendeur à l'époque pour l'éditeur parait-il. Elle dit avoir eu cette inspiration à la suite de lettres d'américains, dont le contenu était censuré, envoyées en Allemagne avant la guerre 39-45, mettant en danger les citoyens allemands recevant ces mêmes lettres.
J'ai été surpris de constater qu' « Inconnu à cette adresse » avait connu une traversée du désert pendant 40 ans après la seconde guerre mondiale et ce jusqu'en 1995, date de sa réédition. La société ré-éditrice pensait même que K. Kressman Taylor était décédée, c'est pour dire.

Cette nouvelle est donc construite uniquement sous forme d'échange de lettres entre un américain juif, Max Eisenstein et un allemand, Martin Schulse, ayant vécus ensemble aux Etats-Unis pour créer une galerie d'arts. L'échange démarre en novembre 1932 lorsque Martin est rentré dans son pays et qu'Hitler va accéder au pouvoir, mettant fin à la république de Weimar. A vous de découvrir la suite…

Nouvelle éditée au rayon jeunesse (précisément « historique adolescent » pour la version que j'ai lue), ce texte est bien entendu destiné à tout public intéressé par cette période trouble. On s'attarde sur la plume magnifique de l'auteur dans les deux premières lettres et le contenu prend le dessus par la suite, jusqu'à ce dernier courrier qui aurait mérité de ne pas être traduit en français.

Très rapidement, j'ai établi un parallèle avec « La liste de Schindler », roman historique écrit par l'Australien Thomas Keneally qui relate l'histoire d'Oskar Schindler, un allemand membre du Parti nazi, qui a sauvé plus d'un millier de juifs du camp de concentration de Płaszów en Pologne. La question ambiguë posée était comment peut-on agir contre la barbarie du nazisme tout en étant membre du parti ? Martin s'est-il posé la question le jour où il a ouvert sa porte à une jeune femme, pas inconnue, en novembre 1933, ce jour où tout a basculé ?

Si on lit parfois des ouvrages pendant un mois que l'on oublie dans la foulée, il est certain que cette lecture d'une heure me hantera quelques années encore. La dernière image du livre, avec l'entrée dans le camp de Birkenau II, a fini par m'achever. Suite à mon voyage en Pologne (1), j'ai rêvé pendant des années de ces rails, longeant la route venant d'Auschwitz (Oswiciem en polonais) et traversant le camp de Birkenau. Cette image réelle a été, pour ma part, bien plus forte que la visite du camp de Mauthausen en Autriche, beaucoup plus évocatrice en tout cas pour imaginer le pire…

Pour terminer sur la nouvelle « Inconnu à cette adresse », un texte à lire absolument d'une puissance dévastatrice, comme cette image furtive du camp de Birkenau II.

(1) Je raconte quelques épisodes de mon voyage avec mon grand-père, déporté durant la guerre, dans la critique de la « Liste de schindler ».
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Cette nouvelle illustre parfaitement la parabole de la grenouille ébouillantée : une grenouille plongée dans une casserole d'eau bouillante se dépêche d'en sortir. En revanche, si on la met dans une casserole d'eau froide que l'on fait chauffer lentement jusqu'à ébullition,la grenouille s'habitue petit à petit à la chaleur et n'essaye pas de s'échapper.

La grenouille c'est Martin Schulse qui, après des années aux USA, rentre en Allemagne à l'automne 1932. Martin, négociant d'oeuvres d'art, est cultivé, fortuné, libéral et démocrate.
En novembre 1932, l'eau est à 10 degrés… mais chauffe, lentement, surement, inexorablement au rythme de 2 degrés par semaine …
En mars 1933, Martin écrit à Max Eisenstein, son ancien associé, un juif américain « je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne »
En juillet, Martin précise à Max « la race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. (…) je t'ai aimé non à cause de ta race, mais malgré elle ».
En aout, Martin proclame « Moi un libéral américain ? jamais ! Un patriote allemand » « Nous ne sommes plus en sympathie, tu devrais t'en rendre compte »
En décembre 1933, Martin achève « Heil Hitler ! (…) ta soeur est morte (…) elle est arrivée ici (…) en tant que patriote, je devais la retenir et la remettre sur le champ aux SA »

En un an, la température de l'eau s'est élevée lentement de 10 à 100 degrés, et le citoyen modèle Martin Schulse, devenu un parfait exécutant nazi, est complice du meurtre de Griselle la soeur de Max Eisenstein.

La vengeance de Max sera aussi intelligente que redoutable …

Fable intemporelle, « Inconnu à cette adresse » mérite d'être lu et relu car ce mécanisme insidieux et progressif est celui qui restreint nos libertés fondamentales sous le prétexte de lutte contre le terrorisme, de risque sanitaire hier ou des jeux olympiques demain.

