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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il m'est des livres difficiles à commencer, des livres dont je relis les premières pages pour m'imprégner du sens. Il en est d'autres dans lesquels je plonge la tête la première pour n'en ressortir, essoufflée, qu'au point final. ″Vivre près des tilleuls″ fait partie de ces derniers.
La lecture du prologue m'a happée et je suis allée au bout d'une traite, sans respirer, avec avidité. Ce petit opus, 119 pages et 63 chapitres – très courts, donc, entre trois mots et trois pages – raconte l'histoire d'un deuil.
Mais pourquoi ai-je tant aimé cet ouvrage ? Les qualités d'écriture n'y sont pas étrangères : petites phrases harmonieuses d'une simplicité presque enfantine, dignes d'une rédaction en école élémentaire, jolis mots entrelacés, ″chapitre 41 : le pain lève sur le rebord de la fenêtre. L'eau bout dans la grande casserole pour le sirop de sureau. La porte du balcon est entrouverte sur le soir, l'attrape-mouche bouge dans la brise, on entend les engoulevents et les voitures″. C'est pur, clair, léger et tellement beau. Et je ne parle pas du plaisir de découvrir au détour d'une réflexion des mots tirés du vocabulaire suisse – des catelles de la cuisine aux courses à la ″Migros″ - appris au fil du temps grâce à un fils travailleur frontalier.
J'ai beaucoup aimé également le sujet : le douloureux deuil d'une mère, Esther Montandon écrivain, évoquant la mort de sa fille Louise et la difficulté à vivre les jours d'après. La manière dont il est traité, avec une sensibilité hors du commun, une retenue émouvante, un grand sens du respect de soi et des autres en fait un récit à la fois émouvant, poignant mais aussi empli d'amour. Ce n'est jamais larmoyant, toujours empreint de douceur et du rire des souvenirs joyeux.
Et la postface est arrivée, qui m'a complètement ébaubie. Sans vouloir divulguer quoi que ce soit à ceux qui, comme moi, refusent toute information sur un livre avant d'en prendre connaissance, je dirai que j'ai été ″bluffée″ par les circonstances dans lesquelles a été écrit ce roman. C'est une aventure fabuleuse, curieuse, inouïe, une histoire d'amitié, un défi incroyable, une idée brillante qui m'a laissée bouche bée, éberluée, fascinée. Découvrir cet ouvrage c'est entrer dans un monde particulier où la fiction ne s'avère pas obligatoirement le contraire du réel. En un mot… ou plusieurs, c'est une incroyable réussite, un véritable coup de coeur pour ce qui me concerne.
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Vivre près des tilleuls, petit bijou de littérature, signé par L'AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands) offre une sociologie du deuil basée sur un recueil d'impressions, de pensées et de souvenirs écrit par Esther Montandon dont la fille, Louise, est morte accidentellement en 1980. Elle allait avoir quatre ans.

