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EAN : 978B00GXEE1IY
Amazon Publishing (08/10/2013)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Lorsque Selva, la fille d'un des derniers descendants de la lignée des Pashas ottoman, tombe amoureuse de Rafael, un jeune homme juif, leurs familles vont tout faire pour les séparer et empêcher leur mariage. Ils s'enfuient et partent vivre en France, mais leur bonheur sera de courte durée. L'arrivée de la seconde guerre mondiale et du régime de terreur hitlérien va les happer. Le piège nazi se referme peu à peu sur eux : ils vont vivre désormais dans la peur d'être... >Voir plus
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En 1943, en pleine Deuxième Guerre mondiale, a eu lieu un événement étrange et peu connu : l'affrètement par le gouvernement turc d'un train spécial de Paris à Istanbul pour sauver la vie de 176 Juifs, dont une partie n'était même pas d'origine turque. Cet exploit a été le fruit d'une coopération exemplaire entre diplomates turcs en poste à Berlin et en France à Paris, Marseille et Vichy d'une part et des fonctionnaires haut placés du ministère des affaires étrangères à Ankara d'autre part, avec l'accord explicite du Premier ministre et Président de la République, Ismet Inönü (1884-1973). Un président d'une toute autre trempe que l'actuel sinistre Erdogan, qu'avec la meilleure volonté du monde je ne vois pas sponsoriser un voyage risqué pour le bénéfice d'une minorité non musulmane.

L'auteure, Ayşe Kulin, a produit au début de son ouvrage une liste honorifique des 20 diplomates turcs qui ont joué un rôle dans cette opération de sauvetage de citoyens juifs. Je crois qu'il convient de mentionner tout d'abord le Ministre des affaires étrangères 1942-1944, Numan Menemencioglu, l'ambassadeur turc à Vichy, Behic Erkin, et le consul turc à Rhodes. Selahattin Ülkümen, que le mémorial de l'holocauste à Jérusalem, Yad Vachem, a proclamé "Juste parmi les nations".

Dans ses remerciements en fin de volume, l'auteure spécifie que son ouvrage n'est pas basé sur la vie de personnes ayant réellement existé, mais sur les expériences relatées par de nombreux diplomates turcs impliqués dans cette entreprise humanitaire. Ayşe Kulin mentionne également 6 livres, mais malheureusement uniquement les auteurs et les titres en Turc, une langue qu'hélas je ne comprends absolument pas.
En toute logique, il s'agit très probablement de personnes également impliquées dans cette aventure et qui ont écrit des souvenirs ou mémoires. Des documents qui ont sûrement inspiré notre auteure à créer ses personnages fictifs.

Sur fond de réalité historique, Ayşe Kulin nous relate une longue et belle histoire de personnages courageux, qui prennent des risques considérables pour venir en aide à des personnes qu'ils connaissent à peine par sympathie, pitié ou humanité afin de leur préserver un sort horrible dans des camps nazis.

Nous assistons à la préparation de cette manoeuvre délicate, dangereuse et complexe, nous faisons la connaissance d'une ribambelle de personnages assez variés, puis nous montons à Paris dans ce fameux train à destination d'Istanbul.

C'est surtout le récit de ce long voyage en train avec des modifications d'itinéraires, des escales et arrêts non prévus, même en rase campagne et sans raison apparente, qui m'a plu. Les organisateurs de ce périple ferroviaire ont même eu l'idée saugrenue mais, réflexion faite, géniale de traverser le territoire allemand et de passer par Berlin. Estimant que personne ne pourrait imaginer que des Juifs auraient le culot de voyager en train en Allemagne ! Si effectivement en optant pour cette formule les contrôles de la Gestapo et autres polices se passent plutôt bien, cela n'empêche évidemment pas la peur des voyageurs.

S'ils n'y avaient pas la guerre et les hostilités, ce serait une belle randonnée de Paris à Reims, Mannheim, Francfort, Magdebourg, Berlin, Leipzig, Prague, Bratislava, Budapest, Bucarest, Constanța, Edirne et finalement Istanbul l'enchanteresse ! Une minorité de compagnons continuera d'ailleurs son chemin vers la Palestine.

Il s'agit en somme d'un roman captivant, raconté dans le style de la tradition classique. Ayşe Kulin écrit correctement, mais sans grande originalité. Peut-être que mon jugement est quelque peu influencé par le dernier livre que j'ai lu avant celui-ci et qui a été écrit par une magicienne de la formulation originale et des trouvailles, l'albano-suisse Bessa Myftiu.
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Dernier train pour Istanbul est un roman historique publié en 2002 par la célèbre romancière turque Ayşe Kulin. Traduit en anglais en 2006 puis en français en 2009, il met en lumière le rôle méconnu des diplomates turcs dans le sauvetage des Juifs réfugiés en France pendant la seconde guerre mondiale.

Avant même d'être un roman sur la guerre, Dernier train pour Istanbul est l'histoire d'une famille brisée par le départ de l'une des soeurs, déterminée à épouser un juif malgré l'opposition de sa famille. Ayant quitté la Turquie pour la France, Selva et son mari Rafael se trouvent piégés après l'invasion allemande de 1940. Alors que la persécution des juifs s'intensifie, la perspective de rentrer en Turquie affronter le scandale apparait soudain moins terrifiante.
De son côté, Sabiha, la soeur de Selva, est mariée à un diplomate qui se trouve au coeur des négociations entre la Turquie et les puissances en guerre. Soucieuse de rester neutre tout au long du conflit malgré la pression des Alliés (surtout les Anglais), la Turquie joue néanmoins un rôle actif pour protéger ses concitoyens juifs des rafles organisées par l'Allemagne dans les pays occupés. Bien que les personnages du roman soient presque tous fictifs, l'action des diplomates turcs, en France et en Turquie, est directement inspirée de faits réels. Envoyé en 1939 auprès de l'ambassade de Paris, Behiç Erkin a contribué à sauver près de 20 000 citoyens juifs d'origine ottomane en leur fournissant des papiers d'identité turcs, grâce notamment à l'aide de Necdet Kent, consul général à Marseille.
À la lutte de Selva et Rafael s'ajoute celle de nombreux autres juifs persécutés par les Allemands. Alors que les autorités turques ne sont censées rapatrier que les juifs de nationalité turque, plusieurs non-Turcs arriveront en réalité à obtenir des papiers – un véritable passeport pour la liberté.

Si le récit de ces multiples destins individuels est touchant, l'apparition de nombreux nouveaux personnages dans la deuxième partie du roman fait que les personnages principaux initiaux, comme Sabiha, son mari et ses parents, sont largement délaissés. C'est un peu dommage, mais l'intérêt se maintient malgré tout grâce aux personnages de Tarik et de Selva, et grâce à certaines scènes particulièrement émouvantes, comme le concert improvisé dans le train.

J'ai aimé…
• le personnage de Tarik, héroïque mais imparfait, sans idéalisme excessif.
• découvrir le point de vue des diplomates pendant le conflit et mieux comprendre le positionnement de la Turquie par rapport aux pays alliés.
• la description des conditions de vie dans la France occupée, à Istanbul, et lors du voyage Paris-Istanbul.

J'aurais aimé…
• un meilleur équilibre entre les personnages. Certains comme Sabiha ont complètement délaissés dans la deuxième partie du roman, alors que de nouveaux personnages émergent sans qu'on ait vraiment le temps de s'attacher à eux.
• un peu moins de monologues intérieurs, surtout au début, et un peu plus d'action et de dialogues.
• plus d'explications sur les faits réels ayant inspirée l'autrice, dans la postface.
Lien : https://histfict.fr/dernier-..
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