Comment ne pas évoquer les soignants interdits d'exercer (« inconnus à cette adresse ») pour avoir refusé de servir de cobaye en testant des vaccins expérimentaux ?

La nouvelle de Kressmann Taylor n'illustre pas seulement les heures les plus sombres de histoire, elle prophétise le modèle social « chinois » qui inspire nos dirigeants dans leurs politiques sécuritaires. Modèle contesté et combattu actuellement aussi bien à Kaboul, à Pékin ou à Téhéran.

A chacun de décider s'il se range aux cotés de Max Eisenstein ou de Martin Schulse.
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On a dit d'elle que c'était la nouvelle parfaite.
Deux hommes, deux amis propriétaires d'une galerie d'art, échangent des lettres après que l'un d'eux a quitté San Francisco pour retourner vivre en Allemagne. Nous sommes en 1933, Hitler a gagné les élections et le régime nazi se met en place.

Après une période de doute sur l'action d'Hitler, Martin Schulse, maintenant installé à Munich, est convaincu du bien fondé de l'antisémitisme. Logiquement, son fanatisme précipite la fin de son amitié avec son associé juif, Max Eisenstein, qui imagine une réponse à la hauteur de la trahison.

Dans ce remarquable roman épistolaire conçu à partir de lettres existantes, Kathrine Kressman Taylor fait preuve d'une lucidité et d'un jugement visionnaire étonnants quant à l'évolution du régime nazi. Elle est une voix essentielle qui s'est élevée pour prévenir du danger qu'il représentait. Nancy Huston, dans la postface, déplore qu'elle n'ait pas été entendue, et conclut : « Mais personne ne s'attend à ce qu'une fiction, n'est-ce pas, puisse changer le cours de l'Histoire… ?
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Un roman très court (49 pages au format numérique, couverture incluse) qui se lit "d'une traite".
C'est typiquement le genre de lecture à côté de laquelle je serais passé sans Babelio et l'enthousiasme des lecteurs car assez loin de mes lectures habituelles.
J'ai globalement bien aimé, c'est une lecture intéressante à commenter car elle a suscité plusieurs ressentis différents en moi.
En fait si j'ai aimé le fond, j'ai trouvé la forme assez peu subtile à commencer par la dégradation des rapports épistolaires qui aurait pu être plus progressive, moins brutale.
Ensuite les trois personnages principaux sont très caricaturaux, le cynisme hallucinant de Martin, la naïveté confondante de Max et l'insouciance extrême de Griselle sont très marqués.
Je ne donnerais pas d'exemples ici pour ne rester que sur le ressenti et surtout ne rien dévoiler.
J'ai donc été un peu dubitatif lors de la première partie du récit, comment une telle amitié peut-elle se désintégrer de cette façon ?
Je ne perds pas de vue que le contexte de cette nouvelle aborde un sujet grave traité par l'auteure de façon prémonitoire, j'ai juste trouvé les ficelles un peu grosses.
La deuxième partie du récit m'a scotché, elle arrive sans préavis et fait basculer cette histoire dans le roman noir, la vengeance est un plat qui se mange froid et nous allons avoir une belle démonstration de la loi du Talion, tout en finesse cette fois.
Là encore j'ai trouvé la réaction de Martin assez caricaturale, la morale de l'histoire étant alors fortement appuyée, voire martelée pour une fin brillamment conclue.
Pour conclure j'ai beaucoup aimé, avec le regret que les sentiments soient restés à un stade plutôt basique, peut-être les limites du format de la nouvelle, en tout cas c'est malgré tout incontournable, surtout que ça se lit très vite.
Aucune excuse de passer à côté !
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*Concision parfaite*

Inconnu à cette adresse n'est pas à proprement parler un roman. C'est une nouvelle épistolaire de 46 pages avec beaucoup de blancs. Ca se lit en 20 minutes top chrono... et pour ceux qui sont passés à côté, vous pouvez franchement prendre vos 20 minutes pour lire cette perle.

Que nous raconte Kathrine Kressmann dans ce bouquin ? La montée du nazisme dans les années 30-40, vue par les yeux des deux protagonistes, émigrés allemands aux Etats-Unis dont l'un retourne vivre en Allemagne en 1932. Celui qui reste aux States est juif. Amis, presque frères, au début du roman, le discours d'Hitler a tellement d'emprise sur celui qui est rentré qu'il en arrive à renier son amitié... voire même à ne plus se montrer humain envers les gens qu'il a pourtant aimés. S'ensuit une subtile et magnifique vengeance machiavélique à souhait.
Par chez moi on dirait "El bac finit toudi par rqueyi sur le pourchau » (mais vu que je suis sympa, je vous fait la traduction en bon françois « Une auge finit toujours par se retourner sur le cochon »)

A lire, car c'est un monument... ok un petit monument, mais un monument quand même.


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