À quelle époque sommes-nous ? Bien difficile de le dire… le monde des humains a disparu ne laissant que des « murs » mystérieux dans la vallée, vestiges de ceux qui y vivaient autrefois. Et deux survivants, à flanc de montagne : une fillette et son père.
La mère n'est plus, décédée peu après l'accouchement, enterrée sur les hauteurs là où la vue est si belle. Mais son esprit plane toujours sur les lieux. Elle veille sur son mari et sa petite qu'il éduque et aguerrit, pour ce retour obligé à la vie sauvage et naturelle.
Chasser à l'arc, pêcher à la main, se vêtir de peaux de bêtes parées, cueillir les baies, couper du bois, redescendre jusqu'à l'océan pour faire chauffer l'eau de mer et regarnir les provisions de sel… Autant d'occupations quotidiennes et formatrices, au contact direct de la faune et de la flore environnantes, qui permettront à la jeune survivante d'être autonome le moment venu.
Ce moment viendra ; un peu trop tôt peut-être. Mais un ours saura alors suppléer le père auprès de la jeune fille et finir son apprentissage, en lui racontant la forêt et en la ramenant chez elle. Un ours qui parle, qui a d'ailleurs toujours parlé comme tous les autres animaux. Ce sont juste les humains qui ont un jour cesser de les écouter, donc de les entendre. Et quand
l'ours fait défaut, c'est un puma ou un aigle qui vient alors au secours de la jeune fille.
L'Ours de
Andrew Krivak – traduit par
Héloïse Esquié – est un conte, une ode à la nature magnifiée à chaque page, une contemplation littéraire que l'écriture de Krivak rend extrêmement visuelle, à tel point que l'on se prend souvent à avoir l'impression de tourner les pages d'un joli livre d'images.
Loin de toute approche dystopique, cette histoire simple de retour aux sources se concentre sur son sujet naturel, rappelant tour à tour les belles pages d'un Thoreau, d'un Muir ou même d'un Fromm, époque primaire.
C'est lent et contemplatif, n'évitant pas quelques temps plus faibles que d'autres, mais permettant au fil de cette contemplation de jolies réflexions sur le deuil, le souvenir et les traces que l'on laisse après soi, sur terre comme sur les autres. Une parenthèse 100% nature writing d'un auteur dont je suivrai avec attention les prochaines parutions !