Nouvelle création Ki-Oon comme ils ont le chic pour en dénicher. J'adore déjà Lost Children dont je me régale depuis 2018 et Leviathan dans son genre démarre encore mieux.
Découvert dans le Ki-Oon mag de l'année dernière, la série de
Shiro Kuroi est une exclusivité française annoncée en 3 tomes et se déclinant dans un format bâtard entre celui des seinen classiques et des grands formats de la collection "Latitude", le tout avec une reliure souple, une jaquette amovible au dessin qui nous interpelle directement par le regard du personnage et des tranches teintées de noir pour mieux nous plonger dans l'ambiance.
L'ambiance, c'est ce qui fait tout le sel de cette série. A peine entrouvrons-nous le tome qu'on se sent plonger dans un mix d'Abyss (pour l'exploration) et d'Alien (pour le huis clos oppressant) avec une grosse pincée de Sa majesté des mouches (pour les enfants cruels), c'est splendide ! On sent que nous sommes en présence d'un mangaka qui maîtrise à merveille les codes de cette SF spatiale à demeure où le vaisseau est le lieu de tous les dangers et les enfants la source de toute la folie, c'est passionnant. Alternant entre un présent où des pilleurs d'épaves explorent le vaisseau, lisant le journal d'un des derniers passagers et cherchant à savoir ce qui a eu lieu, et un passé où l'on suit un groupe de gamins en voyage scolaire à qui il arrive une grosse tuile, on est direct accrochés.
L'histoire est fort classique en soi. On se retrouve sur un vaisseau aux allures de bateau fantôme, qui a vécu de sévères avaries et a été déclaré perdu, que des hommes explorent dans le présent. L'ambiance est stressante comme dans Abyss de Cameron. Nous attendons à chaque tournant de tomber sur ce qui a mal tourné et le dessin oppressant de l'auteur aide beaucoup en cela à nous y immerger. Découvrir à travers le journal d'un des anciens passagers ce qui a eu lieu est aussi un classique du genre mais c'est très bien fait. A ses côtés, on est au plus près de ceux qui perdent complètement la tête suite à la catastrophe. On suit caméra à l'épaule la plongée dans le côté sombre de l'âme humaine de chacun des survivants et c'est fascinant.
Il faut alors avoir le coeur accroché car avec un trait qui se rapproche de celui d'Oshimi, notamment dans ses dernières séries ultra dérangeantes que sont Happiness et Les Liens du sang, l'auteur nous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine et ce n'est pas beau à voir. On oscille sans cesse entre fantasme et réalité. La peur se saisit vite de nous et un climat de terreur et de folie froide règne vite car petit à petit tout se déglingue. le héros est un témoin intéressant de cela car il assiste à des défaillances clés de ces camarades et subit même celle de la fascinante et effrayante Futaba, qui rappelle tant la figure de la mère dans Les liens du sang quand elle s'en prend à lui en mode psychopathe.
On se retrouve dans un classique de la SF parfaitement digéré, desservi par un rythme entêtant et stressant où la folie semble peu à peu gagner tout le monde et interroge sur la réalité de ce qui se passe. Un climat oppressant de huis clos où le danger est partout et la mort au bout du tunnel, le tout dans un trait semi-réaliste fait d'une multitude de petits traits parfaitement réussi car il nous fait parfaitement ressentir ce malaise qui s'empare du héros et des pilleurs. C'est fascinant.
Avec sa conclusion semblant nous conduire vers une Battle Royale en plein espace, Leviathan propose une excellente entrée en matière pour ce nouveau projet Made In Ki-Oon vraiment soigné pour lequel je ne regrette pas d'avoir attendu. Il arrive ainsi à point nommé pour nous saisir et nous sécher. Excellent !
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