Imaginez que le monde tel que vous le connaissez n'existe plus.
Plus de supermarchés ni aucun commerce pour vous approvisionner.
Plus de maisons, immeubles, ni la moindre cabane pour s'y sentir à l'abri.
En un mot : imaginez vivre perdu au coeur du Canada – ou toute autre étendue suffisamment vaste pour ne devoir compter que sur vous-même.
Démarrons en plein été, pour plus de facilité. Vous trouverez toujours des fruits, des baies à grignoter. Encore faut-il être sûr et certain de leur comestibilité.
Quelles sont les plantes qui, au-delà de leur saveur agréable ou abominable, peuvent être digérées sans causer un rejet stomacal pur et simple ou, plus grave, répandre un poison dans l'organisme ?
Ca se complique un peu lorsque l'hiver viendra et son cortège de neige et de froid. Il faudra certainement devenir chasseur ou pêcheur.
Faire du feu.
Façonner ses propres outils (un arc pour chasser, quelque chose de tranchant pour découper). Se vêtir.
Connaitre les plantes qui soignent, qui soulagent les petits bobos.
Construire un abri pour se protéger des intempéries et du froid, sûrement moins des animaux sauvages – à moins de vivre en Afrique ou en Inde.
Et la solitude… Y avez-vous pensé ? Remarquez qu'à deux, le problème reste entier : face aux éléments, parviendrez-vous à faire front commun, à ne pas vous déchirer sur la ligne de vie à suivre ?
Andrew Krivak raconte en 200 pages la vie simple et rudimentaire d'un père et sa fille, quelque part dans une Amérique désertée des humains. On ne saura jamais quand l'action se situe, ni pourquoi.
On pense d'emblée à «
la route » (
Cormac McCarthy – éditions de l'Olivier), mais non, ce n'est pas ça. Leur seul déplacement est incité par l'obtention de sel.
Il n'est pas question d'une spiritualité, sorte de paganisme moderne. Sauf que la fille (à peine une adolescente) va rencontrer un ours, un puma et un aigle. Et leur parler. Et eux de lui répondre.
Un roman qui ne parle pas d'écologie. Un roman qui EST l'écologie même.