Soixante-trois chapitres ou plutôt fragments se succèdent alors, pouvant faire une ligne ou aller jusqu'à deux ou trois pages. Esther confie ses états d'âme mais aussi la préparation concrète de la chambre de l'enfant à venir, un enfant désiré depuis dix ans : « une existence encore insoupçonnée occuperait cet espace. »
Le souvenir de son ventre rond qui attirait les regards, les mots des autres femmes puis l'accouchement : « Je l'ai expulsée, la douleur comme un ami intime me soufflant l'importance de l'instant… J'ai vu l'amour faire son apparition. »
Le temps passe trop vite. L'enfant grandit… Louise devient Louise et découvre l'espace puis les premiers mots arrivent et c'est Jacques qu'elle réussit à dire d'abord ce qui rend le père très fier. Dès sept mois, elle imitait les animaux.
De temps à autre, est noté qu'il manque un feuillet ou que le feuillet a été déchiré.
Louise veut une poupée noire qu'elle nomme Alice. Cela lui permet d'imiter sa mère, se montrant tendre et dure. « Petit être bien en chair », elle progresse vite mais le malheur arrive.
« L'enfance, c'est croire que la vie ne s'arrêtera jamais », cette phrase est très belle et traduit bien le malaise ressenti par le lecteur qui souffre avec la mère comprenant tout ce qu'elle éprouve, ce qu'elle ressent devant l'avis de décès, les amis trop prévenants, le choix des fleurs, la cérémonie donnant le chapitre le plus bref : « le pasteur chuinte. »
Les questions sur la foi, la religion sont inévitables et le temps pour émerger est long : « le chagrin est moins un état qu'une action… le chagrin est un engagement de tout l'être. »
Je suis très impressionné par la délicatesse, la précision de ces pages qui se suivent, s'enchaînent. Sur un sujet aussi délicat, aussi difficile, le travail collectif de ces dix-huit jeunes auteur-e-s de Suisse romande (photo ci-dessous) est admirable. En effet, il faut le dire car rien n'est caché, les dernières pages l'annoncent : « La fiction n'est pas le contraire du réel. »

Dans Vivre près des tilleuls, tout est inventé et pourtant tout est si vrai, si juste. Comme il est écrit, c'est « une déclaration d'amour à la littérature », une preuve, s'il en fallait, que le roman est absolument nécessaire pour comprendre le réel. L'AJAR l'a complètement réussi.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Sélectionnée pour ma première participation à masse critique, j'étais ravie de recevoir mon livre et remercie les éditions Flammarion.
Le livre est fin, 120 pages, très aéré avec de nombreux chapitres de quelques lignes ou quelques pages.
J'ai été happée par ce livre qui vous tient grâce à sa remarquable écriture, précise, ciselée, lumineuse. Vivre près des tilleuls est un recueil de notes de l'écrivain Esther Montandon écrites suite à la perte de sa petite fille.
Or pour aller plus loin dans cette critique. Je suis face à un dilemme. Expliquer ce qu'est l'Ajar et l'exercice sublime qui a accouché de ce livre au risque de divulgâcher la fin (comme disent les canadiens ) ou laisser le suspense. ..
Il me semble que ce livre prend une dimension exceptionnelle quand on sait qu'il a été écrit en une nuit par 18 jeunes écrivains romands qui n'ont jamais expérimenté l'enfantement ou la perte d'un enfant.
Les descriptions font preuve de sensibilité, virtuosité, maturité … d'expérience … le débat et la démonstration sont là. Une oeuvre littéraire n'a pas besoin d'avoir été vécue pour être sublime et … vérité :
Citation page 121 :
Alors que le débat sur les frontières – poreuses – entre le réel et la fiction continue d'occuper l'espace littéraire, ce livre tout en empruntant la forme de notes qui jalonnent un cheminement personnel, se revendique comme une totale fiction.
Témoignage des auteurs à Julien Burri, journaliste à l'Hebdo : « nous nous sommes rendu compte à quel point la littérature n'avait pas nécessairement besoin d'autobiographie, ni de solitude.»
Le thème du livre, soit la mort d'un enfant vécue par sa mère, alors qu'elle n'avait pas été expérimentée par l'auteur a suscité des discussions avec Flammarion. «La controverse violente entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq, la première déniant à la seconde le droit d'écrire sur la perte d'un enfant sans l'avoir vécu, est toujours présente dans le milieu littéraire, raconte Daniel Vuataz. Seul, aucun de nous, qui n'avons perdu d'enfant, n'aurait écrit ce livre. Mais la somme de nos expériences nous a donné l'élan nécessaire. »
Outre l'enfantement et la perte d'un enfant les thèmes sont là : l'écriture par un groupe, la dimension entre le réel et la fiction et l'écriture d'événements non autobiographiques.

L'AJAR (petit clin d'oeil à Emile) nous a concocté un merveilleux petit livre que je recommande chaudement.
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Vivre près des tilleuls est un très beau texte composé de fragments qui semblent issus de carnets intimes. le sujet est grave : la mort d'un jeune enfant vécue par sa mère. Il se dégage de la lecture une forte impression d'authenticité, de sincérité totale. L'émotion est présente dans chaque ligne.

Et pourtant, le personnage, Esther Montandon, est le fruit de l'imagination d'un collectif littéraire, L Ajar. 18 auteur∙e∙s de Suisse romande se sont mis au défi d'écrire un roman en une nuit. Les courts chapitres sont tous rédigés à la première personne. Chacun s'est mis dans la peau d' Esther Montandon. le résultat est d'une cohérence bluffante.

Il y a beaucoup de poésie dans les scènes décrites. Ce sont différents moments de la vie d' Esther Montandon, de son quotidien. Avec une grande sensibilité, et une intensité d'émotion, sa maternité est évoquée, avec ses joies, et la vie débordante de la petite famille. L'accident est relaté sobrement. On sent la stupéfaction qui saisit la mère, la sorte d'irréalité de l'évènement, puis son intégration au quotidien. Il y a aussi de la révolte. Esther Montandon sombre dans l'alcool, tant la mort de son enfant lui est inacceptable. Elle va déménager, puis voyager, pour tenter d'échapper à la dépression.

L'ensemble est très crédible et d'une grande beauté. La musique ajoute du pathétique à la détresse du personnage, avec l'évocation de Summertime, du pianocktail de Vian et du jazz New Orleans.

L'Ajar a magnifiquement relevé le défi. Il prouve là que la littérature n'a pas besoin de vécu. L'émotion est au coeur de l'humain. L'écrivain a le pouvoir de la convoquer et de l'exprimer dans la fiction, même en collectif. Vivre près des tilleuls est un superbe roman, en soi, doublé d'une prouesse d'écriture inédite.
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Vincent König est le dépositaire des archives de l'écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l'aberrante « vie d'après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s'y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls.

Très belle découverte.
C'est un sujet dur ,sur le thème du deuil, la perte d'un enfant mais je le trouve très bien écrit.
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C'est l'histoire d'Esther Montandon, écrivaine suisse à travers ses archives retrouvées par hasard dans une chemise classée « factures ».
C'est un récit intime, de l'attente de son bébé à venir jusque 2 ans après la mort de sa petite Louise.

C'est poignant, cela prend au tripes, cela renvoie à mon état de maman.
Les mouchoirs ne doivent pas être loin de nous lors de cette lecture, qui est rapide (127 pages) mais si intense.
J'ai été happée par le récit, la douleur indicible d'Esther, son journal de deuil.
Si je ne m'étais pas renseignée sur L Ajar, jamais je n'aurai imaginé qu'Esther Montandon n'eut pas existé. Tout est fictif, jusqu'à une page wikipédia!

C'est un coup de maître, bravo à ces jeunes auteurs, 18 mains qui n'en font qu'une, et quelle plume !
Hommage magistrale à la littérature.
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J'ai dévoré "Vivre près des tilleuls" en deux heures tant il m'a plu.
L'émotion est présente sans rentrer dans le pathos, le sujet de la perte d'un enfant est vraiment maitrisé. L'écriture est juste, fluide, impossible de déceler le changement de plume, L AJAR a réussi ici une belle oeuvre. Je le recommande sans réserve.
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Même si la démarche et les justifications finales des auteurs sont intéressantes ce n'est pas le plus important pour moi.
En effet ce sont plutôt la beauté du texte et la puissance des sentiments tels qu'ils sont retranscrits qui m'ont beaucoup plu.
L'évocation de la grossesse et celle de la naissance sont très belles et justes.
Grâce à dieu je n'ai pas vécu le deuil tel que celui d'Esther mais j'étais en empathie avec elle au fil des chapitres, les mots sont justes, sensibles et beaux.
Pour une première oeuvre collégiale c'est une belle réussite à mon sens
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